Archives juin 2017

Doit-on parler du terrorisme aux enfants?

Personne n’est insensible aux actes d’horreur et de barbaries qu

Personne n’est insensible aux actes d’horreur et de barbaries qui sévissent aux quatre coins du globe, et parfois bien plus proche qu’on ne le croit. Et les enfants dans tout ça?! Doit-on leur dire la vérité, leur raconter avec des mots d’enfants les maux de notre siècle? Oui, le 21e est marqué, touché de plein fouet par une vague d’actes terroristes.

Les enfants sont des éponges, même en voulant les protéger, les préserver, ils absorbent un flux incessant d’informations. Pourquoi leur mentir? Cela ne ferait que stimuler leur imaginaire. La réalité est là et nous devons la confronter. Il ne s’agit pas d’être alarmiste, mais plutôt d’être conscient, averti, prévenant et de faire de la sensibilisation.

D’abord, qu’est-ce que le terrorisme? Il faut savoir que le terrorisme n’a pas de couleur, de religion, de sexe, d’âge, de frontière ou de nom. Il peut s’agir d’un individu isolé ou d’une organisation complexe. Il fait des victimes au hasard, dans le seul but de créer un climat d’insécurité. Le terrorisme, c’est le mal, la terreur, c’est de vouloir imposer des idéologies (politiques, religieuses) par la force et la violence.

De plus en plus d’écoles commencent à faire des exercices de confinement, exactement comme les exercices d’évacuation. Ma fille de cinq ans m’a expliqué qu’ils devaient se cacher si des méchants entraient dans l’école. Mais qui sont ces méchants? Les enfants savent différencier le mal et le bien. Les contes, histoires et autres fables sont peuplés de monstres, de personnages dangereux, de bêtes féroces. Ils savent aussi qu’il y a des méchants dans la vie réelle. Il n’est pas question de mettre un visage ou un nom sur ces méchants, juste de leur expliquer qu’ils existent, bien malgré nous. Ils doivent être conscients du danger, pour développer des réflexes, comme se cacher et fuir, être attentifs aux sons, aux bruits de détonation. Il faut aussi les rassurer sur la présence des forces de l’ordre dans les lieux publics. La police, l’armée sont là pour nous protéger, ils guettent et assurent notre sécurité.

Je me suis assise avec ma fille en lui demandant pourquoi les méchants font des choses méchantes, comme tuer des gens, des innocents. Ils le font au nom d’une idéologie, d’une idée, qu’ils veulent imposer aux autres. Pour reprendre l’exercice de confinement en milieu scolaire, j’ai cherché un triste exemple qui s’est produit dans une école. Un homme est entré dans une école, persuadé, et croyant fermement que les femmes n’avaient pas leur place là. Le terrorisme, c’est de vouloir imposer des idées, de les imposer par la force, la violence. J’ai aussi parlé de Columbine, car là encore, il s’agit d’un acte de terrorisme au nom d’un malaise et d’une haine féroce envers des camarades. Nous devons avertir nos enfants pour qu’ils soient aussi capables de reconnaître des signes, des indices de la violence : si on voit un enfant isolé ou maltraité à l’école, il faut le dire. Des paroles violentes, des gestes : il faut agir.

À voir cette publicité de prévention : https://www.youtube.com/watch?v=A8syQeFtBKc

Notre tâche est de protéger les enfants en leur donnant des directives claires et des outils en cas d’attaques, mais aussi de leur faire comprendre les agissements de ce monde pour ne plus jamais les perpétrer…

 

Recette de beignes au four

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Vous n’aurez plus jamais de remords à manger une douzaine de beignes toute seule! Voici une recette de beignes cuits au four. Chaque fois que je fais ces beignes, ils ne survivent jamais à la soirée. En plus d’être excellents, les beignes sont prêts en 30 minutes chrono! C’est pas mal pratique quand vous avez oublié la vente de pâtisseries de votre plus jeune ou que vous avez de la visite surprise pour souper.

Ingrédients:

  • ⅓ de tasse de crème sure
  • 1 œuf
  • 1 c. à thé de vanille pure
  • 3 c. à soupe d’huile végétale
  • ½ tasse de sucre
  • 1 tasse de farine
  • ½ c. à thé de bicarbonate de soude
  • 1 pincée de cannelle
  • 1 pincée de sel
  • ¼ de tasse de lait de cajou
  • ¼ de tasse de sirop d’érable

Préparation:

Chauffer le four à 350 °F.

Graisser avec un peu de beurre le moule à beignes allant au four.

Dans un bol, à l’aide d’un fouet, mélanger la crème sure, l’œuf, la vanille, l’huile et le sucre.

Ajouter la farine, le bicarbonate de soude, la cannelle et le sel.

Mélanger avec une cuillère en bois jusqu’à homogénéité.

Incorporer le lait de cajou (c’est la dernière fois que vous mélangez, promis!).

Transvider le mélange dans une douille ou un sac de style Ziploc.

Répartir le mélange dans les moules à beignes.

Mettre au four 15 à 20 minutes ou jusqu’à ce que les beignes soient bien dorés.

Quand les beignes sont tièdes, les démouler et les mettre sur une grille. Verser le sirop d’érable sur les beignes.

C’est important que les beignes soient encore tièdes quand vous versez le sirop d’érable; ils imbibent mieux le sirop de cette manière.

Valérie Legault

Fille, mets ton maillot!

