Quelle évolution?
Aujourd’hui, j’ai lu un article qu’une amie et collaboratrice
Aujourd’hui, j’ai lu un article qu’une amie et collaboratrice a partagé sur son mur Facebook. L’article parlait d’une personne travaillant comme massothérapeute et qui a eu un client… particulier. Un client qui a posé des gestes sur sa propre personne. En fait, il complétait le massage qu’il recevait avec la main sous la couverture, sous la ceinture. Le tout en regardant tout sourire le témoin silencieux de ses frasques.
La personne qui le massait en était consciente, mais n’a rien dit. N’a rien fait. Pourquoi? À cause du malaise, à cause de cette honte qui nous envahit lorsque nous sommes confrontés à ce genre de situation et qu’on se croit « responsable » d’avoir fait, dit ou pas quelque chose qui l’aurait provoquée.
Encore aujourd’hui, en 2018, le malaise face à de tels agissements est toujours aussi présent. La fille sexy qui était fière de son look du vendredi soir a probablement causé consciemment l’abus dont elle n’est plus la victime, mais l’instigatrice. L’homme qui s’est donné le temps de choisir son habillement a bien entendu mis un écriteau sur son pantalon invitant les autres à lui « ramasser » une fesse au passage. Il fait des histoires s’il réagit. Il ne serait forcément pas « homme » s’il venait à s’en plaindre.
Pourquoi l’intrusion d’une tierce personne dans notre intimité nous rend-elle si mal au point où on se tait?
La femme avec un joli décolleté se sent belle et même si oui, elle fait étalage de sa beauté, même si sa chaire est un peu plus exposée, elle ne recherche pas assurément un plongeur pour s’y engouffrer. Nous sommes des êtres humains qui aimons les jolies choses.
Mot clé de ma phrase : « choses ». Tout ce que les victimes d’attouchements et plus ne sont PAS.
Arracher un regard approbateur est flatteur. Se faire arracher ce qui nous couvre, ne serait-ce que notre assurance, est un abus. Dans cette ère de body fitness parfait (à mon humble avis un peu excessif), RIEN ne justifie qu’une main s’approprie le bien-être d’autrui.
Un abus est souvent physique, mais parfois, comme ce client qui n’a pas « abusé physiquement » de sa victime (OUI, VICTIME), c’est aussi malaisant et souffrant.
Cette personne dans l’article s’est, pour emprunter ses propres mots, auto-jugée et critiquée :
« J’suis pathétique ».
NON, tu ne l’es pas!
Le pathétique, c’est l’autre. Celui qui s’est permis de te faire sentir « comme une marde ». Je comprends ce sentiment pour l’avoir vécu plusieurs fois dans ma vie. Cette culpabilité d’avoir « provoqué ». Assurément, l’abuseur n’est pas responsable! Il/elle n’a aucun contrôle sur ses actions, perd complètement tout jugement et son contrôle de lui ou d’elle-même! Ne sommes-nous pas des animaux sans réflexion? (Ironie).
Toi, toi qui as été cette personne qui n’a pas été capable de parler. Ne te sens pas comme si tu n’étais rien. Comme si tu étais coupable d’être la belle personne que tu es. Tu as le DROIT de t’aimer et de te défendre. Ce pouvoir, garde-le, ne le laisse pas à quiconque voulant te l’enlever.
Il peut sembler démesuré d’avoir des réactions spontanées, mais non.
« Bah c’était juste pour rire! »
Qui a ri? Pas toi. Alors, n’oublie pas que tu es digne de respect. Tu n’es pas, et ce, peu importe ce que tu portes, RESPONSABLE. Avec les récentes « sorties » d’abus de toutes sortes dans le monde artistique, il est notoire de dénoncer ses agissements. Mais tu n’as pas besoin d’être connu pour te défendre et pour attaquer ton agresseur/e.
Je suis mère de trois jeunes enfants, dont une fille. Voyez-vous à quel point sont ancrés les principes de « fais pas exprès! »? Depuis sa naissance, j’ai toujours refusé et évité que ma fille porte des vêtements trop « sexués ». En contrepartie, j’ai contribué sans m’en apercevoir à lui inculquer inconsciemment que son habillement était directement responsable si, un jour, elle se faisait abuser ou pas.
Pardonne-moi ma puce.
En écrivant ces mots, un frisson me parcourt à l’idée que malgré mon bon vouloir, je SAIS que je vais toujours l’encourager à rester prudente, à respecter certaines limites vestimentaires. Les mêmes que je m’impose parfois, ou pas. Je porte des décolletés, j’aime cela. Comme toute femme, j’aime recevoir des regards approbateurs. Ne nous mentons pas mesdames, nous en sommes toujours flattées et en quelque sorte… fières. Tout comme nous sommes fières d’avoir une coiffure qui nous sied bien. Pourquoi le faisons-nous? Pour nous-mêmes? Pour nous sentir bien? Quel est le réel « bien » dans cette façon de se sentir?
Je me questionne, mais en même temps, je sais. Nous sommes ainsi faites, nous aimons plaire, simplement. Mais réfléchissons quand même de temps en temps à la nécessité de nous dévêtir parfois un peu trop. Pas pour éviter les abus, car même vêtus en habit cravate, certains peuvent nous agresser malgré tout. Mais pour nous-mêmes. Que recherchons-nous réellement?
Notre regard plongé dans le miroir de ceux des autres a-t-il réellement tant d’importance? Je réfléchis ce matin, à partir d’un petit rien qui revêt un aspect de grand tout. Je vais quand même continuer à apprécier de l’être. Mais à vous, les énergumènes qui se croient tout permis. Sachez que vos gestes sont agressants, déstabilisants et surtout, qu’ils laissent une saveur amère en nous, un sentiment lourd à porter et qui est malheureusement bien trop présent dans notre société soi-disant évoluée.
Avoir un regard ou un sourire approbateur n’a rien du regard et du sourire du prédateur. Apprenez à faire la différence. Mais surtout, les victimes, ne vous taisez plus.
Simplement, Ghislaine.