Archives janvier 2021

Qu’est-ce qu’ils feraient l’un sans l’autre… Texte: Nathalie Courcy

Mon grand doudou d’une décennie est arrivé dans mon ventre comme

Mon grand doudou d’une décennie est arrivé dans mon ventre comme un jumeau, mais quand il a été prêt à peser sur le piton Eject à quarante semaines, il faisait cavalier utérin seul depuis six mois. Je me revois à l’échographie confirmant qu’un des fœtus avait été expulsé et que l’autre avait 50 % de risque d’être évacué malgré son petit cœur en santé boum-boum. Méga freeze émotif. Triste de ne pas avoir la chance de connaître mon bébé et l’expérience gémellaire. Soulagée en imaginant une vie peut-être un peu plus simple à gérer avec un bébé à la fois. Heureuse qu’un des deux bébés soit encore bien accroché. Inquiète qu’il ait le réflexe de suivre l’exemple de son jumeau.

Et je me vois en train de me dire « mais qu’est-ce que mon bébé vivant retiendra de ce traumatisme ? » Perdre son frère ou sa sœur avec qui il partageait l’espace depuis plus de trois mois. Perdre son complice des premiers instants. Perdre la seule personne qui le côtoyait vraiment depuis sa conception. Comment un bébé même pas né vit-il ce deuil ? Comment ça s’exprime, quand le subconscient et la recherche identitaire se mélangent ?

Notre bébé étoile a sa place dans notre famille et nos conversations. Il fait partie de la gang, comme grand-papa décédé beaucoup trop tôt pour rencontrer ses petits-enfants. Il existe dans notre cœur à défaut d’exister dans nos souvenirs. Une seule photo en noir et blanc, mais toute sa place.

Né après lui, mon grand bonhomme sera tout de même toujours son grand frère. Lui, il a continué à grandir. Il a depuis longtemps dépassé les quelques centimètres que notre bébé étoile ne dépassera jamais. Mon grand, il a conscience qu’il manque une partie de lui. Et il a longtemps cherché cette partie.

Quand mon petit (plus si petit que ça, quand même !) dernier est arrivé, fiston a trouvé un ami. Et plus le temps passe, plus le confinement perdure, et plus ils se rapprochent puisque l’amitié n’est pas diluée à travers d’autres. Une fusion fraternelle. L’un ne va pas sans l’autre. L’un ne VA pas sans l’autre, dans le sens où ils ne se sentent pas tout à fait eux-mêmes quand leur douce moitié ne se trouve pas dans le centimètre carré à côté.

Quand je cherche une photo de l’un, c’est mission impossible. L’autre a toujours sa face, un pied, une main, dans la photo. Ou son corps complet par-dessus son frère. Ils perdent leurs dents en même temps, ils sont malades en même temps, ils sont bougonneux en même temps. Ils ont le même humour, le même accent qui ne vient pas des parents. Même à l’heure du dodo, après quatorze heures à jouer ensemble, ils ont encore besoin de se coller, de se chatouiller, de se raconter leur vie. Comme s’ils ne la savaient pas déjà par cœur ! Comme s’ils n’étaient pas déjà le personnage principal dans l’histoire de l’autre.

Mes boys, que feriez-vous l’un sans l’autre ? De quoi auraient l’air vos journées depuis que la société s’est refermée sur elle-même il y a presque un an ? Comment auriez-vous vécu les déménagements, les changements d’école, les grandes émotions ? Qui seriez-vous en version solo ?

Éventuellement, les amis ne seront plus virtuels mais bien présents dans votre quotidien. Vos deux ans de différence se feront sentir. L’entrée au secondaire laissera le plus jeune derrière. Et le plus vieux devra s’adapter à une nouvelle vie tout seul comme un grand. Vous devrez défusionner, au moins quelques heures par jour. Décoller la crazy glue des siamois. Mais vous le savez, je n’ai même pas besoin de vous le dire : vous resterez toujours complices. Des infinis banounous, comme vous le dites si bien, dans votre langage juste à vous. Des jumeaux dont la plus grande différence est la date de naissance…

Nathalie Courcy

Encore un point de vue sur la dernière année… Texte: Joanie Fournier

Avec la pandémie actuelle, le monde s’est

Avec la pandémie actuelle, le monde s’est divisé en deux. D’un côté, on place ensemble tous les gens qui croient au virus, qui respectent les consignes sanitaires, qui se font appeler des moutons par l’autre clan. Et face à eux se regroupent les Covidiots, ceux qui croient au complot des gouvernements, au contrôle absolu des droits fondamentaux de l’homme et qui continuent leurs vies « comme avant ». J’espère que vous saurez lire l’ironie dans ce que je viens d’écrire. Parce que c’est totalement faux. Il n’existe aucun clan. Personne ne penche du côté du bien ou du mal, personne n’a raison ni tort totalement. Tout le monde fait de son mieux en ce moment, essayant de jongler entre ses propres principes et les fameuses consignes sanitaires.