C’est enfin l’été.

Fait c

C’est enfin l’été.

Fait chaud, fait beau ; fille, mets ton maillot !

« T’es tellement p’tite ! »

« Manges-tu ? »

« Comment tu fais ? »

« T’es donc ben chanceuse ! »

« Coudonc, as-tu encore maigri ? »

J’entends ça. Souvent. Vraiment. Ensuite, je lis parfois des choses comme :

« Les vraies femmes ont des courbes. »

« Les os, c’est pour les chiens. »

« Ark, “une telle” (insérer ici le nom d’une personne connue ou pas), elle est bien trop petite. C’est laid. »

… Bref. C’est n’importe quoi. Personnellement, je ne me trouve pas si chanceuse. Bon, je mange n’importe quoi et je le digère pratiquement AVANT de l’avoir ingéré. Cool !? Aussi, des fois, j’achète des vêtements dans la section « enfant » de certains magasins, et puis au final, ça me coûte moins cher.

Chouette ! Mais avant ça, j’ai braillé et je me suis détestée dans les magasins de madame parce que rien ne me faisait. J’ai trente-et-un ans après tout, pas treize.

Aussi, tant qu’à être dans les confidences, je te dirais que j’aimerais ben gros avoir des courbes. Oui, tu as bien lu. Je rêve d’avoir des hanches. J’aimerais vraiment avoir des seins. Genre que la maternité m’a rendue plus petite qu’à mes dix-sept ans et ma poitrine qui a allaité trois enfants, eh bien…

C’est ça qui est ça. Le peu qui n’a pas disparu, on n’en parlera même pas.

Oui, j’ose le dire : parfois, j’aimerais être un peu moins mince.

La seule forme ou courbe que j’ai maintenant, c’est mon nombril qui est ressorti après trois grossesses back à back. Et mon p’tit mou de bedaine. Ben oui, j’ai ça même si j’ai la shape d’un pop sicle ; un p’tit mou de bedaine.

Parfois, lorsqu’on me fait trop de remarques sur mon poids, je finis par monter sur la balance pour voir ce qu’elle va me dire. Normalement, mon pèse-personne ne sert qu’à accumuler la poussière.

Parfois, je suis fière, car j’ai gagné quelques livres.

Et parfois, après des semaines stressantes/occupées/chaotiques, je suis triste/fâchée. Allo la combustion de calories dans ce corps hyperactif ! Mais je suis comme ça, c’est tout. Ceci dit, ça ne fait pas de moi une personne plus en forme.

Qu’on se le dise, je déteste parler de poids. Du mien et du tien.

Dis-moi… Est-ce seulement ma perception, mais souvent, il me semble que la minute où l’on porte un enfant et après son expulsion, on dirait que tout le monde se permet de nous parler allègrement de notre poids, comme si ça lui appartenait. Surtout quand on est « dont ben p’tites ! ». C’est peut-être parce que c’est plus ma réalité que je pense ça, tout simplement. Qu’importe.

Tout ça pour te dire que si tu as trop de seins, trop de fesses, trop de toute et que tu n’es pas fan de ton corps, pense au fait que c’est pas mal partout pareil. True story.

On est toutes pareilles, même si on est différentes.

Ça fait que, fille, mets ton maillot, pis enjoy l’été. Sois fière de toi.

Fais-le pour toi. Fais-le pour tes enfants.

Dans mon petit body, j’ai construit trois bébés.

Ma fierté. Ma vie quoi !

Il est petit ce body, mais il en a dedans.

Avant, je pensais que la maternité m’apporterait des courbes. Mais non. Elle m’a tout pris du peu que j’avais.

D’un autre angle, elle m’a tout donné.

Les vraies femmes, ce sont celles qui ont des courbes, qui n’en ont pas, qui sont grandes, petites, minces, en chair, brunes, blanches, jaunes, vertes (?), blondes, noires, rousses…

Ce sont celles qui aiment avec le cœur, qui apprennent à aimer et à s’aimer.

Quand on s’aime et qu’on se respecte, on aime mieux et on respecte plus. Du moins, c’est ce que je crois, bien humblement.

Les vraies femmes, ce sont… les femmes. Point.

Plus tard, je veux que, peu importe son apparence, ma fille mette son maillot, la tête haute.

La vie est trop courte et l’été vraiment pas assez long.

C’est enfin l’été.

Fait beau, fait chaud, ça fait que fille, mets ton maillot, pis enjoy l’été !

Caroline Gauthier

Le souper

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Je venais de mettre au four ces fameux petits rouleaux de saumon farci. Vous savez, ceux qui sont farcis, tout délicatement, d’épinards et de délicieux fromage?

Sachant que mon riz d’accompagnement était prêt et que nos rouleaux étaient sur le point d’être cuits, je me mets à dresser nos assiettes de façon nonchalante. « Nos » étant celles de mes enfants et la mienne. Papa a une sortie au restaurant avec des collègues de travail. Le chanceux!

En mettant le riz dans l’assiette de ma fille, mes oreilles se mettent soudainement en « mode alerte ». Des cris stridents retentissent de la chambre. Je me dis qu’il y a certainement quelque chose de très grave qui vient d’arriver. En marchant d’un pas rapide vers la pièce, j’élimine toutes les possibilités : pas de météorite ni d’avion qui aurait pu « crasher », sûrement pas une abeille apparue de nulle part, ni un chat sauvage se pointant le bout du nez à la fenêtre. Arrivée dans le cadre de la porte, je constate la présence de mes deux enfants, dont mon plus jeune qui a pris le jouet de sa grande sœur. Aussi simple que ça. Un geste anodin ayant nécessité un cri fort et presque surnaturel.

