Mon éducatrice à moi
Je m’appelle Leïla et j’ai un an et demi. Hier, j’ai entendu
Je m’appelle Leïla et j’ai un an et demi. Hier, j’ai entendu de grandes personnes discuter et ça m’a rendue triste. Tu sais ce qu’ils disaient? Ils disaient qu’être éducatrice, ce n’est pas un travail. Le monsieur dans la télé disait que les éducatrices se battaient pour leurs conditions de travail. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais ça avait l’air sérieux. Il y a eu une grande discussion entre mes parents et leurs invités. Papa et maman leur expliquaient le travail de mon éducatrice, mais les autres disaient que ce n’est pas un travail, être éducatrice, qu’elles ne font que jouer à la journée longue.
Je ne parle pas beaucoup, mais j’aurais aimé pouvoir leur dire tout ce que mon éducatrice Mélanie fait pour moi.
Juste hier, un des amis du groupe est arrivé avec des bobettes. Wow! Mélanie lui a dit qu’elle était fière de lui. Il a fait pipi par terre et Mélanie n’était même pas fâchée. Elle lui a dit que c’était un accident, elle a ramassé le dégât, changé les vêtements de mon ami. Pendant ce temps, nous (les autres amis du groupe) on a fait un peu de niaiseries. Plus tard, mon ami a réussi à faire son caca dans le pot. Mélanie était tellement contente, elle tapait des mains, dansait, disait « Bravo! Bravo! » Je ne comprends pas trop pourquoi, elle ne fait pas ça quand je le fais dans ma couche, mais ça m’a donné le goût d’essayer. Mélanie a bien voulu. Elle m’a assisse sur le pot. Je n’ai pas réussi, mais elle m’a dit que ce n’était pas grave, que je pourrais réessayer plus tard si j’en avais envie.
Gabriel et Madyson ne s’entendaient pas bien aujourd’hui. Mélanie a dû les aider plusieurs fois à résoudre leurs conflits (comme elle dit). Elle les aidait à trouver les bons mots au lieu de se taper et de se mordre. Elle nous le répète souvent. Et tu sais quoi? On s’en vient vraiment bons. On utilise de beaux mots et je vois dans les yeux de Mélanie qu’elle est fière des amis.
Mélanie, elle chante tout le temps et nous explique tout. Elle parle sans arrêt. Et moi, j’apprends plein de nouveaux mots dans ce temps-là, sans même m’en rendre compte.
Hier, maman a dit à Mélanie qu’elle était fière de moi parce que j’arrive à m’habiller seule pour partir et on gagne beaucoup de temps. Les amis et moi, on a travaillé fort pour y arriver. Mélanie a eu chaud, mais elle continuait à nous aider, à nous encourager. Elle a même trouvé des trucs pour que ce soit plus facile. J’aime ça quand elle chatouille mes orteils lorsque j’arrive à sortir le pied de mon pantalon de neige. Je ne m’en rends même pas compte, mais son jeu me pousse à faire des efforts.
Au dîner, je trouve ça difficile parce que j’oublie souvent d’utiliser ma cuillère pour manger. Je prends mes mains. Mélanie nous répète souvent de manger avec notre cuillère. On essaie et on met de la nourriture partout. Des fois, Mélanie dit que le plancher mange plus que nous et ça nous fait bien rire. Ça en fait du dégât à ramasser.
Oui, c’est vrai, on joue. On joue beaucoup même. Mais Mélanie, elle est hot parce que je joue, mais j’apprends. J’apprends à partager, à tenir un crayon, à découper, j’apprends à réfléchir, à m’exprimer, j’apprends à attendre mon tour, j’apprends à dire « s’il vous plaît », « merci » et « est-ce que je peux? » J’apprends à m’excuser lorsque je fais mal à un ami. J’apprends à tousser dans mon coude. Mélanie nous apprend même à nous moucher et c’est vraiment difficile. J’apprends tellement et Mélanie me valorise beaucoup, me soutient quand c’est vraiment trop difficile pour moi.
Elle prend soin de moi quand je suis malade. Parfois, elle appelle papa ou maman au travail parce que c’est mieux pour moi d’être à la maison. Je l’aime beaucoup, Mélanie, mais quand je suis très malade, c’est avec maman et papa que j’ai envie d’être.
Elle me console lorsque j’ai du chagrin, elle m’aide à mettre des mots sur mes sentiments. Elle me respecte et respecte mes choix, même si des fois, c’est vraiment long avant que je réussisse à mettre mon soulier toute seule. Mais tu sais, à dix-huit mois, j’y tiens vraiment, vraiment beaucoup.
Moi, je grandis. J’essaie de nouveaux trucs que je réussis et je suis fière de moi. J’aime voir la fierté dans les yeux de Mélanie.
Mélanie, elle m’offre l’environnement idéal pour faire tout ça et elle m’offre une routine qui me sécurise. Elle m’accueille tous les matins avec un grand sourire et un câlin lorsque c’est plus difficile pour moi de dire « bye » à papa et maman.
Derrière chaque activité, chaque jeu, chaque routine, se cache un but et Mélanie a pris le temps d’élaborer ça juste pour mes amis et moi. Toi, tu as peut-être l’impression que Mélanie fait juste jouer, alors tu n’as pas compris que moi, j’apprends en jouant.
Si je pouvais parler plus comme vous, les grands… c’est ça que je te dirais. Tu comprendrais peut-être mieux tout ce que fait mon éducatrice à moi.
Je l’aime Mélanie et du haut de mes 18 mois, j’apprécie tellement ce qu’elle fait pour les amis et moi!
Mélanie, elle est éducatrice et elle me dit souvent qu’elle fait le plus beau métier du monde!
Mélanie Paradis