Je m’ennuie de vos petits doigts enroulés autour des miens ! Texte : Marie-Nancy T
Trop souvent, on ne se rend pas compte de la valeur d’un moment avant qu’il ne devienne un souvenir. Il y a quelques années, j’étais loin de me douter que les laborieuses nuits blanches passées avec mes bébés deviendraient des beaux souvenirs de ma vie de maman. C’est fou comment la vie défile à vitesse grand V. C’est fou comment les années se dissipent, sans crier gare. C’est tellement cliché de dire cela mais c’est avant tout tellement vrai.
Est-ce qu’il vous arrive parfois de faire un petit bilan de votre parcours personnel et de réaliser que le temps s’est écoulé, sans vous donner d’avertissement ? J’ai parfois cette relation amour/haine avec le temps. Lors des périodes difficiles, le temps est mon allié car grâce à lui, mes douleurs se dissipent et s’estompent. À d’autres occasions, le temps est mon ennemi. Comme lorsqu’il décide de filer, comme un voleur, en emportant avec lui des moments précieux de ma vie. Des moments qui ne reviendront jamais.
Récemment, j’étais affairée à regarder des photos récentes de mes filles. J’ai réalisé, abruptement, qu’elles étaient devenues des petites ados. Deux belles jeunes filles en devenir. Je le savais, évidemment, mais cette journée-là, j’en ai pris pleinement conscience et j’ai reçu une gifle en plein visage. Comme un coup de massue. J’ai eu un choc. Mais où sont mes bébés ? J’ai vécu par la suite un moment de nostalgie et de réflexion. Est-ce que j’ai assez profité de tous les moments avec mes filles, depuis leur naissance ? Est-ce que j’ai réussi à créer de beaux souvenirs pour elles, du temps de leur petite enfance ? Qui plus est, je me suis remémoré des périodes plus difficiles de ma vie, des soirées où j’étais plus fatiguée et moins disponible pour elles. J’ai vécu de la culpabilité à leur égard. Malencontreusement, la fameuse culpabilité de maman, on n’y échappera jamais. Mais ça, c’est un autre sujet.
Je suis nostalgique quand je repense à tous les beaux moments qui ne reviendront guère. Je suis mélancolique quand je fouille dans mes souvenirs et que je revois les petits doigts de mes bébés filles, enroulés autour des miens. Mais où sont rendus leurs petits doigts délicats qui s’enroulaient autour des miens, lorsqu’elles avaient besoin de réconfort ? Ils ont été emportés par le temps. En même temps, je suis heureuse lorsque je repense à tous les moments doux passés avec mes filles. Je suis remplie de gratitude de les voir évoluer chaque jour. Je suis fière des deux petits humains que nous avons créés, mon conjoint et moi. C’est paradoxal comme sentiment quand on y pense. La nostalgie et la mélancolie affrontent la fierté et la joie. Je sais qu’il y a encore plein de beaux moments à venir et que nous devons en profiter au maximum. Nonobstant, je demeure nostalgique quand je repense aux moments qui ne reviendront jamais.
Au fond, c’est probablement cela être parent, vivre des émotions parfois contradictoires. Être parent c’est aussi tenter de guider nos enfants, au meilleur de nos capacités, vers leur autonomie et vers leur vie adulte. C’est accepter de les voir vieillir et de les laisser faire leurs propres choix. Être parent c’est également permettre à nos enfants de prendre leur envol, même si ce n’est pas toujours facile, pour une maman. Quel privilège au fond que d’être parent. Quel privilège que de voir grandir et évoluer nos enfants, de les voir se forger leur propre personnalité, à travers les valeurs que nous tentons de leur inculquer.
Je m’ennuie de vos petits doigts, enroulés autour des miens, les filles. Mais en parallèle, je suis immensément privilégiée et fière de vous voir devenir les adultes qui vont constituer la société de demain. Prenons le temps d’analyser chaque moment passé auprès de nos enfants, peu importe leur âge. Prenons le temps de contempler leurs petits doigts de bébés enroulés autour des nôtres, lors des nuits blanches. Car qui sait, peut-être que ces moments deviendront des souvenirs de nostalgie ou encore de joie. Des souvenirs pour la vie.
Nancy Tremblay