Mon corps d’avant
Et trois filles plus tard...
Mon chum,
Et trois filles plus tard…
Mon chum, lui, me dit que je suis belle, comme je suis, que j’ai eu trois enfants, que j’en ai porté quatre, que je ne peux plus avoir le corps de mes vingt ans…
Ben moi, je le veux, ce corps là! Celui qui me permettait de porter mon jean ajusté sans avoir le muffin top bien en évidence. J’osais même mettre ce petit chandail qui, quand je levais mes bras, découvrait mon petit ventre.
Maintenant, lorsqu’on découvre mon ventre, on voit l’abus de poutine lors de ma première grossesse (ben oui c’était ce trip-bouffe-là… Vive la grossesse). On voit les traces des trois autres grossesses qui ont suivi rapidement. Mon corps n’a pas eu le temps de se remettre. Et oui, c’est ça, l’excuse que je me donne. Pathétique, n’est-ce pas?
Ce corps qui me permettait de porter fièrement le bikini sur la plage. Avec ma poitrine à la bonne place, pas quelques centimètres trop bas. Mes seins disant fièrement «Youhou on est là!»
Maintenant, je suis rendue cette femme. Cette femme qui porte un gros one piece caché sous une camisole slaque. Cette femme de qui je disais, dans mon petit corps de j’ai pas encore eu d’enfant: « Voyons, c’est quoi c’t’idée de cacher son corps. Assume, la grande! » Maintenant, je te comprends tellement… J’ai la même peur dans les yeux. Celle qui nous fait tirer sur notre camisole lorsque l’on rencontre une connaissance pour être certaine qu’elle ne voit pas l’étendue des dégâts.
J’ai cette même haine dans le regard, en voyant cette jeune fille qui porte un soit-disant bikini. Maintenant, j’appelle ça des triangles de tissus avec des lacets. Et oui, je me retiens pour pas les couper, les foutus lacets… En même temps, je serais sûrement une coche au-dessus de la haine lorsque je constaterais que même sans le minime soutien que t’apportait ton top, tes seins n’auraient pas bougés.
Tsé, ce corps où j’aurais dû prendre mes deux cuisses ensemble pour combler l’espace que prend une seule de mes cuisses maintenant. Dans le temps où j’avais encore des triceps. Quelqu’un aurait dû me dire qu’on les expulsait avec le placenta. Maintenant, j’ai juste le petits gras qui shake lorsque je fais de gros Bye Bye de la main, alors je me limite au bye bye timide ou encore au signe de la tête.
Tsé, ce corps où ta petite robe noire glissait et t’allait comme un gant. Maintenant, c’est plus un combat pour mettre ta foutue gaine beige (c’est-tu affreux ces trucs là, un peu). Cette gaine qui te fait envisager de passer la soirée debout, car tu ne sais pas si c’est encore possible de t’asseoir. La même qui te convainc de ne pas trop te déplacer lors de la soirée pour ne pas que tout le monde voit ton élégante démarche robotique.
Je ne compte même plus les fois où je me suis reprise en main avec plein de bonnes intentions. Qui se sont terminées par des abonnements au gym avec deux ou trois présences de ma part. Des régimes qui m’affamaient. J’ai même cru aux info-pubs de crèmes régénératrices gainantes. Argent jeté par les fenêtres… Eh! oui, je suis parfois désespérée à ce point-là!
Je retombais rapidement dans mes bonnes vieilles pantoufles d’excuses. Je suis fatiguée, je n’ai pas le temps, j’ai mal à tête, je crois que je pourrais peut-être avoir une commotion si je me frappais la tête sur la barre de poids…
Que veux-tu? Jimmy Sévigny, c’est pas mon cousin! J’ai pas le moyen de me payer un entraîneur privé ou un motivateur qui me botterait les fesses lorsque j’ai envie d’abandonner. Ben non, je suis pas sur mon X. Je dois être plus du genre Y Z.
Peut-être ce texte m’aura-t-il donné le goût d’une autre tentative de reprise en main ou peut-être irais-je me consoler en mangeant une bonne poutine…