Ce moment…
On frappe à la porte de ma classe. Je croise les yeux inquiets de l
On frappe à la porte de ma classe. Je croise les yeux inquiets de la secrétaire et de ma collègue. Ce sera elle qui prendra le relais, le temps que je sorte et que la secrétaire me fasse cette annonce, celle du décès du papa d’un de nos élèves.
Une banalité. La mort s’est invitée sans s’annoncer.
Du coup, je me rappelle ce moment, les yeux de l’infirmière qui m’avait annoncé sans parler le décès de ma mère, il y a déjà quatorze ans.
Ce moment, tu ne l’oublies jamais.
Ce matin, je suis retournée en classe chamboulée, habitée par un chagrin sans fin, sachant toutes les douloureuses étapes qui attendent ce petit humain, son jeune frère et surtout, leur maman.
Désorganisée, j’ai tenté de mon mieux de rester sereine. Il nous fallait attendre le plan de match.
Comment annoncer à des enfants de douze ans que leur ami aura grandement besoin d’écoute et de soutien pour les prochaines semaines? Comment leur expliquer ce drame tout en les rassurant, en leur rappelant qu’une histoire comme celle-là, c’est rare? Si c’est rare, pourquoi lui? Pourquoi cet élève?
Pour plusieurs de ces enfants, ce sera un premier contact avec la mort, le moment où on commence à prendre conscience que nous ne sommes pas éternels.
C’est en après-midi et après avoir pris une grande respiration que j’ai expliqué ce grand malheur aux petits humains devant moi.
L’onde de choc s’est fait sentir. Certains connaissaient ce papa. Pour d’autres, cette situation leur remémore le départ d’un grand-parent, d’un animal, la maladie d’un proche. Chacun a reçu cette nouvelle à sa façon, avec son petit bagage de douze ans de vie.
Nous avons eu besoin de sortir au grand air. Les accolades et les bons mots étaient au rendez-vous.
Aujourd’hui, je me suis souvenue à quel point la vie est fragile.
Mon grand, toi qui contamines ceux qui t’entourent par ton bonheur facile, je souhaite de tout mon cœur que cette douleur si vive s’apaise rapidement, que la flamme qui t’habite jamais ne s’éteigne.
Je pense à toi et sache que je te comprends.
Karine Lamarche