Mon couple, ma fierté
Lorsque j’entends les gens dire : « Ma plus grande fierté, ce
Lorsque j’entends les gens dire : « Ma plus grande fierté, ce sont mes enfants », je ne peux qu’être en accord avec eux. Mais au-delà de cela, je crois que mon couple est en fait ma plus grande fierté. Puisqu’à la base, personne ne croyait vraiment en nous.
J’ai rencontré mon homme à l’âge de vingt-deux ans; lui était alors âgé de trente-et-un ans. J’allais à l’université, je travaillais à temps plein et vivais dans mon petit condominium une vie débridée. Loin de moi l’idée d’avoir des enfants. Mon plan était fait : j’allais devenir psychologue et vivre d’un bonheur matérialiste. Je visualisais ma vie de luxure : voiture de luxe, sac à main hors de prix, voyages à faire rêver…
C’est un soir de beuverie qu’un homme assis au bar m’a demandé mon numéro de téléphone. Ironiquement, je ne donnais jamais mon bon numéro, sauf cette fois apparemment, puisque trois jours plus tard, je recevais l’appel d’un parfait inconnu.
Pour être honnête, je ne me rappelais aucunement cet homme. En ne reconnaissant pas le numéro, je me suis fait prendre à répondre à l’appel de ce charmant inconnu. Résultat : nous avons parlé au téléphone quarante-cinq bonnes minutes. Il me faisait rire, simplement. Il m’a téléphoné une seconde fois deux jours plus tard. Idem ici. Ses appels étaient légers, humoristiques, ironiques. Exactement comme moi, et d’un seul coup, j’espérais qu’il me rappelle encore et encore.
Au bout d’une semaine vint le moment critique. Il fallait bien se rencontrer. Qu’est-ce que j’allais faire? Mon amie me répétait de ne pas y aller et j’étais déchirée entre la logique et mon impulsivité. J’ai bien sûr suivi mes intuitions et je me suis rendue à ce rendez-vous.
Première impression : oh non! Qu’est-ce que je fais ici?! L’homme en question était le contraire même de mes espérances! Souliers pointus à l’européenne, jeans évasés et chemise rentrée dans ses pantalons. Oh boy! Il avait planifié un repas sushi chez lui. Résultat : j’ai mangé trois sushis! Parce que se remplir la bouche d’un gros sushi, ce n’est pas super pour avoir une bonne conversation!
Vous ai-je spécifié que je n’étais pas un ange? Plusieurs consommations plus tard, je me suis retrouvée en boîte sur le gros party avec cet homme. Eh! oui, nous avions quelque chose en commun, les deux, nous étions des party animals. Pour être honnête, je ne me rappelle rien de cette soirée, à l’exception d’une chose : le premier baiser de l’homme de ma vie. Vous savez dans les films lorsque des feux d’artifice éclatent après un évènement grandiose? Et bien, voilà! Cela fait huit ans maintenant, et je peux encore me rappeler l’endroit exact dans le bar où nous étions et le déclic que j’ai ressenti au plus profond de mon être. J’ai su en une fraction de seconde que ma vie allait changer à jamais grâce à cet homme! Je suis le contraire même du romantisme, mais ce feeling, je l’ai bien senti.
Trois mois plus tard, il emménageait avec moi. Six mois plus tard, j’étais enceinte. J’ai fait le test de grossesse la journée même où nous recevions ses parents à souper pour la première fois. Oh! Vous ai-je dit que mon conjoint est portugais? Les traditions sont très présentes chez les Portugais, vous pouvez donc imaginer le malaise au souper lui et moi.
Nous n’avions aucune idée si nous allions garder cette petite surprise. Nous avons fait semblant de rien un mois durant. Nous n’osions même pas en parler. Jusqu’au jour où il m’a dit : « La décision te revient. J’ai trente-et-un ans, tu en as vingt-deux. Tu es à l’université, moi j’ai un travail stable. Moi je suis prêt et je t’aime, alors j’accepterai la décision que tu prendras ». Vu la sagesse et le respect dans sa prise de décision, je me suis lancée les yeux fermés dans cette nouvelle aventure qu’était la maternité.
Huit ans plus tard, je suis mère au foyer de trois merveilleux enfants. Est-ce la vie dont je rêvais? Non. Mais je ne la changerais pour rien au monde! Notre couple est fort et unique. Sans aucune goutte de romantisme, nous avons un respect mutuel et une admiration l’un pour l’autre.
Personne ne croyait en nous et moi-même, avec le savoir que j’ai aujourd’hui, je n’aurais jamais parié sur notre couple. Mais je suis fière de ce que nous sommes devenus. Nous sommes fiers d’avoir prouvé à tout le monde qu’il faut parfois choisir son propre chemin pour être heureux, qu’il n’y a aucune route pré-établie à suivre pour être heureux. Le bonheur et l’accomplissement varient pour chacun.
Et vous, en quoi consiste votre fierté?
Geneviève Dutrisac