Personnellement, ma petite bulle familiale et moi avons choisi de respecter les consignes sanitaires et les décrets gouvernementaux de notre mieux. On a appris à mieux se laver les mains, à porter adéquatement un masque et sommes restés enfermés chez nous depuis presque un an. On a pris ce chemin pour protéger les plus vulnérables et par conscience collective. On a tout fait ça consciemment et par choix, donc vous n’êtes pas invités à débattre sur notre choix de respecter tout ça. Merci.

Dans les premiers mois de la pandémie, nous vivions dans le bonheur d’être ensemble. Si vous êtes un extrémiste qui pensait qu’on vivait dans la peur, je suis bien désolée de vous décevoir. Nous n’avons jamais eu peur du virus. Nous voyions le premier confinement comme une occasion de nous retrouver, de nous rapprocher, de nous ressouder. Une occasion donnée par la vie qui nous permettait enfin d’arrêter le temps pour profiter de nos enfants. On avait si souvent prié pour pouvoir arrêter le temps… C’était aussi une occasion de rendre grâce à la vie, de réaliser toute la richesse de ce qu’on possède. Une maison avec de l’espace, chacun avec sa chambre, une cour extérieure pour pouvoir bouger, une grande famille pour se distraire… On le sait qu’on a beaucoup de chance.

Puis, l’été est arrivé et on a eu un semblant de break… Tout en gardant nos distances et en restant dehors, on a pu voir nos familles, nos amis, un peu à la fois. Et vous savez quoi ? Ça a été le plus dur pour nous. Pas de les voir… de rester à distance. À chacune des rencontres avec des amis, des marches avec nos parents, des glissades avec les cousines, chaque fois, le même blues après la rencontre… Cette impression de ne pas avoir pu réellement profiter d’eux. Ce sentiment de s’ennuyer encore plus qu’avant de les voir. Cette rancœur de ne pas avoir pu les prendre dans nos bras. L’après-rencontre fait mal. Tellement mal. C’est comme si on arrivait à les oublier en restant chez nous. Mais les voir en vrai, loin de nous, ça nous chavire chaque fois. C’est comme si le cœur lui, se souvenait.

Ensuite, le deuxième confinement est arrivé en même temps que l’automne. Et après la joie du début et la tristesse de l’été, on est tombés dans la colère. Oui, la colère. La colère contre tous ceux qui ne respectent pas les consignes. La colère contre le système qui aurait dû prendre des mesures plus draconiennes dès le départ, la colère contre le virus, la colère contre la vie. On a ressenti même de la colère contre des gens qu’on aime. Parce qu’ils se mettaient à risque, parce qu’ils trichaient, parce qu’ils ne pensaient pas comme nous. Et là, LÀ, on a dit « STOP ». C’est pas vrai qu’on va commencer à haïr ceux qu’on aime en plus !

C’est à ce moment-là que j’ai choisi de ne plus regarder l’actualité de mes réseaux sociaux. Je dépose des nouvelles de mes enfants pour ceux qui en veulent, pour les mamies qui ne les ont pas vus depuis un an. Puis, je ferme l’écran. Parce que je ne veux pas savoir. Tu veux aller voir ta mère pour Noël ? Tu veux aller magasiner avec ta sœur ? Tu veux aller prendre un verre chez ton père ? Tu veux voir tes amis ? Fine. C’est ta vie. Non je ne suis pas d’accord, mais je n’ai pas envie de t’en vouloir pour ça. Et je ne te juge pas d’avoir flanché, je le sais que c’est dur. C’est crissement dur. Moi aussi, j’ai les genoux mous ces temps-ci pis j’aurais le goût de flancher souvent… Et de savoir que toi tu flanches, ça rend tout ça encore plus dur pour moi. Alors je ne veux pas le voir. Je ne veux pas le savoir.

Je choisis de t’aimer, comme avant. Je choisis d’attendre la fin de cette crise mondiale pour te serrer dans mes bras. Mais attache ta tuque… Parce que QUAND on aura le droit… enfin le droit… Je vais me coller en cuillère avec toi, pendant une heure s’il le faut, juste pour refaire le plein. Refaire le plein de toi. Mon ami, ma cousine, mon frère, mon neveu, ma mère, ma sœur de cœur… Te voir sourire à l’écran, c’est pas pareil.

