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Mon enfant est malade

« Mon enfant est malade ? L’ibuprofène sera mon allié pour q

« Mon enfant est malade ? L’ibuprofène sera mon allié pour qu’il passe au travers de sa journée… »

Je n’ai jamais trop eu à gérer ce type de parent. Heureusement. Ils sont peu à se soustraire à ce rôle lorsque leur enfant requiert le chevet une fois malade. Mais des histoires de la sorte, j’en ai entendu parler. Ce ne sont pas, malheureusement, que des ouï-dire… que des histoires racontées autour d’un feu de camp pour créer l’émoi.

En regardant les petits yeux vitreux de votre enfant ce matin-là, vous vous êtes demandé ce qu’il avait. Il fait de la fièvre. Pas une petite température qui s’élève et qui signifie une petite poussée dentaire ou un petit mal… non… quelque chose qui cloche. Vraiment. Vous vous êtes levé maintes fois cette nuit car il vous réclamait. Il pleurnichait, se retournait dans son lit tout en vous demandant un verre d’eau, puis n’en voulait plus. Vous murmurait entre deux sanglots qu’il n’était pas bien. Il a fini par se rendormir. Vous aussi. La nuit fut courte pour tous. Et là, la fièvre. Aucun autre symptôme qui se pointe. Juste votre fatigue, sa température et ses yeux vitreux.

Vous administrez un peu d’Ibuprofène pour qu’il tienne le coup toute la journée. Qu’il soit « juste » confortable pour passer au travers. Ce soir, après la journée de travail, on regardera ce qu’il a… s’il l’a toujours ! Ce n’est pas le matin que nous avons le temps de relativiser. Il y a le boss qui nous attend, des documents à remettre ou à présenter. Nos suppositions de maladies peuvent bien attendre. Le mal-être de notre enfant attendra. L’ibuprofène servira alors à cela.

Aucune collaboration de notre tout petit pour accélérer le pas. C’est qu’il nous retarde, ce matin ! Avec la courte nuit passée, difficile de rassembler nos esprits pour être à l’heure !

Arrivés au service de garde, on esquive un sourire à l’éducatrice en lui laissant notre petit trésor. Souhaitant qu’elle n’y voie que du feu. Espérant que la bonne humeur de notre enfant revienne à la vue des nombreux jouets qui s’offrent à lui, devant la disponibilité de son éducatrice, devant le bonheur des retrouvailles de ses copains de la journée, devant cette pièce remplie de comptines et de jeux qui l’attendent. Il va s’amuser… pourquoi s’inquiéter davantage.

On retourne à sa voiture. On a caché la mauvaise nuit à l’éducatrice. On a négligemment donné de mauvaises pistes sur la médication offerte pour soulager son état, son mal, ses maux. On pense à notre amour. On se sent coupable de ne pas avoir pris du temps, de ne pas avoir écouté son instinct de parent. On retourne à son travail, à ses préoccupations d’adulte. Notre enfant est entre bonnes mains. Tout ira bien. On jugera de la situation ce soir.

Puis le dîner passe. 15 h arrive. La sieste de votre enfant qui vient de prendre fin. Le téléphone sonne ou le texto arrive, bref, vous aviez fini par oublier. Non pas votre enfant, mais votre nuit et votre matinée désastreuses. L’éducatrice vous le rappelle pourtant. Votre petit ne va pas bien. Et oui, l’effet de l’ibuprofène s’est dissipé. Le décompte est bon. Ça fait huit heures. Et oui déjà. On doit quitter promptement… La journée était bientôt terminée de toute façon. Le temps de boucler les derniers trucs, de passer à la pharmacie ou à l’épicerie (la soirée sera longue, la nuit aussi probablement). Et nous sommes devant l’éducatrice à balbutier des « Ouin… il n’avait pas passé une super bonne nuit… »

Mais, qu’en est-il pour l’éducatrice qui a accueilli votre enfant ce matin-là ?

  • Bon matin à vous deux ! Oupidou ! Tu sembles avoir encore les yeux dans l’oreiller !

(Et oui, elle avait détecté, à ce même moment, qu’il avait passé une mauvaise nuit. Déjà !) Ces petits yeux‑là, elle les connaît. Malgré les couleurs qui changent, ces yeux-là, elle les a vus à maintes reprises, chez plein d’autres enfants. De petits yeux vitreux qui dégagent un « je ne me sens pas au top ! Mais la médication va tout calmer, va tout camoufler ! »  Ce petit rechignement-là aussi, elle le connaît. Cette petite crisette de vous voir partir au boulot tandis qu’il aimerait que vous restiez pour se lover dans vos bras. Elle connaît ça.

Toutefois, l’addition des constatations des deux minutes d’observations dans le cadrage de porte lui rappelle qu’elle devra être là pour votre enfant aujourd’hui. Qu’il en aura besoin. Que son expérience, sa patience, sa douceur lui seront salutaires. Elle préviendra les copains d’être conciliant avec votre enfant. Elle lui permettra de se retrouver seul, en jeu calme. Elle ne le forcera pas à se joindre aux amis lors des activités de groupe. Beaucoup trop bruyantes et énergisantes pour ce petit corps qui tient à peine le coup. Elle n’insistera pas pour qu’il avale « encore une bouchée pour être fort et grand ». Elle préparera son matelas en premier pour qu’il puisse enfin s’y retrouver. Elle s’assurera qu’il est bien, qu’il est confortable, qu’il est tranquille. Elle veillera sur lui. Votre enfant, elle le connaît aussi. Elle s’inquiète pour lui, comme vous.

