Au revoir, les copains!

Fin d’année scolaire. Début des vacances. Ligne de départ de la valse des déménagements. C’est le temps des au revoir pour plusieurs, des adieux pour certains.

Ce soir pour nous, c’était le temps des derniers câlins avant la longue route de nos amis. Une famille adorable, inspirante, avec un papa militaire, une maman qui se dévoue à ses enfants en leur enseignant à la maison, bien entourée de toute une communauté engagée, et deux garçons charmants et enjoués. Et cette famille, on l’aime. Cette famille, on la connaît depuis près de vingt ans. Une amitié choisie, adoptée, et retrouvée au fil des détours entraînés par la carrière militaire. Une famille qui s’envole dans quelques jours vers l’Italie, où elle vivra pendant les trois prochaines années.

Ils ont choisi de se lancer dans l’aventure de vivre à l’étranger. Ils ont pris le risque de donner leurs noms, de répondre à tous les questionnaires, de rencontrer toute la hiérarchie qui allait décider de leur sort : partiront, partiront pas. Des mois de « on ne sait pas », de « on attend », de « on devrait le savoir bientôt ». Et puis, un jour, plus tard que tôt, un message officiel qui leur annonce qu’ils sont cette famille sélectionnée parmi tant d’autres, qui déménagera ses pénates à Naples.

La folie des démarches et des périodes d’attente reprend de plus belle : maison à louer, quartiers à visiter, vols à réserver, visas à commander. Vendre la maison ou la louer? Pour le savoir, il faut déjà s’imaginer dans trois ans, alors qu’il est si difficile de s’imaginer dans quelque temps de l’autre côté de l’océan. Entre deux arrangements, il faut préparer les enfants mentalement : ça fait beaucoup à avaler en si peu de temps.

Et puis, il faut se départir de plusieurs objets, élaguer ce qu’on possède, faire de la place pour les nouvelles expériences. Oui, bien sûr, la voiture et les vélos suivront (ils arriveront dans quelques semaines après une lente traversée des marées), mais a-t-on vraiment besoin de tous ces livres et de ces jouets accumulés? Merveilleuse occasion de désencombrer, de choisir ce qui nous tient vraiment à cœur et ce dont on a réellement besoin au quotidien.

Même chose avec les amitiés. En quelques semaines, on veut s’organiser pour voir tout notre monde, mais à un certain moment, il faut couper le cordon. Il faut dire aux enfants : « Maintenant mon coco, c’est le temps du dernier câlin. À la prochaine visite, tu sauras parler italien! » Il faut aussi se dire à soi-même, à l’adulte en nous qui retombe parfois en enfance : « Ça va aller. Les amis fidèles demeurent malgré le temps qui passe et la distance. »

Câlin, câlin, bisou, bisou. On se souhaite bonne chance, on se comprend parce qu’on est déjà passés par un chemin similaire (l’Alberta, c’est moins exotique que l’Italie, mais c’est presque aussi loin!). On retient une larme, on force un sourire, et quand on se retourne, on voit le dos courbé de notre petit bonhomme. Lui qui calcule tout le temps, il doit bien se dire, du haut de ses six ans : « Je vis depuis six ans. Je connais mes amis depuis trois ans. Trois ans, c’est la moitié de six. J’ai passé la moitié de ma vie près d’eux. Et maintenant, ils partent pour trois ans. C’est une autre moitié de ma vie. C’est vraiment ça, l’amitié? Se dire au revoir pour plusieurs années? »

Et comme lui, on a le goût de bouder, de faire la moue. Dire au revoir aux copains, ce n’est pas jojo, que ce soit à six ans ou à quarante ans.

À vous qui partez vivre un rêve à l’étranger : profitez de chaque moment (je n’en doute même pas!). On se retrouve dans quelques années avec plein d’histoires à raconter!

 

Nathalie Courcy



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