QUAND on aura le droit, je vais refaire le plein de toi. Ton odeur me manque, ton énergie me manque. J’ai si hâte de profiter de ton rire franc et de tes yeux complices autour d’une bonne sangria… Moi qui suis toujours la plus sauvage de la gang, j’ai si hâte de te prendre dans mes bras. Pis t’sais les deux petits becs secs sur les joues en rentrant, ceux qu’on faisait juste par habitude et tradition ? Pu jamais. PU JAMAIS ! Parce que quand on va pouvoir, ça va être un gros câlin senti dès la première seconde. Pis il va durer longtemps. Ça risque d’être malaisant, mais j’m’en fous. Tiens-toi-le pour dit.

Joanie Fournier

 

Ce texte va parler de sexe.

Ce texte va parler de sexe. Appelons un chat,

Ce texte va parler de sexe. Appelons un chat, un chat. Si le sujet te rend mal à l’aise, je te suggère chaudement d’arrêter de lire.

Moi mon chum, je l’ai rencontré quand j’étais adolescente… Nous étions jeunes, inexpérimentés et vraiment maladroits… Mais le sexe, c’est comme un bon vin, ça devient encore meilleur en vieillissant. Ça fait qu’après presque vingt ans en couple, c’est encore meilleur que jamais. Bon, dernier avertissement, si ça te choque, arrête de lire maintenant.

J’entends parler de tellement de couples qui ne prennent plus le temps… Le temps de se caresser, de sortir de la routine, le temps de se retrouver… C’est encore ça la clé : prendre le temps. Prendre le temps de se parler avant, d’écouter, de se vider la tête, de décompresser, de relaxer. J’ai besoin de parler de ma journée, de ce qui me trotte en tête, avant de pouvoir m’abandonner à l’autre. Il est hors de question que je fasse l’amour en pensant à autre chose…

Évidemment, nous aussi, en tant que parents de plusieurs enfants, ça nous arrive d’être trop fatigués. Épuisés. Vidés d’énergie. Mais on le sait qu’on tombe de fatigue dès 20 h… Ça fait qu’on ne fera pas exprès de se donner rendez-vous en soirée ! Oui, je dis « se donner rendez-vous ». Parce qu’avec les années, c’est certain que la spontanéité doit se planifier. Avant d’avoir des enfants, tu peux faire l’amour sur ton comptoir de cuisine en faisant le souper. Avec des enfants, on s’entend tous pour dire que ce n’est plus possible. Pas de faire l’amour, là. Mais de le faire où tu veux, quand tu veux. Le comptoir de cuisine, c’est plus quand les enfants dorment chez Mamie disons… Mais ! Il te reste toutes les pièces fermées… Alors si c’est le comptoir qui t’allume, il te reste celui de la salle de bain… et la sécheuse… et l’établi dans le garage…

Avec les années, on a appris aussi à profiter des petites occasions. Quand on se réveille avant les enfants… Quand on finit notre journée de travail plus tôt que prévu… Quand nos heures de lunch tombent en même temps… Quand on vient de rendormir le bébé la nuit et qu’on n’arrive plus à se rendormir… Non mais, autant en profiter !

Et avec les années, on a appris à se découvrir soi-même, mais aussi à connaître l’autre par cœur. Donc les ados maladroits ont cédé la place aux adultes nettement plus habiles. Il sait très bien comment me faire jouir. Je sais comment l’empêcher de jouir. Il peut décider du moment où on jouira tous les deux. Et de celui où on recommencera. C’est choquant, hein ?

Parfois, on se répète qu’on n’est pas normaux. La société a tellement fait croire aux parents qu’ils n’auraient plus de vie sexuelle. Dans les films, les parents ont l’air de robots qui s’occupent de leurs enfants sans se soucier de leurs propres besoins. La vie, ce n’est pas ça. Et on n’est pas des robots. J’ai besoin de sa chaleur. J’ai besoin de lui. J’ai besoin de nous.

Est-ce qu’on a eu des creux dans notre vie sexuelle ? Évidemment. En vingt ans, on n’a pas été de chauds lapins chaque jour. Je dirais qu’il y a eu des cycles de temps où on tombait plus facilement dans la routine, dans le prévisible et le répétitif. Mais, la plupart du temps, on arrive encore à prendre le temps. Le temps d’être ensemble, de ne faire qu’un. Et je dirais qu’on a une maudite bonne moyenne au bâton…

Je dirais qu’un autre de nos meilleurs trucs, c’est de savoir encore rire ensemble. Rire de nos niaiseries, rire de nous-mêmes, rire de nos maladresses, rire de nos essais manqués. Même rire de nos engueulades, après coup.

Je pense qu’avec les années, c’est devenu beaucoup plus facile aussi de différencier « faire l’amour » et « baiser ». Parce que parfois, j’ai besoin de mon homme, mon homme à moi. J’ai besoin de me blottir contre lui, besoin de sentir qu’il m’aime. Besoin de ne faire qu’un, de s’unir. Besoin de sentir nos âmes se mélanger. Et d’autres fois, c’est un besoin beaucoup plus physique, animal. Un besoin de sentir le désir monter. Un besoin beaucoup moins catholique et définitivement plus bestial. Un besoin de grogner. Un besoin de se laisser aller. Et je pense que ces deux besoins-là sont tout aussi légitimes, complémentaires même.