Je me dis que ça ne vaut pas la peine d’intervenir puisque tout semble sous contrôle, alors je retourne d’un pas pressé vers la cuisine. J’ai mes assiettes à dresser et mon saumon risque de cramer au fond du four. En me rendant à la pièce principale, je me fais bousculer par la plus grande qui a décidé de fuir son frère pour je ne sais quelle raison. Comme si c’était le temps de faire une course.

Le petit frère bondit vers moi. Je me dis qu’il vient sans doute pour me dire que sa sœur se sauve de lui. Mais non… il se met à beugler : «  J’ai faim ». Pas un petit «  J’ai faim » tout mignon… C’est plutôt un « J’AI FAIM » quasi bestial qui fait en sorte que si je ne le nourris pas à la seconde, il risque de mourir sur-le-champ. Oui, ce genre de « J’ai faim ». Des paroles bien sympathiques pour certains, mais qui prennent un tout autre sens lorsqu’elles durent de longues minutes sans perdre d’intensité. J’ai beau me dépêcher, je ne suis pas une machine. Je propose de prendre quelques crudités le temps que je termine le tout et que j’apporte les plats sur la table.

Je ne le savais pas, mais il s’avère que mes enfants sont peut-être allergiques aux crudités parce qu’à entendre le « Noooooooooooooooooooooooooooooooon » qui est sorti de façon synchronisée, il est clair que c’est malsain pour eux!

Bref, plus je me dépêche à apporter la nourriture sur la table, plus je ressens de pression. Mais, fière de moi, j’y parviens avant qu’ils… se déshydratent.

Le souper va bon train, mais mon plus jeune décide qu’il peut faire deux choses en même temps : manger et dessiner. Je lui donne la permission de faire quelques barbouillages sur du papier pourvu que ça ne l’empêche pas de manger son repas qu’il désirait tant depuis de trop longues minutes. Digne des plus grands dessinateurs, il s’empresse de me montrer l’automobile dernier cri qu’il vient de créer avec des… marqueurs permanents. Désespérément, je regarde sous le papier pour constater de grandes lignes bleues sur ma table de bois. Je m’en veux parce que je n’avais pas remarqué le type de crayons, trop occupée à prendre une bouchée froide de mon riz tout en versant du jus d’orange à la plus grande.

En allant chercher des produits pour nettoyer ma table de ces barbeaux permanents, j’entends un «  Oooooooooups ! » suivi de deux enfants qui rient à chaudes larmes. Je n’ose pas me retourner, mais je n’ai pas le choix. Je constate une grande tache liquide orangée qui, à grande vitesse, rejoint l’autre extrémité de la table pour s’écouler au sol. La chienne, petit bichon de la famille, semble folle de joie et accourt jusqu’au dégât. Ses pattes poilues deviennent comme de petites éponges et amènent le jus d’orange un peu partout sur le plancher.

Comme si ce n’était pas assez, le téléphone se met à sonner. Des vendeurs d’un journal, dont les histoires ne sont pas toujours véridiques, tentent sans doute de me rejoindre pour que j’achète. Pas envie de feindre une raison bâtard, je décide de ne pas répondre et de laisser retentir la sonnerie comme musique de fond.

En quelques secondes, je me retrouve avec une assiette de saumon et de riz à peine touchée, des papiers et des crayons qui s’éparpillent sur la table, une chienne qui court dans la maison avec ses petites pattes oranges, du jus qui s’amourache de mon plancher de bois franc, deux enfants qui crient « Mammmmmmmmmman » et qui bien sûr ne sont plus assis à la table depuis belle lurette (en fait, ils sautent sur le divan!) et des lignes de crayons permanents sur la table.

Je décide de me pincer. Des fois que tout ça serait un mauvais rêve. Je suis peut-être dans une maison en ordre, étincelante de propreté d’où une odeur de lavande émerge des murs. Avec à mes côtés, deux magnifiques enfants qui attendent la réponse de l’autre avant de parler…

Je vous assure que finalement, je suis bel et bien dans la réalité. Je me console en me disant que du saumon, ça se réchauffe bien et que je mériterai, amplement, une petite coupe de vin ce soir.

Kim Racicot

À toi, mon ancienne meilleure amie

À toi, mon ancienne meilleure amie à qui je disais tout À qui j’avais ENVIE de tout dire

À toi, mon ancienne meilleure amie à qui je disais tout

À qui j’avais ENVIE de tout dire

À qui j’avais envie de parler quand j’étais triste

À qui j’avais envie de parler quand j’étais heureuse

 

Avec qui je m’entendais tellement bien

Avec qui je faisais tout

Avec qui je pouvais être moi-même

Avec qui je pouvais parler de n’importe quoi sans que tu me juges

 

Celle qui m’a fait découvrir une amitié tellement profonde et sans failles

Celle qui m’a appris que c’était normal et correct d’avoir de la peine

Celle qui m’a montré tellement de choses

Celle qui me prêtait son linge avant de sortir et qui me coiffait

 

À toi que mes parents appelaient « leur deuxième fille », la sœur que je n’ai jamais eue