Sa disponibilité envers votre trésor l’empêchera toutefois d’être aussi présente auprès les autres enfants. Cela l’obligera à revoir l’horaire de sa journée pour que votre trésor puisse bénéficier du meilleur d’elle. Le soir venu, elle passera à la désinfection en grande pompe pour éviter la contagion. Elle sait que les journées à venir seront des répétitions d’aujourd’hui. Tous y passeront assurément et elle aussi. Mais elle sera toujours au poste ! Toujours disponible ! Malgré le fait qu’elle aura puisé dans son énergie pour soutenir toute la marmaille avant que ce soit elle qui finisse par attraper le virus. À court d’énergie. Elle sera là !

Votre enfant a réussi à passer au travers, somme toute de façon relativement simple. Vous avez gagné à la loterie de ceux qui se relèvent facilement des microbes. Un vrai David contre Goliath ! Mais qu’en est-il pour son copain de jeux ? De la maman enceinte qui utilise le service de garde et qui ne peut prendre de médicaments pour soulager adéquatement ses maux ? Qu’en est-il de celui dont la santé est si fragile et pour qui chaque virus vire au cauchemar, l’obligeant à visiter l’hôpital presque à chaque fois ? Qu’en est-il de l’éducatrice qui devra peut-être prendre congé et se faire remplacer ou fermer le service de garde s’il s’agit d’un milieu familial ?

Quand vous agissez pour rendre « juste » confortable l’état de votre enfant pour qu’il soit en mesure de passer au travers de sa journée, votre envie de rendre confortable sa journée ne vous dit-elle pas qu’il serait mieux à la maison ? Vous endormez les maux, mais malheureusement, pas le processus de contamination. C’est important de prendre le temps de se poser des questions. Après la mauvaise nuit et avant de quitter pour le travail, le milieu de garde n’est malheureusement pas votre plan B comme celui exigé dans le contrat de service de garde.

Vous avez confiance en l’éducatrice de votre enfant. Vous l’avez choisie. Sa pédagogie, son environnement répondent en tous points aux valeurs que vous voulez transmettre à votre enfant. Pourtant, lorsqu’elle vous dit que votre enfant peine à suivre le groupe… dans ce moment-là, il importe aussi de lui faire confiance. Elle veille sur votre petit trésor comme sur la prunelle de ses yeux. Ces yeux-là, bienveillants, vous les connaissez pourtant. Vous espérez tellement de cette personne. Faites-lui confiance.

Il importe donc de toujours se poser la question à savoir si l’état de son enfant porte atteinte au reste du groupe qu’il côtoie et surtout… si un autre enfant était dans le même état que le sien et se retrouvait au service de garde… comment nous sentirions‑nous ?

Mylène Groleau

La fièvre

D’un coup, sans prévenir, tu ne files pas, tu respires rapidement, tes yeux sont vitreux, tu devi

D’un coup, sans prévenir, tu ne files pas, tu respires rapidement, tes yeux sont vitreux, tu deviens mou, tu ne manges plus, tu es chialeux, ta peau est si chaude… Je n’ai même pas besoin de prendre ta température, car je sais qu’elle est de retour… la fièvre…

Chaque fois, ce même moment de panique dans mon cœur de maman : mon bébé chauffe ! Son petit corps lutte contre une infection ! Qu’est-ce qu’il a ? Va‑t‑il se déshydrater, convulser ou mourir ? Mes battements cardiaques accélèrent, j’ai la nausée, je me garroche sur un médicament qui va faire tomber sa température. Je cours vers le téléphone : vite, il faut appeler la clinique !

Je sais pertinemment que ça peut ne pas être grave ! Les dents, un rhume, un virus quelconque… MAIS MON BÉBÉ EST MALADE ET MOI J’AI PEUR !

Parce que t’sais, ça se peut que ce soit dramatique ! Sur Internet, je découvre avec angoisse plein de maladies terrifiantes que mon enfant pourrait avoir !

Quand il finit par s’endormir, le souffle court et les joues si rouges, je n’ose pas fermer l’œil… je veille… je tourne en rond et je suis alerte…

Est-ce ça, l’instinct maternel ? Paniquer complètement quand mon petit chauffe ? Si c’est le cas, ce sentiment n’est-il pas primordial pour la survie de l’espèce ? Ça nous oblige à être à l’écoute de chaque alerte !

Pour mon cœur de maman, la fièvre, c’est une alerte ! Alors toi, médecin, infirmière, amie, conjoint, grand-mère… je n’ai pas besoin que tu me dises que ce n’est pas grave, qu’il faut attendre 48 heures, que je ne dois pas m’en faire… J’ai seulement besoin de ta main sur mon épaule, de ton écoute, de ta présence bienveillante. J’ai besoin de tu me croies…

Car quand une maman dit que son bébé ne va pas bien : elle ne se trompe pas…

 

Gwendoline Duchaine