Vivre chaque jour comme si c’était le dernier – Texte: Joanie Fournier
On a tous déjà entendu cette expression : « Il faut vivre chaque jour c
On a tous déjà entendu cette expression : « Il faut vivre chaque jour comme si c’était le dernier ». Ça sous-entend que le bonheur réside dans les petites choses qu’on s’autorise au quotidien. Qu’il faut prendre les décisions chaque jour qui nous mèneront vers le bonheur sans vivre avec des regrets. Qu’il faut prendre le temps, vivre, choisir des choses qui nous rendent heureux.
Au premier bébé, on a l’impression de profiter de chaque moment avec lui. De chaque sourire, de chaque câlin, de chaque berceuse. Puis, les autres enfants viennent au monde et la fameuse routine métro-boulot-dodo s’enclenche. Les journées passent à une vitesse folle, les semaines se succèdent et les années nous échappent. Puis, en clignant des yeux, on se retrouve des années plus tard. Les enfants sont grands et autonomes. Ils vont à l’école. Et on a parfois l’impression que ces années ont passé en un claquement de doigts. Je connais si bien cette étrange sensation.
Mais voilà que la vie nous a offert un dernier bébé, sur le tard. Et le plus drôle, c’est que j’ai l’impression d’en profiter encore plus… Ma carrière est bien établie, je cours moins après chacune de mes payes, je suis installée et outillée. Et à chaque étape, je me rappelle que c’est la dernière fois que je la vis. Je pense que c’est ce qui fait justement que j’en profite autant.
Chaque soir, quand je berce mon bébé, je me dis que c’est peut-être la toute dernière fois que je pourrai le bercer… parce qu’il aura peut-être décidé demain qu’il n’en a plus besoin. À chaque fois que je cours derrière lui et que je me sens fatiguée parce qu’il touche à tout, je me répète que c’est peut-être la dernière fois que je verrai autant de curiosité dans ses petits yeux.
C’est la dernière fois que je verrai des petites cuisses potelées en changeant une couche. C’est la dernière fois que j’aurai la chance d’entendre des premiers mots. C’est la dernière fois que je vivrai des premières fois… Une fois qu’on accepte que c’est le dernier bébé, j’ai l’impression qu’on arrête de courir et qu’on réussit à enfin presque arrêter le temps…
Parce que quand il voit une coccinelle par terre, toute la famille s’arrête pour l’observer avec lui. Quand il entend une musique au loin et se met à se dandiner, c’est toute la famille qui s’arrête pour bouger avec lui. Quand il dit « chaud » et souffle sur son bol de soupe, toute la famille l’imite du même coup… Avant, je pensais qu’un bébé apporterait une charge supplémentaire. Au contraire, ce bébé nous apprend comment arrêter le temps et profiter de la vie. De chaque petite chose de la vie. Parce que grâce à lui, on vit vraiment chaque jour comme si c’était le dernier. Toutes ses premières fois à lui sont nos dernières premières fois à nous.
Maudit qu’on est chanceux, pareil.
Joanie Fournier