À toi chez qui j’ai passé plusieurs nuits (dont quelques nuits blanches)

À toi qui prenais soin de moi un lendemain de brosse, alors que toi non plus, tu n’en menais pas large

À toi qui me confiais tous tes moindres secrets

 

Avec qui une journée n’était pas assez

Avec qui je séparais mes factures d’alcool et d’essence pour aller veiller

Avec qui j’ai vécu ma première histoire d’amour (nos chums étaient amis)

Avec qui j’ai vécu ma première peine d’amour (ils s’étaient donné le mot, on dirait L)

 

Celle qui m’a appris à m’accepter telle que j’étais

Celle qui m’a toujours encouragée dans mes projets

Celle qui ne m’a jamais jugée

Celle qui riait toujours de mes blagues (même lorsqu’elles n’étaient pas tellement drôles)

 

Merci d’être restée auprès de moi quand tous les autres me laissaient tomber

Merci d’avoir séché mes larmes et de m’avoir fait autant rire

Merci d’être apparue dans ma vie au bon moment

Merci d’avoir contribué à mon bien-être

 

Merci d’avoir accepté mes qualités et mes défauts (nombreux)

Merci d’avoir eu pour moi une estime supérieure à celle que j’avais de moi-même

Merci d’avoir tout compris, quand je n’avais pas envie de parler

Merci d’avoir vécu toutes ces histoires avec moi, elles font de savoureux souvenirs

 

Merci de m’avoir fait rire plus fort, sourire plus longtemps et vivre plus heureuse

Merci de m’avoir remplie de certitudes, alors que mes nombreux doutes prenaient le dessus

Merci d’avoir tout su de moi et de m’avoir aimée quand même

Merci d’être embarquée dans mes folies sans hésitation et de m’avoir partagé les tiennes

 

Sache que tu me manques et que ma ligne téléphonique n’est plus occupée sans toi

Sache que tes secrets me manquent

Sache que je donnerais tout pour retourner en arrière

Sache que je n’ai jamais voulu qu’on s’éloigne, mais que parfois, la vie s’en charge elle-même

 

Sache que je voudrais tant voir grandir tes enfants et que tu vois les miens aussi

Sache que nos histoires et nos folies me manquent

Sache que rien n’est plus pareil sans toi, je croyais notre amitié à l’épreuve de tout

Sache que quand je regarde nos photos, il m’arrive encore d’avoir des larmes

 

Sache qu’une amitié comme la nôtre, ça ne se vit qu’une seule fois

Sache que je suis désolée pour toute les fois où j’ai manqué nos rendez-vous

Sache que je suis toujours là, prête à te tendre la main

Sache qu’une vie sans toi est une vie à laquelle il manque un morceau

 

Je sais que je n’ai pas toujours été l’amie parfaite, mais que je t’ai toujours été loyale

Je sais que je ne t’ai pas assez souvent remerciée, mais je te serai éternellement reconnaissante

Je te souhaite d’être heureuse et comblée, comme tu l’as toujours souhaité

Je te souhaite la vie rêvée, celle dont nous parlions tant

J’aurais aimé en être un témoin privilégié, mais la vie en a décidé autrement

Si nous ne pouvons plus être meilleures amies, nous pouvons simplement être amies…

 

 

Vanessa Lamoureux

Comment je suis, tout simplement

Depuis toujours, on me dit que j’en fais trop. Que je ne prends pas le temps de m’arrêter et de

Depuis toujours, on me dit que j’en fais trop. Que je ne prends pas le temps de m’arrêter et de ne rien faire. C’est vrai, j’ai toujours cette irrépressible envie de faire quelque chose de productif pour me sentir efficace. Je m’adonne même parfois à faire deux choses en même temps pour rentabiliser mon temps et pour exécuter mes nombreuses tâches. Plusieurs se reconnaissent ? Pour vrai, comme plusieurs autres, un petit hamster court dans ma tête sans arrêt, m’obligeant à analyser toutes situations et me grugeant tellement d’énergie pour des éléments qui peuvent paraître si banals.

 

À force de vouloir un moment de répit, j’essaie le plus souvent possible d’être en compagnie de quelqu’un pour faire une quelconque activité afin de ne pas me retrouver seule avec mes pensées si dominantes. Inversement parlant, le fait d’être souvent entourée de personnes ou d’être en train de faire quelque chose m’empêche de me centrer sur moi-même et d’écouter ce que mon corps et mon esprit veulent. Je me rends compte qu’en fait, je ne me connais pas vraiment.

 

On souhaite tellement exceller dans une panoplie de domaines qu’on oublie de se demander ce qu’on aime vraiment, au fond. On se compare aux autres au lieu de se comparer à soi-même.

 

Je pense qu’il est à notre avantage d’apprécier nos moments de solitude. Pour ma part, je vais en profiter pour me questionner et pour analyser. Pas seulement pour analyser tout ce qui est superflu et qui se trouve autour de moi, mais pour analyser comment je me sens vraiment et comment je suis, tout simplement.

 

 

Marie-Claudel Bolduc

Nostalgie pour l’été de mes 24 ans ou quand tout était plus simple

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Je m’ennuie du temps où mon seul souci pendant l’été était de savoir quelle saveur de crème glacée j’allais manger.

 

Maintenant, mon souci est de savoir si je vais avoir assez d’argent pour payer tous mes comptes. La crème glacée, c’est trop cher de toute manière.

