Tag couvre-feu

Tenir pour acquis

Nous voilà de retour en confinement total, et avec maintenant plus

Nous voilà de retour en confinement total, et avec maintenant plus de restrictions dont le couvre-feu.

Toutefois, on y survit.

On s’y adapte.

Cette étrange période de pandémie continue de nous apprendre la leçon qu’on tient énormément de choses pour acquises dans la vie.

Plus on nous enlève des privilèges et que l’on continue de respirer, de bien manger, de passer des moments de bonheur autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, plus on se rend compte que tout le reste qui nous manque, aussi gros soit-il, n’est pas essentiel.

C’est vrai que ce mot nous frise les oreilles, mais ça reflète une réalité qu’il y a tellement de choses de la vie « normale » qui sont des cadeaux, des bonus.

Ce virus nous a permis de réaliser à quel point, parfois, on ne voit pas la valeur de quelque chose, de quelqu’un, d’une action, d’un moment.

Ça permet de remettre nos priorités aux bonnes places. On se rend compte que c’est le contact humain de nos proches qui nous manque le plus. Que le temps passé avec eux n’est pas acquis lui non plus.

Je suis une fervente fan des restaurants, cinémas, parcs d’attractions, festivals et voyages, mais qui réalise qu’on est extrêmement choyés de toutes les possibilités que l’on a connues avant 2020 et que l’on continuera d’avoir dans un futur prochain.

Marilou Savard

J’ai envie de te dire…

Au lendemain de ce premier couvre-feu historique, j’ai envie de te

Au lendemain de ce premier couvre-feu historique, j’ai envie de te dire plein de choses…

Bien humblement, je l’avoue, j’ai triché.

J’ai flanché pour mes filles, le cœur brisé de les voir tristes, privées de leurs amies.

J’ai flanché pour moi, égoïstement, en recevant quelques amis, le temps d’une soirée un brin festive. La plupart du temps dehors, mais trois ou quatre fois à l’intérieur…

Je l’ai fait. Comme beaucoup d’autres.

Je me suis privée de mon père et de ma sœur puisque trois heures de route nous séparent et surtout, pour protéger mon père. Ma sœur infirmière s’est isolée au maximum, étant infirmière aux urgences.

Jusqu’à hier soir, je n’avais pas mesuré l’ampleur de ce qui nous guette. Le fils d’un ami s’est blessé sérieusement en glissant. Mon ami se pointe à l’urgence de l’hôpital le plus près. Surprise : on a fermé cette urgence. Le personnel a été rapatrié dans d’autres hôpitaux…

Boum. Ça m’est rentré dedans. Et si c’était moi ? Mes filles, mon chum ? C’était incroyable quand ça se passait en Italie, tellement loin, tellement irréel… Aujourd’hui, je te parle d’une urgence de Québec…

Toi qui penses que tout ceci n’est qu’un grand complot, que TOI, tu n’as pas envie de te plier aux demandes du gouvernement, que TOI, « t’as le doua », je te souhaite de ne pas avoir besoin de soins dans un avenir rapproché, parce qu’il se pourrait qu’on ne puisse pas te les offrir.

On est rendus là.

Hier, j’étais au Village des sports. J’ai suivi les consignes. J’ai gardé mon masque pendant TOUTE MA VISITE. On me l’a demandé, je l’ai fait. J’ai respecté le deux mètres dans les aires d’attentes.

J’ai vu bien des gens faire la même chose que moi, heureusement.

Par contre, toi, qui crois que ces règles ne s’appliquent pas à ta petite personne, j’aimerais te dire que j’en ai ras le pompon.

Demain, je retourne en classe. Les mesures seront plus strictes encore. Je n’en peux plus d’enseigner avec des lunettes et un masque. Mes élèves devront garder le leur toute la journée… C’est long, une journée.

Je dois désinfecter mon local tous les trois jours. De précieuses minutes que je ne peux pas utiliser à des fins pédagogiques.

J’ai des élèves qui devront probablement s’absenter encore. Des classes vont peut-être fermer de nouveau, peut-être la mienne, épargnée jusqu’à maintenant.

J’ai envie de te dire de penser à tout ça la prochaine fois que tu riras au visage d’un employé qui te demandera de porter ton masque.

Non, tu n’es pas un mouton. En faisant cela, tu participes à quelque chose de grand. Tu contribues à aider l’humanité à retrouver un brin de normalité.

J’ai envie de te dire de penser à tout ça, simplement.

Karine Lamarche