Bref, ça fait vingt ans que je l’aime, que je le désire et que je profite de nous. Mon homme, mon pilier, mon loup… Et j’espère pouvoir dire dans vingt ans qu’on se désire toujours autant et qu’on arrive encore à se faire jouir l’un et l’autre comme si on avait été façonnés du même arbre.

Eva Staire

 

Je ne veux plus mourir – Texte: Nathalie Courcy

J’ai passé la moitié de ma vie à vouloir mourir. À trouver que

J’ai passé la moitié de ma vie à vouloir mourir. À trouver que la vie ne valait pas la peine. Je souffrais trop. Je ne voyais pas le but de me lever tous les matins. Je me rivais le nez sur des échecs répétitifs qui cachaient les succès que je vivais sans les vivre. Ma génétique et les trop nombreux suicides dans ma parenté m’avaient convaincue que j’étais née pour être déprimée.

Médicamentée ou pas, en thérapie ou pas, ça allait downhill de toute façon. J’avais la tête dans une gelée de cumulonimbus sombre et grandissante. Vous dire la lourdeur de l’enclume qui pesait sur mes épaules, à force de porter tout ce malheur.

Et pourtant. J’avais des diplômes avec mention honorable. J’avais une maison, un mari. J’avais des enfants en santé, une famille, des amis. J’avais un bon emploi. J’avais suffisamment d’argent.
Mais. Mais je ne me sentais pas adéquate. Je ne me sentais pas à l’abri ni aimée. Je ne me sentais pas entourée. Je ne me sentais pas à ma place. Je ne me sentais pas en sécurité, financière et morale. Je n’étais pas la maman que je voulais être : calme, drôle, énergique, en santé mentale et physique. Je n’étais pas celle que je voulais être : heureuse, équilibrée, libre, amoureuse.

J’étais une habituée des thérapies. Psy, masso, chiro, t.s., art-thérapeute, acupuncteur… je les avais tous essayés. Même chose pour les médicaments. Anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères, antidouleurs… toujours avec un suivi adéquat, merci de demander. Mais je restais enfermée dans mon gros nuage noir. C’est frustrant, rester prise dans un gros nuage noir mélasse quand tu patauges sans arrêt pour t’en sortir.

Un jour, j’ai supplié d’avoir un médecin de famille. Que j’ai eu. Miracle, de nos jours. Et j’ai été honnête. Elle s’est étonnée que je tienne debout. Quand je dormais deux heures, je me trouvais chanceuse. Je ne pleurais pas, oh non ! J’étais gelée. Pas de drogue (merci à moi, je ne suis pas attirée par les drogues ni l’alcool [comme dit ma fille, l’alcool, ça goûte les pieds !]). Juste le cerveau embourbé, engourdi, comme si ma boîte crânienne était envahie par une glue visqueuse, pas de glitters. Mon corps était devenu immobile, toute mon énergie étant réservée à passer à travers mes journées de travail et mes soirées avec les enfants. Auto, boulot, dodo. Repeat. On repassera dans vingt ans pour le plaisir.

On a travaillé ensemble pour d’abord régler mon problème de sommeil. Ajuster la chimie du cerveau, mais aussi mon rapport à mon lit, à la nuit, à mon mari. J’ai mis des limites, je suis partie, je suis revenue vers moi, peu à peu. Le plus petit pas possible. PPPP. Quatre lettres qui m’ont sauvée, parce que si je m’étais fiée à la hauteur de la montagne à escalader, je n’aurais jamais osé. Elle m’aurait écrasée. Kapout.

Je me suis construit un nouveau nid, j’ai récupéré mon corps, je me suis activée. Je me suis pardonné plein de choses, et je me suis félicitée pour plein d’autres. D’abord de m’être choisie. D’avoir cessé d’attendre que d’autres le fassent à ma place. J’ai remis au centre de ma vie ce qui était important pour moi. Mes enfants, l’art, la créativité, l’écriture, la spiritualité, la famille, les amis, la santé. Puis l’amour.

Mais en premier, au tout début du parcours et ensuite à chaque jour, à chaque instant, je ME suis mise en premier. Égoïste ? Non, je ne crois pas. Si moi, je ne vais pas, rien ne va autour de moi. Si j’ai mes lunettes noires avec les verres salis par la glaise qui me sort du cerveau, je ne peux pas voir la beauté. Je ne peux pas percevoir l’amour, les bonnes intentions, la chance d’être en vie. Je ne porte pas de lunettes roses pailletées, ne vous en faites pas. J’ai les deux pieds sur terre, et c’est clairement mieux que s’ils étaient sous terre. Mais j’ai remisé mes perceptions erronées pour voir la vie comme elle est : variée, grande, lumineuse même dans ses bouts de noirceur.