 

Je m’ennuie du temps où ma mère me donnait 1 $ pour m’acheter un steamé à la Belle Province et que j’avais l’impression d’être riche.

 

C’est triste de constater que je suis encore contente de récupérer 1 $ que je croyais avoir perdu.

 

Je m’ennuie du temps où je prenais un ensemble au hasard dans mon garde-robe et je ne me demandais pas si c’était beau : c’était confortable, alors c’était parfait.

 

Hier matin, j’ai passé vingt minutes à changer mes ensembles pour finalement revenir avec mon choix initial. Je voulais être certaine que les gens trouvent cela beau.

 

Je m’ennuie du temps où je sortais à l’extérieur pour aller jouer au parc avec ma maman. Elle me poussait si haut que j’avais l’impression de m’envoler dans les nuages.

 

Dorénavant, quand je passe près d’un parc, je pense égoïstement à mon futur enfant que je pourrai amener au parc pour me balancer avec lui, comme avant.

 

Je m’ennuie du temps où je sautais dans la piscine sans regarder la température et que les grands me trouvaient si courageuse.

 

Aujourd’hui, je trouve les gens fous de sauter dans la piscine à 78. Je suis triste d’être devenue aussi moumoune.

 

Je m’ennuie du temps où je pouvais manger du Kraft Dinner sans me sentir coupable.

 

Maintenant, je surveille attentivement tout ce que je mange pour être en santé. Quand je me fais un cheat day, je me le rappelle constamment.

 

Je m’ennuie du temps où je mettais du gloss transparent et que je trouvais que je ressemblais à la plus belle des top-modèles.

 

J’avoue, je passe parfois des heures à regarder des tutoriels beauté sur YouTube, en étant toujours déçue de ne pas ressembler à Cynthia Dulude après avoir essayé.

 

Je m’ennuie du temps où mes amis ne me jugeaient pas sur les actions que je pouvais faire.

 

Quand je regarde les gens autour de moi qui se jouent dans le dos et qui se disent amis, je me dis parfois que ça ne vaut presque pas la peine d’avoir des amis…

 

Je m’ennuie du temps où les seules dettes que j’avais étaient celles de la cour d’école où j’avais échangé des cartes Pokémon contre des pailles de sucre.

 

En ce moment, j’ai une dette d’études, mais d’autres suivront éventuellement, et ça me stresse.

 

Je m’ennuie du temps où je me regardais dans le miroir et où j’étais fière d’avoir grandi.

 

Présentement, je me regarde dans le miroir et je suis fière d’avoir maigri.

 

Je m’ennuie du temps où jouer à l’ordinateur était un luxe.

 

Je me rends compte maintenant qu’en 2017, une panne d’électricité qui devient une source d’angoisse est vraiment un énorme problème.

 

Je m’ennuie du temps où je passais du temps de qualité avec ma famille, où je riais à en avoir mal au ventre.

 

Maintenant, je tague les membres de ma famille dans des publications Facebook pour dire que je les aime plutôt que de le dire devant eux ou d’au moins les appeler.

 

Je m’ennuie du temps où je n’avais pas de pression. J’avais mes propres modes, mes propres idées.

 

Pression au travail, pression de la famille, pression-obsession de la santé, pression portant sur le physique, pression sur mes opinions. Même écrire ce texte me met de la pression.

 

Je m’ennuie du temps où je me sentais tout énervée après avoir croisé mon enseignante à l’épicerie.

 

Présentement, je fuis du regard toutes les personnes que je pourrais connaître et que je croise.

 

Je m’ennuie du temps où je regardais le ciel le soir et où je me demandais comment les étoiles pouvaient être aussi belles.

 

Ah, pour ça, rien n’a changé. Je suis encore la même petite fille quand je regarde le ciel étoilé la nuit. Il faut bien que je me préserve un peu.

 

Être adulte, ce n’est pas facile, mais au moins, j’ai la chance d’avoir assez de maturité pour constater mes forces et mes faiblesses et du coup, pour m’améliorer.

 

Stéphanie Parent

Ma liste des 10 activités extérieures gratuites (ou presque) à faire cet été 

1- Pique-niques:

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1- Pique-niques:

De jour, de soir, de pluie, de nuit, on n’est pas faits en chocolat! Au parc comme dans notre propre cour, c’est toujours agréable de prendre de l’air.

2- Faire du vélo:

Pour se rendre au parc ou pour aller découvrir les pistes cyclables. Notre activité sportive familiale par excellence, qui nous permet d’être tous ensemble.

3- Regarder des parachutistes sauter :

Nous faisons souvent « une pierre, trois coups » : vélo et pique-nique en regardant les parachutistes. La piste cyclable passant devant, ça facilite la tâche et les enfants sont toujours impressionnés.

http://nouvelair.ca

4- Voir décoller ou atterrir des montgolfières :

La tradition familiale depuis ma tendre enfance oblige : on se lève en même temps que le soleil, armés de chocolats chauds, de cafés et de muffins pour combattre le sommeil et on regarde les montgolfières prendre leur envol. C’est magique.

www.montgolfieres.com/horaire-envolees

5- Module de jeux d’eau extérieurs : 

Il y en a plus qu’on pense! Vérifiez sur le site web de votre municipalité. Une des rares activités où je réussis à faire une phrase complète à un autre adulte… c’est presque une discussion!

