Fille, mets ton maillot!

C’est enfin l’été.

Fait chaud, fait beau ; fille, mets ton maillot !

« T’es tellement p’tite ! »

« Manges-tu ? »

« Comment tu fais ? »

« T’es donc ben chanceuse ! »

« Coudonc, as-tu encore maigri ? »

J’entends ça. Souvent. Vraiment. Ensuite, je lis parfois des choses comme :

« Les vraies femmes ont des courbes. »

« Les os, c’est pour les chiens. »

« Ark, “une telle” (insérer ici le nom d’une personne connue ou pas), elle est bien trop petite. C’est laid. »

… Bref. C’est n’importe quoi. Personnellement, je ne me trouve pas si chanceuse. Bon, je mange n’importe quoi et je le digère pratiquement AVANT de l’avoir ingéré. Cool !? Aussi, des fois, j’achète des vêtements dans la section « enfant » de certains magasins, et puis au final, ça me coûte moins cher.

Chouette ! Mais avant ça, j’ai braillé et je me suis détestée dans les magasins de madame parce que rien ne me faisait. J’ai trente-et-un ans après tout, pas treize.

Aussi, tant qu’à être dans les confidences, je te dirais que j’aimerais ben gros avoir des courbes. Oui, tu as bien lu. Je rêve d’avoir des hanches. J’aimerais vraiment avoir des seins. Genre que la maternité m’a rendue plus petite qu’à mes dix-sept ans et ma poitrine qui a allaité trois enfants, eh bien…

C’est ça qui est ça. Le peu qui n’a pas disparu, on n’en parlera même pas.

Oui, j’ose le dire : parfois, j’aimerais être un peu moins mince.

La seule forme ou courbe que j’ai maintenant, c’est mon nombril qui est ressorti après trois grossesses back à back. Et mon p’tit mou de bedaine. Ben oui, j’ai ça même si j’ai la shape d’un pop sicle ; un p’tit mou de bedaine.

Parfois, lorsqu’on me fait trop de remarques sur mon poids, je finis par monter sur la balance pour voir ce qu’elle va me dire. Normalement, mon pèse-personne ne sert qu’à accumuler la poussière.

Parfois, je suis fière, car j’ai gagné quelques livres.

Et parfois, après des semaines stressantes/occupées/chaotiques, je suis triste/fâchée. Allo la combustion de calories dans ce corps hyperactif ! Mais je suis comme ça, c’est tout. Ceci dit, ça ne fait pas de moi une personne plus en forme.

Qu’on se le dise, je déteste parler de poids. Du mien et du tien.

Dis-moi… Est-ce seulement ma perception, mais souvent, il me semble que la minute où l’on porte un enfant et après son expulsion, on dirait que tout le monde se permet de nous parler allègrement de notre poids, comme si ça lui appartenait. Surtout quand on est « dont ben p’tites ! ». C’est peut-être parce que c’est plus ma réalité que je pense ça, tout simplement. Qu’importe.

Tout ça pour te dire que si tu as trop de seins, trop de fesses, trop de toute et que tu n’es pas fan de ton corps, pense au fait que c’est pas mal partout pareil. True story.

On est toutes pareilles, même si on est différentes.

Ça fait que, fille, mets ton maillot, pis enjoy l’été. Sois fière de toi.

Fais-le pour toi. Fais-le pour tes enfants.

Dans mon petit body, j’ai construit trois bébés.

Ma fierté. Ma vie quoi !

Il est petit ce body, mais il en a dedans.

Avant, je pensais que la maternité m’apporterait des courbes. Mais non. Elle m’a tout pris du peu que j’avais.

D’un autre angle, elle m’a tout donné.

Les vraies femmes, ce sont celles qui ont des courbes, qui n’en ont pas, qui sont grandes, petites, minces, en chair, brunes, blanches, jaunes, vertes (?), blondes, noires, rousses…

Ce sont celles qui aiment avec le cœur, qui apprennent à aimer et à s’aimer.

Quand on s’aime et qu’on se respecte, on aime mieux et on respecte plus. Du moins, c’est ce que je crois, bien humblement.

Les vraies femmes, ce sont… les femmes. Point.

Plus tard, je veux que, peu importe son apparence, ma fille mette son maillot, la tête haute.

La vie est trop courte et l’été vraiment pas assez long.

C’est enfin l’été.

Fait beau, fait chaud, ça fait que fille, mets ton maillot, pis enjoy l’été !

Caroline Gauthier



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