Depuis l’adolescence, je restais en vie pour ne pas faire de peine à ceux qui restent. Je ne voulais pas déranger par mon départ. Je ne voulais pas laisser un vide dans la vie de ceux qui m’aiment. Je ne voulais pas générer de la culpabilité. Je ne voulais pas laisser comme héritage un gros sac de questions sans réponses.

Maintenant, si je reste, c’est pour moi. C’est parce que je vaux ce que je vaux et que je trouve que la vie est belle, même quand un nuage passe. Justement parce qu’il passe.

Si je reste, c’est aussi pour encourager les autres à rester. Un jour à la fois. S’il le faut, une heure à la fois. PPPP.

Nathalie Courcy

#BellCause

Tu me manques… Texte : Karine Lamarche

Mes cheveux blancs reprennent leurs droits. Il n’y a plus moyen d’avoir une coiffure digne de ce

Mes cheveux blancs reprennent leurs droits. Il n’y a plus moyen d’avoir une coiffure digne de ce nom ! 🙄

 

Tu me manques.

 

Chère coiffeuse, je m’ennuie de toi. Et tu sais quoi ? Je me fiche de mes cheveux blancs au fond. Ce que j’ai hâte de retrouver, c’est toi. C’est ton écoute, nos discussions, ce moment de détente si précieux.

 

Je m’ennuie de rire avec toi, avec les autres clientes de ton salon. Je m’ennuie de cette complicité éphémère.

 

Quand j’entre chez toi et que je m’assois devant ton miroir, le temps s’arrête.

 

J’ai hâte de te retrouver, sans masque, sans plexiglas. Je m’ennuie de ton sourire.

 

Chère coiffeuse, tu me manques.💝

 

Karine Lamarche

 

T’es tellement attachante, mon amie. Texte : Kim Boisvert

Petite mise en contexte.

Je fai

Petite mise en contexte.

Je faisais le ménage de quelques courriels passés, entassés dans ma boîte Outlook mal rangée. J’ai besoin d’ordre ces temps‑ci alors HOP, on replace tout ! Et je suis tombée sur un courriel qui date de plusieurs années. Alors que je ne savais même pas ce que je ferais de ma vie de jeune adulte et encore moins de ma vie de maman. Je vous le partage en version INTÉGRALE. Je n’ai pratiquement rien touché.

Je vous souhaite d’avoir des gens qui ont cette opinion de vous. Dans des moments plus difficiles, ça fait toujours du bien. Dans des moments heureux, ça vous donne un petit champignon vert UP ! de plus… 🙂

Bonne lecture !

P.-S. La personne qui me l’a écrit a toujours été et est encore un modèle pour moi. Une femme extraordinaire à qui j’avais déjà dit qu’un jour, quand je serais grande, je serais

Courriel : (J’ai coupé une partie plus perso. Ça commence donc comme ça 🙂
(…)
« Aussi, j’ai envie encore de te partager des choses en ce moment.
T’es super Kim. Je t’aime beaucoup.
Tu m’as toujours fait penser à moi, peut-être même dans une version améliorée puisque tu n’as pas de “boulet” à traîner comme moi je le faisais à ton âge…
Mon chum de l’époque réclamait trop souvent toute mon énergie que j’ai dû longtemps la partager entre lui et mes deux enfants à élever, sans en garder pour moi.
Toi, tu peux te concentrer sur toi et toi seule. Tu peux travailler à t’améliorer constamment en canalisant ton énergie sur les apprentissages de la vie.
Tu es dans un stade très important de ta carrière. Tu ne le réalises probablement pas encore, mais cette expérience dans ta job actuellement t’apprend plus que tu penses.
C’est l’autonomie et le système D… et c’est probablement la clé du succès.
Je t’en prie, forge ta propre identité… ne souhaite pas “ressembler” à quelqu’un.
Sois TOI !
Tu es superbe, tu es géniale dans ton énergie et ton caractère pétillant.
Je te l’ai déjà dit, tu es promise à un très bel avenir dans ce domaine.
Réfléchis calmement, respire tranquillement.
Canalise ton énergie. Isole-toi si c’est nécessaire, ça fait du bien d’être seule avec soi-même.
Sois toujours positive, jamais négative.
Et surtout, ne sois jamais victime. On fait des choix dans la vie, on ne subit bien que ce qu’on a choisi.
Toujours orientée vers la lumière, ne rumine pas les bourdes de ta vie, parce qu’elles te suivront alors sans cesse.
Apprends la leçon avec humilité quand tu te trompes et dis-toi qu’heureusement, tu l’as appris et qu’on ne t’y reprendra pas.
J’ai appris rapidement que je ne devais pas imposer mon opinion, mon caractère ; je cherchais le respect de façon maladroite.
Je voulais être reconnue et j’essayais de mettre le spot light sur moi, alors que ce n’était pas mon tour.
L’humilité te rendra toujours plus service que toute autre chose. Partage le succès, rends à César ce qui lui revient.
Aussi, ne laisse pas ton caractère envahir ton ambition, c’est dans la finition des choses que l’on voit la personnalité des gens.
Lis des biographies des gens que tu admires, apprends de leurs expériences. Inspire-toi, mais n’envie pas (positif vs négatif).
Tu es pleine de beautés et de richesses.
Tu es extraordinairement attachante.
Tu es une battante.
Tu es magnifiquement unique et les gens t’adoreront pour ça. »

