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Je ne t’achèterai pas de carte de Noël – Texte : Kim Boisvert

Je me promenais dans l’allée des cartes de souhaits avec, encore cette année, le pincement au cÅ

Je me promenais dans l’allée des cartes de souhaits avec, encore cette année, le pincement au cœur et le panier vide. Je ne t’achèterai pas de carte de Noël cette année, pas parce que tu es déjà dans le ciel depuis de nombreuses années, mais bien parce qu’aucun des souhaits rédigés vers l’appréciation d’une mère « extraordinaire » n’aurait pu coller à notre relation. On va se le dire, t’étais pas une mère extraordinaire, Maman.

J’aurais aimé ça te reconnaître dans les mots de ces cartes colorées vouées à faire verser des larmes à la femme Mère. T’sais, la carte qui sent le bonheur et les bons soupers, les caresses et le réconfort. Les gens remercient à coups de grands paragraphes touchants leur mère d’avoir été toujours présente et aimante pis toute pis toute. Je sais que tu as fait de ton mieux, et que ton mieux c’était de m’empoisonner. Mais malgré mes efforts annuels, pour moi, ça aura toujours été un calvaire de te choisir une carte. Parce que je n’ai jamais pu m’imaginer que des mamans comme ça, ça existait dans’vraie vie. Pis ça, ça me tuait les élans de poésie. Bien en fait, je sais que ça existe, mais pas pour moi. On n’était pas comme ça, Maman.

Je me souviens que je finissais par acheter à contrecœur une carte plutôt générique ou sans texte avec un dessin de nature morte dans laquelle j’essayais de mettre tout l’amour qu’on méritait toutes les deux. Genre « Je t’aime maman, j’espère que tu trouveras le bonheur ». Je crois fortement qu’en donnant de l’Amour, fort, même quand ce n’est pas facile, on peut avancer. Et j’ai toujours cru qu’un jour, je serais entendue pour la femme que j’étais déjà ou pour l’enfant qu’on avait brisé. T’sais, l’espoir d’une belle relation mère-fille ? Ça aussi, c’est enterré avec toi dans ta boîte en bois cheap mal sculptée.

Je savais malheureusement qu’on ne serait jamais proches comme tu l’étais avec ton autre fille, ma sœur, et qu’on s’aimait mal toi et moi. Ton utérus m’a conçue, mais une fois que je suis sortie, je doute que tes yeux me regardaient avec des étoiles et des confettis. On m’avait expliqué qu’une de notre fratrie avait failli te tuer à l’accouchement et j’ai toujours pensé que c’était moi. Dans le fond de mon ventre mou, je sais que c’est moi. J’en suis persuadée.

Je ne t’achèterai pas de carte de Noël parce que je ne saurais pas quoi t’écrire. Ta maladie et tes souffrances t’ont tellement changée avec le temps que peu importe les mots que j’aurais écrits, tu ne les aurais pas compris.

Mais cette année, je vais m’acheter une carte remplie de mots extraordinaires et m’écrire des mots doux parce que mon mieux est mieux que le tien, et que je vois mes filles grandir dans mon amour imparfaitement extraordinaire et que je trouve que ça vaut 4,99 $ chez Walmart.

Kim Boisvert

Le don d’organes : signez donc!

En écoutant Deux filles le matin ce matin au garage, l’i

En écoutant Deux filles le matin ce matin au garage, l’inspiration et les souvenirs me sont revenus. Je ne parle pas souvent de ces souvenirs douloureux pour la famille de mon défunt conjoint, mais ce matin, j’avais le goût de vous dire : SIGNEZ! Signez votre carte pour le don d’organes, c’est tellement important!

Il y a déjà 14 ans, mon beau-père a été greffé. Eh oui, mon défunt conjoint a eu un cÅ“ur artificiel, mais mon beau-père aussi! Beau-papa a vécu avec un cÅ“ur mécanique pendant presque deux ans. Deux années difficiles à vivre avec une batterie… deux années à traîner le poids de son cÅ“ur à sa ceinture. Pendant ces deux années, il y a eu de grosses épreuves.

Presque un an après l’implantation du cœur mécanique, celui‑ci a fait défaut! Imaginez ça, votre cœur mécanique qui lâche. Le son infernal de la batterie qui vous avertit que plus rien ne fonctionne. Premiers répondants, ambulanciers. Et le voisin qui pompe manuellement cette batterie qui le maintient en vie.

Ils ont dû changer le cœur mécanique, car aucun cœur n’était disponible pour lui. Et si tout le monde signait se carte, aurait-il eu à subir cette intervention qui l’a laissé dans un coma pendant un bon deux semaines?

C’est en novembre 2004 aux petites heures du matin que l’appel est entré. On avait enfin un cœur pour beau-papa. Un mois et demi avant, j’avais appris que j’étais enceinte. Notre bébé aurait un grand-papa qui pourrait jouer avec elle, la prendre. Mais tout ne s’est pas passé comme ça aurait dû. Suite à la greffe, quelques heures après sa sortie de la salle d’opération, beau-papa nous a quittés. Le cœur n’a pas résisté à la greffe.

Tout ce que mon beau-père voulait, c’était la greffe. Il a milité, est allé en entrevue à la télé, a participé à des événements pour le don d’organes. Il l’a eu son cœur, il en a fait du chemin pour se rendre là. Malheureusement pour nous, il n’a pas pu en profiter. Il n’est pas là pour profiter de ses cinq magnifiques petits-enfants, mais il l’a eue, sa greffe!

Quand on a annoncé à mon défunt conjoint que la seule solution pour lui était un cœur artificiel, un pont pour une greffe future le temps que ses organes internes se rétablissent, ce fut tout un choc. Lui qui avait toujours dit que JAMAIS, il n’aurait de cœur artificiel. Il a accepté de vivre cette épreuve pour nos enfants, pour moi, pour sa mère et sa sœur!

Il a eu son cœur artificiel 17 jours et oui, ses organes se rétablissaient, mais son foie était trop malade déjà. Il n’y avait plus rien à faire.

Aujourd’hui, quand je repense à toutes ces épreuves, je dis OUI! Il faut signer vos cartes, car on ne sait jamais si un ou deux membres de notre famille en auront besoin.

Annie Corriveau