6- Une journée sans heures :

Pas d’heures de repas ni de coucher. Juste vivre le moment présent et écouter notre corps. (J’ai écrit une journée seulement, par réalisme, parce que dans ma tête, j’idéalise ce moment et je voudrais toujours vivre comme ça dans un champ de fleurs bio avec mes licornes en liberté. Je vous dirai si j’ai réussi dans la zénitude.)

7- Regarder les étoiles : 

Fabriquer notre propre cherche-étoiles est fort simple, juste à cliquer sur ce lien et à imprimer sur des cartons les outils en format PDF.

http://m.espacepourlavie.ca/activites-complementaires/le-cherche-etoiles

8- Une station de lavage pour jouets pendant la sangria :

On sort des gros bacs remplis d’eau savonneuse, des éponges, des brosses, des linges. Pour de la belle mousse colorée, on fait mousser au batteur électrique du savon à vaisselle dans un peu d’eau avec quelques gouttes de colorant alimentaire. Voilà! On laisse les enfants faire le travail pendant qu’on déguste notre breuvage. Si on est chanceux, ils vont peut-être même nous laisser parler au téléphone.

Recette de sangria avec ou sans alcool ici : http://tva.canoe.ca/emissions/toutsimplementclodine/recettes/fiche.php?source=0&type=1&article=112056

9- Faire une guerre de fusils à eau :

Une vraie, là, avec des abris, des équipes, des ballounes d’eau pis toute! C’est le temps idéal de faire un power trip parental.

10- Cerf-volant :

Idéalement une journée sans vent pour obliger les enfants à courir, haha! L’éducatrice de mes enfants en a fabriqué un avec un sac de plastique et des cordes : des heures de plaisir à courir et juste un genou écorché! Ça vaut vraiment la peine.

Amusez-vous bien!

Krystal Cameron

 

Le camp… quoi?

On va mettre quelque chose au clair en partant. Je ne suis pas une p

On va mettre quelque chose au clair en partant. Je ne suis pas une princesse des temps modernes. J’aime jouer dehors avec mes enfants et me salir. Mais de là à prendre des vacances pour partir en camping? NOT. Je déteste le camping sous toutes ses formes.

L’été dernier, mon chum m’avise qu’il pourra prendre sa première semaine de vacances depuis plus de dix ans. J’étais évidemment très heureuse jusqu’à ce qu’il prononce le mot C-A-M-P-I-N-G. À ce moment même, j’espérais qu’il annule sa semaine de vacances plutôt que de me taper des nuits dans l’humidité et dans l’inconfort d’une tente. Mais bon, tout compte fait, si c’est le prix à payer pour des vacances en famille, go for it!

Je n’ai rien contre les amateurs de camping qui aiment ça se coucher tout collant de leur trop-plein de Off’ et après avoir passé la soirée à chasser les moustiques sur leur corps et sur celui de leurs enfants. Moi, personnellement, ça ne me fait pas triper. Pas pantoute en fait. Des vacances pour moi, c’est de relaxer, profiter des journées sans routine, sans avoir à faire la vaisselle dans un bac d’eau gelé sur le bord d’une table à pique-nique.

Et que dire des toilettes sur les sites! Dédaigneuse de nature, j’ai cherché longtemps un camping avec des toilettes ultra propres. C’était mon critère numéro un. À peine arrivés à destination, le fun commence. Le petit a envie. Quelle belle surprise de constater que les toilettes sont à un demi-kilomètre de notre terrain. On se dépêche, on court — parce que t’sais, ça presse vraiment beaucoup pis ça va sortir en chemin, à son dire. J’anticipais déjà leur envie de caca à vingt-deux heures. C’est le genre d’affaires qui ne se commande pas d’avance et sur lequel on n’a aucun contrôle. Qui a envie de faire la chasse aux toilettes à la lampe de poche avec trois petits bouts de choux en pleine noirceur?

Puis les douches. Les fameuses douches! Après avoir passé la journée dans le sable et dans la petite roche fatigante qui te rentre entre les orteils, tu veux juste prendre une bonne douche chaude! Pas question d’aller se coucher sans se laver avec tous les courants chauds que tu as eus dans le lac artificiel plus tôt dans la journée. Tu veux prendre une douche, une vraie, pas une douche qui te coûte vingt-cinq cents pour deux petites minutes. C’est tout le temps quand t’as pu d’argent sur toi que la douche s’arrête avec ta tête pleine de shampooing. Pis ça, c’est sans compter les gens qui tirent le rideau en disant : « Y’a-tu quelqu’un? » Sérieux?

Le camping, ça vient aussi avec les bébittes. Des petites ou des plus grosses, à quatre ou à huit pattes. Laisse-moi te dire, un raton-laveur, c’est bien beau sur une photo, mais quand ça crie sur le bord de ta tente pendant des heures, c’est pas mal moins cute. Parce que oui, ça crie ce mammifère-là. Ça s’amuse même à gratter sur la toile de ton habitat pour s’assurer que tu ne dors pas.

Finalement, notre semaine de camping aura duré quelque quarante heures avant de revenir à la maison. On a plié bagage — tous ceux qu’on avait apportés comme si on partait trois semaines. Même mon six ans m’a demandé à quoi ça servait le camping dans une vie. Je ne savais pas quoi lui répondre. Je pense seulement que certaines personnes sont faites pour ça et d’autres non. Tout simplement.

