Les fins heureuses – Texte : Arianne Bouchard

Quand j’étais petite, comme la plupart des enfants, je lisais religieusement des contes de fées.

Quand j’étais petite, comme la plupart des enfants, je lisais religieusement des contes de fées. J’avais beau lire et relire les mêmes histoires sans cesse, jour après jour, j’étais toujours émerveillée quand arrivait la fin heureuse. Parce que c’était toujours ça, une fin heureuse.

Et puis j’ai grandi.

J’ai malgré tout continué de lire des contes de fées, mais j’ai été forcée de réaliser que tout cela n’était que de belles histoires pour aider les enfants à s’endormir tranquillement le soir. Dans la vraie vie, on se rend vite compte que le bien ne triomphe pas toujours et que chaque prince ne trouve pas forcément sa princesse.

Dans la vraie vie, on croise bien souvent des pirates, si on peut qualifier ainsi tous les gens peu recommandables de ce bas monde. Le prince, même si on le croise, ne nous remarque pas toujours au premier regard comme dans un coup de foudre et parfois même, il ne nous remarque jamais. Dans la vraie vie, il suffit de bien plus que de perdre sa chaussure à une soirée pour retrouver son prince destiné. Petit conseil : ne pas perdre votre chaussure du tout en fait, car dans le monde dans lequel on vit, un inconnu ne fera pas le tour du monde ni même du village pour vous la rendre, et elle sera perdue à tout jamais. Dans la vraie vie, prisonniers de la plus haute tour, on le restera, car personne ne viendra nous sauver, déjà qu’on a trop la flemme d’ouvrir la porte à notre Uber Eats quand il arrive. Dans la vraie vie, les gens ne tomberaient pas amoureux de la Bête pour sa forte personnalité, son charisme sous-jacent et sa tendresse enfouie, non. La Belle serait probablement plutôt une arriviste plus intéressée par son château et ses richesses, que de vraiment découvrir qui se cache derrière cette apparence peu flatteuse. Au final, elle ne le remarquerait pas et elle vivrait sa vie dans le déni, comme toutes ces filles et leur « Papa en sucre ».

Dans notre réalité, j’ai beau parler aux oiseaux, ils ne me répondent pas. De plus, j’ai horreur des souris, alors quand bien même elles voudraient me confectionner une jolie robe, elles ne seraient pas les bienvenues chez moi. Je serais également prête à parier que si j’embrasse un crapaud, ce n’est pas un prince que je vais trouver, mais fort probablement toutes sortes de maladies.

Et pourtant, je continue de lire des contes de fées et d’écouter des films de princesses en espérant qu’à force d’y croire, ça devienne vrai. Je ne suis pas idiote, seulement un peu rêveuse. Et puis peut-être que Walt Disney avait raison quand il a dit que « le meilleur moyen de réaliser l’impossible, c’est de croire que c’est possible ».

Je voudrais tellement que l’amour puisse bel et bien rompre toutes les malédictions et qu’ensemble nous trouvions la force et le courage des preux chevaliers, pour prendre les devants, stopper les guerres et faire régner la paix autour de nous. J’espère qu’à force d’y croire, on pourra rétablir les fins heureuses.

Oui, j’ai grandi, mais j’ai toujours mon cœur d’enfant même si au travers de mes aventures dans le monde d’adulte, j’ai perdu mon innocence et que j’ai croisé la route du mal trop de fois pour faire comme s’il n’existait pas, comme je l’ai fait avec les monstres sous le lit. Et pourtant, même après avoir croisé le mal tant de fois, je ne peux pas m’empêcher de voir le verre à moitié plein et d’avoir foi en l’avenir. J’ai confiance en moi, j’ai confiance en ceux que j’aime et même si je ne peux pas fermer les yeux sur les atrocités qui se passent chaque jour, j’ai espoir qu’un bon jour, les querelles cesseront et que nous pourrons vivre tous ensemble en harmonie. Dites que je suis stupide, mais dans la vie, j’ai appris à toujours viser la lune, pour toujours au moins retomber parmi les étoiles !

Mais bon, même si la vie n’est pas tout à fait un conte de fées et que je ne suis pas vraiment une princesse, j’ai trouvé mon prince et je compte bien avoir ma fin heureuse.

Arianne Bouchard