Quand l’amour est rural
J’ai grandi en campagne. Avec ses beautés et ses odeurs. J’ai g
J’ai grandi en campagne. Avec ses beautés et ses odeurs. J’ai grandi à travers les bois et les champs. Respirant le grand air. Les soirées autour du feu à cultiver les mouches à feu dans des pots Masson. Se bâtir des cabanes dans le bois avec ce que nous offrait la nature. Jouer à « Kick la canisse » sur plein de terrains de chalets en bordure du petit lac Memphrémagog.
Puis, la vie m’a amenée à m’éclipser vers la banlieue. Près de la vie urbaine, de la grande métropole de Montréal. J’y ai fait des études. Fait ma jeune vie d’adulte et rencontré l’Homme. Notre première propriété était en banlieue. Un grand 5 500 pi2, clôturé avec une piscine et une vie des plus actives, remplie de voisins et d’activités. Nous avions des ressources à chaque coin de rue.
La famille finie, nous avons opté pour un nouveau mode de vie. Nous nous sommes acheté une qualité de vie. Un 42 000 pi2 dans le bois. Il nous a fallu nous adapter à un puits, un champ d’épuration. (Faut économiser l’eau, ne pas utiliser la douche au même moment que la laveuse) Nous avons, par choix, décidé de nous établir en campagne. L’idée d’un grand terrain boisé où nos filles pourraient grandir et s’épanouir était une priorité. La liberté, l’air frais et l’espace sont devenus nos leitmotives. Nous avons aménagé notre boisé dans l’objectif d’y être bien.
Les filles ont grandi trop rapidement. Les amours ont tôt fait de frapper à notre porte. Mais, qui dit vie rurale dit une possibilité de rencontrer un amour qui exerce le métier d’agriculteur. Une grande portion des élèves finissants de la polyvalente que fréquentent mes filles se dirigent vers l’ITA (L’Institut technologique agroalimentaire) afin de faire des études dans ce domaine. Que ce soit pour l’obtention d’un diplôme permettant d’acquérir la ferme familiale, en génie agromécanique, en horticulture et j’en passe. L’agroalimentaire est plus large que je ne l’imaginais.
Jeune, j’avais côtoyé le monde agricole chez des voisins à proximité de ma demeure, mais sans plus. Maintenant, je côtoie ce mode de vie au travers des yeux et des amours de mes filles. Mes gendres nous racontent avec émerveillement leur réalité. Des gars remplis de valeurs familiales. Des travaillants. Éduqués avec des principes. Des lève-tôt. Des gars droits qui savent où ils veulent aller, où ils vont. Leur idée est longuement faite, mûrement réfléchie.
Mais mes filles là-dedans ? Mes semi-banlieusardes ?
Elles aiment les accompagner dans leur passion. Les histoires qu’elles me ramènent à leur retour d’une visite à la ferme ! Eh oui, c’est avec la fourche à la main et le purin sur le bout des bottes qu’elles aiment se retrouver avec leur être aimé. Elles ont toutes les deux leur « kit » de ferme. Faire boire un veau tout nouveau-né, ça les émeut. Elles en connaissent déjà beaucoup sur la vie de ferme. Les machineries. Des tours de tracteurs, elles en ont fait. Elles rêvent de jumeler leur carrière propre à la passion de leur homme. Elles rêvent de famille. De grandes tablées. De valeurs à transmettre.
Elles devront vivre de concessions, survivre aux aléas de l’entreprise, de la température, certes, mais comme elles sont indépendantes, je n’ai nul doute qu’elles survivront à cette dure réalité. Assister à des réunions d’amis ou à des événements sans l’être aimé deviendra une évidence. S’occuper de la routine de la marmaille plutôt seule en sera une autre. Ce qui me rassure un peu… c’est qu’elles resteront probablement à proximité de chez nous. On peut difficilement déplacer une ferme ou des terres agricoles. Le travail de la ferme n’est plus le même labeur qu’au siècle dernier. La technologie est entrée dans les entreprises et les bâtiments, laissant un peu plus de temps aux travailleurs.
Ce sont les saisons qui dicteront les moments où ils seront réunis. La terre, la température dévoileront leur horaire du temps.
Qui prend homme de la terre prend du coup sa passion. Ce choix dessinera leur vie de femmes d’agriculteurs.
Mylène Groleau