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La prématurité, rien ne nous y prépare – Texte : Annick Gosselin

Une grossesse est un événement heureux. Rapidement à son annonce,

Une grossesse est un événement heureux. Rapidement à son annonce, on se met à imaginer le sexe du bébé, les prénoms, la décoration de la chambre, les premiers petits vêtements. On se met à lire tous les livres sur le déroulement de la grossesse, l’accouchement et l’allaitement. On suit des cours prénataux, on prépare un plan de naissance et on rédige une liste de ce qu’on veut apporter à l’hôpital. Bref, dans notre tête, on a un plan A : on accouche, on a un beau bébé à cajoler et on revient à la maison avec notre bébé au bout de deux jours.

Mais qui nous parle des plans B-C-D? Qui nous prépare mentalement à affronter une naissance prématurée et tout ce qui vient avec? Personne! La dure et cruelle réalité te frappe de plein fouet quand tu as les hormones « dans le piton ». 

Personne ne te parle de la césarienne d’urgence, du fait que tu ne pourras ni voir ni toucher ton bébé quand il sortira de ton ventre, que tu seras inquiète de son état plusieurs heures, car les médecins sont rapidement partis avec ton petit trésor, que ton conjoint l’a suivi et que tu restes seule avec la peur au ventre.

Ton ventre, il est maintenant vide et tu as la sensation de t’être fait voler ton bébé. Tu pleures, tu ne comprends pas pourquoi ça t’arrive. Tu te sens coupable, tu te demandes ce que tu as fait de mal pour que ton enfant naisse prématurément. Et tu n’as aucune réponse. 

On te dit rapidement que tu dois tirer ton lait, car ça aidera ton bébé. Mais tu n’as pas envie ; ce que tu voulais, c’était allaiter et surtout avoir le contact si doux avec ton bébé. Tout ton beau plan ne s’est pas réalisé, il te reste seulement des miettes d’inquiétude et de déception. 

Les heures passent et tu ne peux pas prendre ton bébé. Tu le vois, si petit et si fragile dans son incubateur, il est si loin, inaccessible. Tu voudrais le protéger, le tenir contre toi, mais c’est impossible. On essaie de te rassurer, mais ça non plus, ça ne fonctionne pas. 

Tes valises n’étaient pas prêtes, ton bébé n’a pas de vêtements et le peu que tu as sera clairement trop grand. C’est impossible pour toi de gérer cela, tu dois déléguer cette tâche, et encore une fois, ça te brise le cœur, car tu avais envie de magasiner toi-même les premiers vêtements de ton bébé. 

Et vient le temps où tu dois quitter l’hôpital, seule, le ventre et les bras vides. Tu as l’impression que ton cœur a été arraché. Tes prochains jours, semaines et même mois seront les mêmes : faire des allers-retours entre l’hôpital et la maison. Doucement tu te fais à cette routine, mais tu es comme figée dans tes émotions, tu ne réussis qu’à faire ce que tu dois faire, car tu dois le faire. 

Quand enfin vient la première fois où tu peux prendre ton bébé, tu ne peux que pleurer de joie. Ce moment tant espéré et imaginé pendant tes nuits sans lui. Tu voudrais le garder dans tes bras et t’enfuir avec lui à la maison, mais non. Pour son bien, il ne faut pas le prendre trop longtemps, il ne lui faut pas trop de changements à la fois. Donc tu retournes, soir après soir, chez toi avec ce grand vide. Tu te réveilles la nuit en pensant à ton bébé, tu appelles à l’hôpital pour savoir comment il se porte. Le lendemain matin tu cours le voir, il n’y a plus rien qui compte sauf de voir ton bébé aussi souvent que possible. 

Quand enfin on te dit que ton petit trésor peut sortir, étonnamment, c’est très déstabilisant. À la maison, on n’a plus les machines qui sonnent s’il arrête de respirer ou qu’il désature. Finalement, l’hôpital avait quelque chose de rassurant. 

Il faudra maintenant apprendre à vivre avec cette insécurité. Certes, la joie d’avoir enfin ton bébé avec toi en tout temps te remplira de bonheur. Mais tu n’auras pas la légèreté des premiers moments que tu aurais eus avec ton bébé s’il était né à terme. Tu resteras, probablement toute ta vie, avec une certaine amertume de t’être fait voler ton instant qui se devait d’être magique, celui de la naissance de ton enfant. 