Sur ce, je souhaite une excellente saison de camping aux amateurs. Moi, je me book un chalet avec une douche et une toilette.

Bon été!

Maggy Dupuis

Au revoir, les copains!

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Fin d’année scolaire. Début des vacances. Ligne de départ de la valse des déménagements. C’est le temps des au revoir pour plusieurs, des adieux pour certains.

Ce soir pour nous, c’était le temps des derniers câlins avant la longue route de nos amis. Une famille adorable, inspirante, avec un papa militaire, une maman qui se dévoue à ses enfants en leur enseignant à la maison, bien entourée de toute une communauté engagée, et deux garçons charmants et enjoués. Et cette famille, on l’aime. Cette famille, on la connaît depuis près de vingt ans. Une amitié choisie, adoptée, et retrouvée au fil des détours entraînés par la carrière militaire. Une famille qui s’envole dans quelques jours vers l’Italie, où elle vivra pendant les trois prochaines années.

Ils ont choisi de se lancer dans l’aventure de vivre à l’étranger. Ils ont pris le risque de donner leurs noms, de répondre à tous les questionnaires, de rencontrer toute la hiérarchie qui allait décider de leur sort : partiront, partiront pas. Des mois de « on ne sait pas », de « on attend », de « on devrait le savoir bientôt ». Et puis, un jour, plus tard que tôt, un message officiel qui leur annonce qu’ils sont cette famille sélectionnée parmi tant d’autres, qui déménagera ses pénates à Naples.

La folie des démarches et des périodes d’attente reprend de plus belle : maison à louer, quartiers à visiter, vols à réserver, visas à commander. Vendre la maison ou la louer? Pour le savoir, il faut déjà s’imaginer dans trois ans, alors qu’il est si difficile de s’imaginer dans quelque temps de l’autre côté de l’océan. Entre deux arrangements, il faut préparer les enfants mentalement : ça fait beaucoup à avaler en si peu de temps.

Et puis, il faut se départir de plusieurs objets, élaguer ce qu’on possède, faire de la place pour les nouvelles expériences. Oui, bien sûr, la voiture et les vélos suivront (ils arriveront dans quelques semaines après une lente traversée des marées), mais a-t-on vraiment besoin de tous ces livres et de ces jouets accumulés? Merveilleuse occasion de désencombrer, de choisir ce qui nous tient vraiment à cœur et ce dont on a réellement besoin au quotidien.

Même chose avec les amitiés. En quelques semaines, on veut s’organiser pour voir tout notre monde, mais à un certain moment, il faut couper le cordon. Il faut dire aux enfants : « Maintenant mon coco, c’est le temps du dernier câlin. À la prochaine visite, tu sauras parler italien! » Il faut aussi se dire à soi-même, à l’adulte en nous qui retombe parfois en enfance : « Ça va aller. Les amis fidèles demeurent malgré le temps qui passe et la distance. »

Câlin, câlin, bisou, bisou. On se souhaite bonne chance, on se comprend parce qu’on est déjà passés par un chemin similaire (l’Alberta, c’est moins exotique que l’Italie, mais c’est presque aussi loin!). On retient une larme, on force un sourire, et quand on se retourne, on voit le dos courbé de notre petit bonhomme. Lui qui calcule tout le temps, il doit bien se dire, du haut de ses six ans : « Je vis depuis six ans. Je connais mes amis depuis trois ans. Trois ans, c’est la moitié de six. J’ai passé la moitié de ma vie près d’eux. Et maintenant, ils partent pour trois ans. C’est une autre moitié de ma vie. C’est vraiment ça, l’amitié? Se dire au revoir pour plusieurs années? »

Et comme lui, on a le goût de bouder, de faire la moue. Dire au revoir aux copains, ce n’est pas jojo, que ce soit à six ans ou à quarante ans.

À vous qui partez vivre un rêve à l’étranger : profitez de chaque moment (je n’en doute même pas!). On se retrouve dans quelques années avec plein d’histoires à raconter!

 

Nathalie Courcy

Lettre à une bonne fée marraine

Ma maman me disait que quand on se regardait, nos yeux pétillaient.

Ma maman me disait que quand on se regardait, nos yeux pétillaient. Mon petit visage changeait d’expression quand tu arrivais près de moi ; nous étions connectées. Tu n’avais ni conjoint ni enfants ; le jour de ma naissance, je suis devenue ta raison de vivre, ta raison de te battre pour ce qui s’en venait, mais ça, on ne le savait pas encore. Étonnamment, je suis née deux jours avant ta fête, à croire que la vie t’offrait mon arrivée en cadeau. Tu étais la sœur de mon père, mais beaucoup plus qu’une tante. Tu étais ma marraine, mais surtout mon âme sœur ; tu le resteras à jamais d’ailleurs. Notre relation ne se s’explique pas ; elle se vivait. Tu m’offrais sans cesse la lune, sans même que j’aie à la demander.

Comme n’importe quelle famille, nous avons nos problèmes, nos discordes, nos histoires, nos héritages, nos ombres. Ce texte, je l’écris pour toi, pas pour elle. Ce texte, il te revient.

