Au diable les purées!

Dans ma vie en général, je travaille fort pour garder mon quotidie

Dans ma vie en général, je travaille fort pour garder mon quotidien simple. J’ai fait plein de choix en ce sens pour m’aider à sauvegarder ma santé mentale et lorsqu’est arrivé le moment de l’introduction des solides avec mon fils, je dois dire que je n’étais pas très inspirée par cette étape. Mon allaitement a été simple dès le départ et j’aimais beaucoup la liberté que cela me procurait. J’allaitais partout, je n’avais aucun accessoire à traîner pour nourrir mon fils, c’était simple et efficace, comme j’aime.

Là, je me projetais dans cet avenir pas si lointain où je sentais déjà que j’allais manquer de temps pour faire les purées, que j’allais oublier d’apporter les purées au restaurant ou en visite chez des amis, que mon fils allait refuser de manger sa petite purée bio faite avec amour à la sueur de mon front entre mille et une autres tâches, parce que lui, le brocoli fade, c’est pas son choix numéro 1, que j’allais devoir le faire manger avant nous ou manger froid parce que j’allais devoir le nourrir. Bref, pas grand positif à l’horizon, sinon que mon fil grandissait et que j’étais fière qu’il soit rendu à cette étape.

C’est dans ce contexte que je me suis mise à chercher des alternatives et à ma grande surprise, il y en avait une : la Diversification Menée par l’Enfant (DME). L’étape des purées était évitable, j’étais sauvée!

La DME, bien qu’elle ne soit pas encore officiellement reconnue dans la guide Mieux-vivre, est en train de gagner en popularité au Québec. Il est assez aisé de trouver de l’information sur le sujet auprès de sources fiables (livres, nutritionnistes, site Internet) et il existe également des groupes de soutien sur Facebook pour les parents adeptes de la DME. De mon côté, après avoir lu sur le sujet, j’ai consulté une nutritionniste via un entretien par Skype, cela m’a aidée à être en confiance et à me rassurer sur le choix que j’allais faire.

En gros, la DME reconnaît que lorsque le bébé a atteint certains critères de maturation (avoir six mois ou plus, se tenir assis seul, être intéressé par la nourriture, etc.), il est capable de gérer lui-même l’introduction des solides en commençant directement avec des morceaux qu’il est capable de saisir dans ses mains et non des aliments réduits en purée. Par exemple, dès la première semaine, j’ai offert à mon fils des lanières de tranche de pain grillé, une carotte, du poulet en lanière et un brocoli. En gros, le travail du parent est d’offrir des aliments variés avec une bonne valeur nutritive et de rester près de l’enfant pour le superviser, sans intervenir. J’ajoutais des céréales riches de fer à mes muffins pour être certaine qu’il en ingérait suffisamment, mais ce n’est pas nécessairement requis.

Les avantages…

  • Bébé découvre à son rythme les aliments et contrôle les portions qu’il prend en mangeant à sa faim, ce qui est le départ d’une saine alimentation.
  • Il peut manger comme tout le monde dès le départ, il devient donc facile de sélectionner des aliments à lui donner dans le repas familial, plutôt que de lui faire un repas juste pour lui. On a d’ailleurs partagé nos premiers sushis à l’avocat quand il n’avait pas encore sept mois.
  • Il peut manger en même temps que tout le monde et les parents peuvent manger chaud eux aussi puisqu’ils ont les mains libres.
  • Il développe en même temps ses habiletés motrices.
  • Cela peut être une bonne alternative pour les bébés qui n’aiment pas être nourris à la cuillère.

Les défis…

  • Lorsque bébé prend une trop grosse bouchée ou qu’un aliment est mal avalé, son petit corps est déjà  tout prêt pour l’aider. Il aura ce que l’on appelle un gag reflex (ou réflexe nauséeux, comme un haut-le-cœur) pour déloger l’aliment. Il est possible aussi qu’il vomisse si jamais le morceau n’est pas délogé par le gag reflex. Bref, la nature est bien faite, mais comme parent, ça peut être difficile à voir. Aussi, certains bébés plus sensibles ont des haut-le-cœur simplement à cause de la stimulation du palais; cela peut d’ailleurs arriver avec les purées aussi. Ce n’est pas comme être étouffé. Dans ce cas, on parle d’une obstruction complète des voies respiratoires et les manoeuvres d’urgence sont de mise. Bref, de toute façon, comme parent, je crois qu’il est bien de réviser les manoeuvres d’urgence, peu importe la manière d’introduire les solides.
  • Ça fait de la bouffe partout… partout sur bébé, partout par terre, partout dans la chaise. C’est très beau à voir, mais le ménage est inévitable après chaque repas.
  • Comme toute approche non traditionnelle, cela peut provoquer de la peur ou de l’incompréhension dans votre entourage.

En fait, de mon côté, en comparant les pour et les contre, je me suis rendu compte qu’il n’y a que ma peur de l’étouffement qui me retenait d’adopter cette méthode. Comme cette peur est non fondée et que les avantages sur le plan du développement de l’autonomie de mon fils étaient beaucoup plus grands, je me suis lancée. Je dois dire que je recommencerais n’importe quand. C’était si simple! Rien à préparer d’avance, toujours quelque chose de disponible pour grignoter et c’était tellement mignon de le voir se nourrir seul, mon cœur fondait chaque fois. Je me suis rendu compte que les enfants de cet âge ont beaucoup de capacités que je sous-estimais. À six mois, mon fils était capable d’être autonome (sous supervision, on s’entend) dans la gestion de son alimentation, c’était fascinant à voir! Pour les parents ayant déjà  fait la DME, j’aimerais bien voir vos cocos en action question de me remémorer de bons souvenirs.

Roxane Larocque