Apprivoiser mon côté sauvage, cette douce anxiété sociale — Texte : Geneviève Dutrisac

Regarder l’horizon et me perdre dans mes pensées. Me ressourcer en regardant cette simple ligne q

Regarder l’horizon et me perdre dans mes pensées. Me ressourcer en regardant cette simple ligne qui se dessine au loin, me demandant ce qu’il y a exactement là où je regarde. Ces moments de solitude où je me sens si bien, si calme. Les années passent et je me rends compte à quel point ma solitude est un besoin viscéral.

Depuis le début de la pandémie, j’ai développé une belle anxiété sociale. Un doux côté sauvage qui sommeillait en moi est sorti de sa tanière afin d’éloigner tout prédateur se voulant trop amical avec moi. Je n’ai plus l’énergie d’aller à la rencontre d’inconnus, je n’ai plus l’énergie d’être déçue par un autre être humain. Je ne veux plus. Je ne peux plus. Un réflexe de protection ? Peut-être…

Lorsqu’il y a foule, je veux disparaître. J’ai toujours l’impression de ne pas être à ma place, de déranger ou même d’être ennuyante. Je préférerais avoir la cape magique d’Harry Potter afin d’être invisible et de pouvoir écouter les autres sans nécessairement avoir à participer aux conversations. Je me sentirais bien à simplement observer, écouter.

Quoi qu’il en soit, je dois apprendre à dompter cette bête sauvage que j’ai créée. Je dois réapprendre à vivre en société, dans un monde qui socialement ne me rejoint plus. Je veux fuir cette chaleur humaine qui me laisse maintenant de glace.

Le plus ironique dans tout ça est que je dois montrer à mes enfants comment vivre en société quand moi-même, je ne sais plus comment m’y prendre. Imaginez les enfants qui ont le sentiment de perdre tous leurs repères, d’avoir le syndrome de l’imposteur, peu importe l’endroit où ils vont. Du haut de mes 35 ans, j’ai la chance d’être bien outillée et d’avoir une belle maturité afin de vivre ces nouvelles émotions, mais j’ai énormément d’empathie envers les jeunes qui souffrent en silence.

Je ne suis ni hautaine ni étrange, j’ai simplement besoin de vous côtoyer à petite dose. Je vous aime, mais doucement. Sans accolades ni baisers sur la joue, mais dans le plus grand des respects mutuels.

Geneviève Dutrisac