Pas facile de vivre avec de l’anxiété !

Ma fille de 20 ans vit tout comme moi de l’anxiété. Nous avons le

Ma fille de 20 ans vit tout comme moi de l’anxiété. Nous avons le même diagnostic : anxiété généralisée.

Je la regarde, je l’observe et je me revois à son âge. Il y a tellement de similitudes entre nous deux que ça me fait parfois peur.

Pourtant, nos vies ont été si différentes sur tous les plans.

Pendant sa petite enfance, ma cocotte était une petite fille enjouée, joyeuse, sociable. Elle avait plein d’amis, elle était bien entourée et toujours occupée. Spectacles de danse et de chant auxquels elle invitait ses amis à participer. Vélo, patin, soccer, baignade. Elle était très active, tout comme ses frères.

Elle était rarement à la maison, trop occupée à vivre sa vie de petite fille. Sa vie sociale se déroulait très bien.

Par contre, sur le plan académique, c’était plus difficile. Orthophoniste, orthopédagogue, psychologue scolaire ont fait partie de son parcours. Elle devait toujours travailler plus fort que les autres pour y arriver. Plusieurs démarches ont été faites pour l’accompagner et la soutenir afin qu’elle puisse vivre des réussites. Malgré toutes les rencontres avec les spécialistes, jamais ils n’ont été capables de prononcer un diagnostic pour qu’elle puisse recevoir l’aide nécessaire. Et le secondaire est arrivé avec son lot de défis.

Puis vers l’âge de 15 ans, tout a basculé. Elle a fait une crise d’épilepsie à la maison. En réalité, elle en a fait deux en moins de 15 minutes. On ne savait pas ce qui se passait. J’ai eu la peur de ma vie. Diagnostic : épilepsie juvénile. 

Le neurologue lui a prescrit une médication adaptée à sa nouvelle condition. Mais plus le temps passait, plus je voyais ma fille s’engouffrer dans un tourbillon de peur, d’anxiété et de souffrance émotionnelle. 

Elle ne voulait plus prendre l’autobus scolaire le matin, car les autres jeunes la regardaient défiler dans l’allée pour se trouver une place. Elle craignait le jugement des autres. Elle avait peur de leur regard posé sur elle. Elle voulait passer inaperçue. 

Elle se plaignait de toutes sortes de maux pour éviter d’aller à l’école. 

Elle avait peur de faire une crise d’épilepsie et que tout le monde la voie dans cet état. 

Elle a arrêté de jouer au soccer, car elle avait perdu confiance en elle. Et elle s’imaginait que ses coéquipières la trouvaient poche.

Elle s’isolait de plus en plus et refusait les invitations de ses amis. Elle restait dans sa chambre, seule, à vivre toutes ces émotions qui bouleversaient son quotidien, qui chamboulaient sa vie d’adolescente.

Je ne la reconnaissais plus. Ni son père ni les autres membres de la famille.

Nous avons pris rendez-vous avec son médecin de famille, nous avons aussi consulté de nouveau le neurologue et il nous a appris que 5 % des gens qui prenaient ce médicament avaient développé des symptômes de dépression…

Alors, changez sa médication au PC, monsieur le docteur ! Je veux que ma fille retrouve sa joie de vivre.

Mais l’autre médicament avait aussi des effets secondaires. Prise de poids, perte de cheveux, peau sèche, sueurs nocturnes… rien pour aider une jeune fille.

Elle a décidé de lâcher l’école en quatrième secondaire. Ma cocotte n’arrivait plus à gérer son anxiété et ses difficultés scolaires.

L’anxiété s’est de plus en plus infiltrée dans son quotidien. Elle avait des idées noires. Elle a commencé à prendre des antidépresseurs. J’avais inscrit des numéros de téléphone, des sites Internet sur le frigo, juste au cas où. J’ai aussi appelé au CLSC. Ils lui proposaient une thérapie pour les 18 à 25 ans. Elle n’a pas voulu y participer.

Le retour à l’école ne s’est jamais fait, du moins jusqu’à maintenant. Elle a eu un emploi pendant près d’un an. Elle travaillait avec son frère jumeau. Mais quand celui‑ci a quitté cet emploi pour entreprendre une formation, son anxiété a augmenté et elle a quitté son travail.

Elle a 20 ans. Elle ne réussit pas à trouver ce qui la passionne. Pourtant, elle a plein de potentiel dans plusieurs domaines.

Elle adore la mode, la décoration, elle est très créative. Elle fait le toilettage de notre chien et elle est très habile. Elle est capable d’apprendre d’autres langues assez facilement. Elle aime l’histoire, l’architecture… Elle a une très bonne écoute, une belle empathie et plein de bienveillance. Elle est une jeune femme autonome, organisée, mature et responsable. Mais quand je lui nomme toutes ses qualités, elle ne me croit pas. 

Depuis quelques mois, elle va bien. Elle va mieux. Elle se questionne, réfléchit à son avenir. Son anxiété est toujours présente, mais elle la gère mieux. Parfois, elle vient encore me réveiller la nuit, car son anxiété l’empêche de trouver le sommeil. Son hamster lui raconte des histoires qui n’arriveront sûrement jamais. Je les connais ces petites bêtes, alors je peux l’aider. Mais pas toujours ! 

Je lui souhaite de trouver son chemin, celui qui la guidera vers le monde des adultes. Sa route sera différente des autres, mais elle va y arriver, j’en suis certaine.

Aie confiance en toi ma grande !

Line Ferraro