Et ce courriel, je le relis souvent dernièrement, puisque mon domaine m’a abandonnée, ma vie a pris un tournant que je n’aurais jamais pensé et j’avais oublié que j’avais une certaine valeur. Avoir des gens dans la vie qui nous aiment suffisamment pour prendre le temps de nous écrire des mots doux, c’est précieux.

Faites l’exercice. Écrivez à une amie, sans attente, comment VOUS la voyez. Comment elle se démarque à vos yeux et ce qu’elle fait de magnifique dont elle ne se rend plus compte. Parce que ce courriel peut se retrouver quinze ans plus tard à la ramener vers son essence, et elle vous en sera reconnaissante.

Kim Boisvert

Cher agent de police, chère agente de police, sache que je pense à toi -Texte Marilou Savard

Bien que je respecte les choix du gouvernement, il reste que les nou

Bien que je respecte les choix du gouvernement, il reste que les nouvelles lois, c’est toi qui les appliques sur le terrain.

C’est toi qui dois gérer l’être humain dans toute sa différence.

C’est toi qui subis verbalement et physiquement de la violence.

Toi, tu n’as rien décidé là-dedans, mais c’est ton devoir de faire ce qu’on t’a dit de faire.

Tu es malheureusement et trop souvent le bouc émissaire idéal.

C’est sans oublier tout ce qui est déjà difficile dans ton métier.

Accident de voiture, scène de dispute, scène de violence, drame familial, suicide et j’en passe.

Alors cette pandémie qui est arrivée sans demander la permission a ajouté à elle seule un énorme fardeau sur tes épaules.

Au début de chaque quart de travail, tu ne sais pas si on insultera ta personne, ton intelligence ou même si on s’en prendra de manière physique à toi. Je n’ose imaginer ce que tu dois ressentir.

Tu es au service du citoyen pour notre bien. Alors j’espère sincèrement que les gens penseront aussi au tien en étant conciliants.

Merci de continuer à travailler, merci de nous choisir.

Marilou Savard

Lettre à mes filles

Mes précieuses,

Maman aimerait

Mes précieuses,

Maman aimerait ça que vous preniez un jour le temps de lire ces quelques phrases. Parce que présentement, j’arrive à vous les écrire d’un coup, sans penser. Lorsque vous serez là, je crois bien que mon monde ne sera plus du tout le même et que mon cerveau sera bien trop occupé à vous aimer d’un amour qui me surprendra.

Mes belles Amours, osez rester vous-mêmes dans un monde où on vous demandera constamment d’être quelqu’un d’autre. Vous êtes déjà exceptionnelles, vous avez défié l’impossible et vous êtes là, pleines de vie. Au moment même d’écrire ces lignes, mon ventre danse au rythme des touches du clavier.

Un de mes plus grands désirs est que vous osiez aimer tellement fort que lorsque vous poserez vos yeux sur l’élu de votre cœur, vous en perdrez pied. Oh, et si jamais c’est une élue, maman n’y verra pas de différence. L’important, c’est que vous connaissiez l’amour, le vrai, dans le respect et le bonheur. Le genre d’amour que votre père et moi avions quand on vous a créés. Parce que même séparés, on vous aime comme au premier jour.

Ne croyez jamais les personnes qui vous diront que quelque chose n’est pas possible. Dans cette vie, la jalousie existe, l’incompréhension et le jugement aussi. Que vous vouliez être médecin, serveuse ou artiste, vous pourrez accomplir tout ce que vous désirez. Il vous suffira de le vouloir assez fort pour vous relever lorsque vous tomberez. Et j’espère bien que vous allez tomber. Ce sera nous contre le monde s’il le faut. Mais jamais je ne laisserai quelqu’un vous faire croire que le ciel ne vous appartient pas.

C’est important que vous partagiez notre monde avec les autres êtres vivants qui y habitent. Que vos choix soient conscients, peu importe lesquels. Maman a décidé de ne plus manger d’animaux, par respect pour leur vie, notre planète et notre santé. Vous ferez vos propres choix lorsque vous serez en mesure de comprendre tout ça. Mais gardez en tête que vous devez être conséquentes avec vos actions et que ça ne sera pas toujours facile à expliquer.

