À toi, mon fils anxieux

Depuis ta naissance, tu as toujours été un petit garçon enjoué, drôle

Depuis ta naissance, tu as toujours été un petit garçon enjoué, drôle et qui vit sa vie au jour le jour. Par contre, depuis un an, les choses ont changé. Je ne sais pas si c’est le fait de devenir grand frère ou simplement parce que tu as commencé l’école, mais quelque chose semble s’être brisé en toi.

Au début, les changements ont été subtils. Tu avais parfois de la difficulté à t’endormir le soir. Peu à peu, ton enseignante m’a fait remarquer qu’il t’arrivait de pleurer en classe. Tu avais peur de ne pas réussir une tâche ou simplement peur d’oublier ta boîte à lunch et que je sois fâchée. Tu n’arrivais plus à te concentrer sans avoir tes doigts ou ton chandail dans la bouche. J’ai essayé de te rassurer du mieux que je le pouvais et je t’ai fait savoir que j’étais toujours à ton écoute si tu voulais me parler.

Puis au mois de mars, le confinement a débuté. Tu semblais heureux de rester à la maison avec moi pour travailler, de pouvoir passer du temps avec tes frères. Un jour, pourtant, tu as commencé à me dire que tu avais mal au cœur. Pas comme des nausées, plus comme si ton cœur se serrait. Tu m’as dit que la douleur était souvent présente du matin au soir. Tu as commencé à te questionner ou à aborder des sujets beaucoup trop sérieux pour ton âge : « Si j’attrape le coronavirus, vais‑je mourir ? ». « Si je me ronge les ongles, est‑ce que je peux perdre mon doigt ? ». « Maman, je ne veux pas que tu meures ! ».

Voilà maintenant trois semaines que tu me parles de ta gorge qui se serre. « Maman, je ne peux plus respirer ». Tu m’as même appelée la semaine passée pour t’aider à te calmer lors de ton séjour chez tes grands-parents. Je trouve tout ça tellement difficile ! Je voudrais tant être capable de te rassurer assez pour que tu recommences à vivre comme un enfant de six ans. J’en fais de l’insomnie. Qu’ai‑je fait ou dit pour que ça arrive ? Suis‑je une bonne mère pour toi ?

Depuis ton retour à la maison, j’essaie d’être plus calme. Je prends du temps pour toi, je te serre davantage dans mes bras. J’essaie de te faire rire, de rendre ta vie plus douce, plus légère. Je fais tout le nécessaire pour que tu arrives à maîtriser tes peurs. Une chose est claire : sache, mon fils, que je t’aime et que je ne te laisserai jamais tomber.

Caroline Girard