Du plus loin que je puisse me souvenir, tu as toujours été malade. Je ne ferai pas la liste des maladies qui t’ont rendu visite, ça prendrait trop de place. Du plus loin que je me souviens, j’ai compris qu’on devait te protéger, s’occuper de toi et t’aimer fort. Assez tôt, tu as dû commencer à m’expliquer que tu ne serais pas à mes côtés pour longtemps. Tu étais un ange sur ma route. Ça, je l’ai compris bien des années plus tard.

Quand je voyais trop grand, tu me ramenais gentiment à la réalité : les projets trop loin, on ne pouvait pas les planifier, au cas où. Ça me faisait de la peine, évidemment, mais c’était plus fort que moi, plus fort que ce que j’étais capable d’accepter. Je me disais que ça ne se pouvait pas, tu ne pouvais pas partir, me laisser toute seule. Bien sûr, j’avais et j’ai toujours mes parents à mes côtés qui font leur travail de façon exemplaire, mais moi, c’est comme si la vie m’avait dotée d’un troisième parent qui avait pour rôle de me protéger ou plutôt, de me surprotéger. Alors si tu partais, qui allait me protéger de la sorcière ?

Quelques mois avant nos anniversaires, tu m’as demandé comme chaque année ce que je souhaitais avoir comme cadeau. J’allais avoir seize ans. J’ai demandé un voyage dans les Bahamas, à l’hôtel Atlantis, t’sais comme dans les films ? Tu m’as regardée sans aucun étonnement, tu as ouvert l’ordinateur et tu t’es dirigée vers les sites web de voyages. De fil en aiguille, nous avions convenu que Cancún serait probablement notre prochaine destination ; tu souhaitais y retourner depuis un bout et surtout, tu souhaitais me faire découvrir ce pays. À cause de la maladie, tu m’avais aussi dit que, pour ce voyage-là, ce serait un « dernière minute ». Tu allais m’appeler quelques jours avant puis Bye, Bye papa et maman, Vicky et Guylaine s’en vont à Cancún…

Le téléphone a fini par sonner, mais tu avais changé la destination. Tu étais à l’hôpital. Ton cœur ne suivait plus la cadence. Moi, je n’étais pas au courant de ce changement de plan et je sais que ce n’était pas non plus ton idée. Cette année-là, nous avons passé nos anniversaires dans une chambre blanche, triste et froide. Je ne comprenais pas et j’étais fâchée. Je n’étais pas fâchée de ne pas aller en voyage, j’étais fâchée après la vie. Je ne comprenais pas pourquoi c’était TOI que la vie avait prise d’assaut et pas un méchant, t’sais, ceux qu’on voit à la télé… À seize ans, j’étais mature, mais si jeune, si naïve. Les semaines ont passé, les bobos se sont accumulés à la porte de ta chambre, ils n’en sont jamais ressortis. Ils se sont invités comme des voleurs.

Finalement, malgré des in and out à l’hôpital, nous avons réussi à mettre un petit baume sur nos cœurs, nous avons pu avoir un dernier Noël ensemble, dans ta maison. Tu étais tellement heureuse d’y être ! Nous avons pleuré ensemble lorsque tu as enfin pu y remettre les pieds, trop de mois plus tard. J’ai veillé sur toi pendant tous ces mois de calvaire. Après l’école, j’allais chez toi ou à l’hôpital, selon ce que ton cœur et tes reins décidaient.

Je ne sais plus à quel moment exactement nous avons échangé nos rôles. J’étais rendue l’ange et toi, la fragilité. Je t’ai accompagnée comme j’ai pu, comme je le comprenais. Puis un vendredi matin, c’est arrivé. Je me suis levée, papa m’attendait dans la cuisine. Naïvement, j’ai cru que c’était le chien qui était mort, je ne pouvais juste pas imaginer que tu partirais un jour. Ce n’était pas dans le contrat, il me semble ?

J’ai pleuré. J’ai eu mal. Je pleure encore et j’ai encore aussi mal. Rassemblant courage et honneur, j’ai demandé à accompagner papa pour te choisir un dernier lit pour le plus grand des repos. On m’a aussi demandé de te choisir des vêtements pour le dernier des voyages ; j’ai choisi le chemisier que j’aimais le plus.

Je sais que tu méritais cette délivrance, vraiment. Pourtant ça a été plus fort que moi, j’ai crié de toutes mes forces pour que tu reviennes, ça ne se pouvait pas. Papa et maman me tenaient contre eux, essayant de me calmer et de me rassurer, rien à faire. J’étais déchirée de l’intérieur, je te parlais dans ce lit rempli de fleurs, mais tu ne répondais pas. J’avais encore besoin de toi, auprès de moi. À dix-sept ans, nous sommes encore des enfants, nous jouons aux adultes, mais nous n’en sommes pas vraiment. Que connaît‑on de la vie ? À quarante‑six ans, tu t’es éteinte. Moi aussi, je me suis éteinte. Une partie de moi est partie avec toi cette journée-là. J’ai eu un double deuil à faire : le tien et le mien.

Six ans plus tard, il n’y a pas une journée où je n’y repense pas. Je trouve encore la vie injuste, je ne comprends toujours pas les raisons de ton départ. Je suis consciente que c’était pour le mieux ; tu souffrais beaucoup.

Merci pour tous les souvenirs, tous les fous rires, les occasions spéciales, les secrets échangés, et pour la place que tu m’as faite dans ta vie. Ce n’est qu’un au revoir…

À bientôt

P.S. Bientôt, je serai à Cancún, j’espère que tu y seras aussi.

Vicky Boivin