Dans le même ordre d’idées, ne craignez jamais des coutumes que vous ne connaissez pas. Acceptez que notre monde soit rempli de couleur, d’habitudes et de croyances. C’est ce qui fait que vivre sur cette terre est aussi exceptionnel ! Ne vous laissez pas influencer par les médias ou des gens qui ne comprennent pas que dans toutes cultures, il y a des extrémistes. Nous ne formons qu’un. Faites partie de ce tout avec amour.

Je vous souhaite de vous battre pour vos convictions, mais surtout d’en avoir. Même si je ne serai pas toujours d’accord avec vous, je serai la première à échanger avec vous et à vous entendre.

Je vous souhaite de vous aimer assez fort pour savoir ce qui est bon pour vous et de vous éloigner de ce qui est néfaste. Profitez de cette vie pour être heureuses, jamais aux dépens des autres par contre.

Je vous souhaite de trouver votre équilibre et de conserver une place zen en vous où vous pourrez toujours trouver la force d’avancer.

Les filles, mes petits Pandas

Ça ne sera pas toujours facile. Parfois, vous aurez envie d’abandonner. Vous croirez que vous n’êtes pas assez. Assez fortes, bonnes, intelligentes, différentes. Vous aurez tout faux.

Lors de ces moments, rappelez-vous que vous avez été mises sur cette terre pour plus grand que vous. Prenez votre épée et montez sur votre pouliche pour vaincre vos peurs. Vous êtes plus fortes qu’elles. En plus, un village au complet est là pour vous. Et vous serez à jamais jumelles. Au nombre de coups que vous vous êtes déjà donnés, j’crois bien que vous êtes quittes anyway. Alors aussi bien faire front commun, non ?

Maman.

Kim Boisvert

Tenir pour acquis

Nous voilà de retour en confinement total, et avec maintenant plus

Nous voilà de retour en confinement total, et avec maintenant plus de restrictions dont le couvre-feu.

Toutefois, on y survit.

On s’y adapte.

Cette étrange période de pandémie continue de nous apprendre la leçon qu’on tient énormément de choses pour acquises dans la vie.

Plus on nous enlève des privilèges et que l’on continue de respirer, de bien manger, de passer des moments de bonheur autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, plus on se rend compte que tout le reste qui nous manque, aussi gros soit-il, n’est pas essentiel.

C’est vrai que ce mot nous frise les oreilles, mais ça reflète une réalité qu’il y a tellement de choses de la vie « normale » qui sont des cadeaux, des bonus.

Ce virus nous a permis de réaliser à quel point, parfois, on ne voit pas la valeur de quelque chose, de quelqu’un, d’une action, d’un moment.

Ça permet de remettre nos priorités aux bonnes places. On se rend compte que c’est le contact humain de nos proches qui nous manque le plus. Que le temps passé avec eux n’est pas acquis lui non plus.

Je suis une fervente fan des restaurants, cinémas, parcs d’attractions, festivals et voyages, mais qui réalise qu’on est extrêmement choyés de toutes les possibilités que l’on a connues avant 2020 et que l’on continuera d’avoir dans un futur prochain.

Marilou Savard

Ta vie c’est de la marde

À toi, ma chère et tendre amie,

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À toi, ma chère et tendre amie,

Je le vois bien que tu feeles pas depuis un boutte. Tu files un mauvais coton. T’as le trou-du-cul en d’sous du bras. Bref, ta vie c’est de la marde.

Je te dirai pas que t’es belle parce qu’entre toi et moi, quand tu feeles pas, ce n’est pas te faire dire que t’es belle dont t’as envie. C’est de te faire dire que t’as raison, que de A à Z, ta vie, c’est la pire du monde. Digne d’une tragédie grecque ou d’une série québécoise. C’est selon.

Je ne te dirai pas non plus que ça va passer, parce qu’en ce moment, t’as l’impression que ton calvaire va durer aussi longtemps que la trilogie du Seigneur des anneaux et qu’en plus, tu vas te taper une autre trilogie racontant les débuts de ton enfer. Tout ça te donne follement envie d’introduire ton doigt dans un endroit qui te ferait disparaître. Donc non, t’y crois pas que ça va passer.

Je comprends ça. Mais laisse-moi te parler dans le fond de tes beaux yeux bruns. T’as raison, parfois c’est de la marde, la vie. Plus souvent qu’autrement.

C’est de même, la vie. Ça nous ramasse par le collet pis ça nous sort un crochet d’une troisième main qu’on n’a jamais vue venir. Pourquoi donc, dis-tu ? Simplement parce que sinon, on n’existerait pas. On n’évoluerait pas. On ne ressentirait rien mais surtout, on ne guérirait rien.

Mais des fois pour éviter une baffe, on se ramasse un POW.

T’es de même, toi. Une girouette. Oh, prends‑le pas mal. On t’aime de même, toutes nous autres autour de toi qui bourdonnent sans cesse. Mais on le sait que des fois, tu dis des mensonges avec ta bouche. Tu dis que ça va, mais on le voit dans le fond de ton iris que c’est pas vrai. Pas vrai pantoute. C’est ça le fuck. T’as l’impression que le monde t’écoute pas quand tu dis que ça va pas, donc t’as juste arrêté de le dire. Les gens sur qui tu mets toute ton énergie font partie du problème et non de ta solution. Tu veux tellement être forte que t’as oublié que personne ne te demande de l’être. C’est toi qui t’imposes ça. Donc tu cours partout pour être certaine de bien t’étourdir, mais là, t’es dans un combat que t’as pas pris le temps de préparer. T’es nu-pieds pour jouer au soccer. Tu pars à la guerre avec un cure-pipe. Tu vas combattre un dragon à dos de poney.

The thing about pain is that it demands to be felt.

Tu m’as déjà dit que j’étais forte. Ouais. Ma solution, c’est juste ça. Les mauvais bouttes, faut pas les éviter ni les repousser. Faut leur varger dedans à grands coups de sacres bien placés, de crises de dents et de pleurs de crocodile. S’avouer un peu plus triste qu’on l’aurait souhaité face à une situation, it sucks. A lot. I know. Been there, done that. Mais ce qui est bien, c’est que le réaliser, c’est la première étape vers un monde d’arc-en-ciel. Parce que dans le fond, le fait que tu sois capable de te rendre compte que ta vie c’est de la marde, c’est que t’es encore capable de savoir qu’il y a des bouts où c’est pas comme ça.

T’as raison, ta vie c’est de la marde. Présentement. Pas tout le temps. Sinon les gens ne resteraient pas près de toi. T’es une personne exceptionnelle et t’as juste oublié pourquoi. Je te l’ai déjà dit, t’es fucking AWESOME !

T’es belle, pis ça va passer. J’avais dit que je te le dirais pas. Mais ce sont deux faits qui sont indiscutables. Pis anyway, tout le monde le sait que de la marde, ça fait des maudites belles fleurs.

T’es magnifique et ce bout‑là va faire son temps et apporter plein d’autres trucs. T’as le temps de te trouver des runnings, une épée et un étalon.
Je t’aime. Lâche pas.

Kim Boisvert

Nancy a des couilles

Quand j’ai vu la Présidente de la Chambre des représentants des

Quand j’ai vu la Présidente de la Chambre des représentants des États-Unis debout derrière son lutrin et son masque fleuri alors qu’elle expliquait la mise en accusation de l’homme le plus puissant du monde (jusqu’au 20 janvier 2021, du moins…), ma première réaction a été : « Wow ! Nancy a des couilles ! »

Une deuxième mise en accusation de Trump par cette femme en petite robe noire, sans compter la fois où elle a osé déchirer le discours présidentiel, debout entre le drapeau américain et les caméras, à un mètre à peine derrière le… Président. Ça prend du guts (des intestins, si on se permet de traduire… pas vraiment mieux que les parties en bas de la ceinture…) en titi ! Qu’on soit pour ou contre, on doit admettre qu’elle s’est, littéralement et symboliquement, tenue debout pour tenir son bout. Discours construit, voix calme et ferme dénuée d’émotions (j’imaginais le stress intense qui devait lui tordre les entrailles, les menaces qu’elle doit recevoir… genre la peur avant un exposé oral au primaire × 1 million), colonne droite malgré les tentatives d’intimidation. Un exemple pour tous les parents, pour tous les humains. On recherche toutes les informations pertinentes, on analyse, on utilise les ressources disponibles pour confronter nos idées, on construit notre discours et on s’y tient. Ferme et bienveillant. That’s it. 

Et là, je me suis demandé pourquoi la première expression qui m’était venue à l’esprit parlait de couilles. Une femme ne peut-elle pas être courageuse et solide sans se faire assigner un attribut mâle ? Nancy Pelosi est féminine, élégante, chic. Et puissante. Pas besoin de veston, de cravate et de testicules pour se tenir debout pour ses convictions, même devant le plus grand clown homme de l’histoire américaine.

Nancy n’a pas de couilles. Elle n’en a pas besoin. Elle a un utérus et des idées qu’elle assume. Elle porte un masque à fleurs qui tient tête à l’entêtement de son opposant. Qu’on soit pour ou contre le masque, le président, l’existence de la COVID ou le port du vernis à ongles, inclinons-nous devant cette démonstration de calme déterminé.

Nathalie Courcy

 

Crédit photo : Eric Thayer/The New York Times/Redux