Il se peut aussi que ça te prenne plusieurs mois à digérer tout cela. Il est possible que psychologiquement, tu aies besoin d’aide, car avoir un bébé prématuré, ça rime souvent avec un post-partum. Si cela arrive, il ne faut pas te sentir coupable, c’est juste plus que ce que n’importe qui peut tolérer comme douleur psychologique. Assure-toi d’être bien entourée et d’aller te chercher de l’aide. 

Je le répète, personne ne te prépare à vivre cela. Est-ce qu’on devrait davantage parler de cette possibilité dans les livres de grossesse et les rencontres avec les gynécologues? Je pense que oui. Il ne faut pas être alarmiste, mais cela arrive relativement souvent et ce serait bien que les mères puissent se préparer à cette éventualité psychologiquement. Savoir qu’elles peuvent avoir du soutien et que tout finira par bien aller. Tu finiras par aller mieux et ton bébé grandira en santé. 

Mais en attendant, vivre la prématurité sans y être préparée, c’est juste trop. Trop gros et trop difficile. 

 

Annick Gosselin

La vérité, je suis enceinte. Texte : Arianne Bouchard

Dans mon premier article, je vous avais parlé de problèmes de fert

Dans mon premier article, je vous avais parlé de problèmes de fertilités et de mon désir de devenir maman, alors je trouvais logique de vous écrire un nouvel article pour vous dire que le génie des vœux avait enfin exaucé mon souhait le plus cher. Je vais être maman.

J’ai attendu ce moment tellement longtemps que j’ai l’impression qu’une partie de moi n’y croit pas encore. J’en ai rêvé tant de fois, que j’ai l’impression de carrément vivre dans le plus long et le plus réaliste des rêves. Si c’est réellement un rêve, je vous en prie, génie des vœux, ne me réveillez pas!

Là c’est le moment où vous remarquez que je suis un peu dingue et que je parle à un génie. Oui. Je ne crois pas en une instance supérieure, mais comme vous avez appris à me connaître au fil de mes articles, je suis très ancrée dans l’imaginaire. Ne vous inquiétez pas, je le réitère, je ne souffre pas de maladie mentale; simplement, j’aime ça. Bien sûr, je sais que les licornes, les fées, les génies n’existent pas, mais voyez-vous, ça m’amuse de rajouter un peu de magie dans ce monde si fade et triste. Jugez-moi si ça vous chante, ce n’est pas plus ridicule que de s’adresser à un seigneur, Dieu ou grand manitou créateur. Fin de la parenthèse.

J’aimerais vous dire quel a été mon truc miracle pour enfin tomber enceinte, mais je pense juste que c’était tout simplement le bon moment. Nous n’avons pas eu recours à des traitements de fertilité et nous n’avions pas, à notre connaissance, de problèmes réels de fertilité. C’était juste long. 

Et long, c’est relatif. Quand tu souhaites réellement avoir un enfant, pis que ça ne marche pas, chaque jour qui passe semble durer une éternité. En réalité, ça aura pris un an. Alors pour toutes ces femmes pour qui ça prend des années, des années et ben des traitements, je n’aurai pas l’audace de qualifier ça de long, finalement. Mesdames, mes pensées vous accompagnent. Je n’ai vécu qu’une infime partie de votre parcours et mon dieu, j’étais désespérée… Je ne peux imaginer ce que vous endurez au quotidien. Je vous envoie un torrent d’amour !

J’ai beau avoir anticipé ce moment toute ma vie, je n’étais pas préparée au fait que de simples petites barres sur un bout de plastique me rendraient si heureuse. Et même si les nausées éternelles (oui éternelles ! Les nausées matinales : UN MENSONGE!) me rendent la vie impossible, que toutes les odeurs m’écœurent et que m’alimenter, c’est toute une histoire, je suis aux anges. Qui aurait cru que vomir, dormir et engraisser me rendrait si heureuse ? 

Il n’est peut-être encore qu’une petite crevette, mais je l’aime déjà gros comme l’infini et plus loin encore, mon petit abricot.

 

Arianne Bouchard

 

Quand Bébé disparu fait partie de la famille… (Texte : Valérie Marcoux)

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Zachary fait partie de nos vies. Nous en parlons tous les jours à la maison. J’évoque ma grossesse avec mes proches, je ne veux pas de malaises. Nous sommes fiers de dire que nous avons 3 garçons. Pour nous, il a fait partie de notre vie pendant 37 semaines.

Pour certains qui m’ont peu vue enceinte (merci COVID…) et parce qu’ils n’ont pas connu Zachary, c’est moins concret… ils réalisent moins qu’il a pourtant existé…

Pour d’autres, Zachary fait partie de la famille au même titre que Samuel et Jérémy. Quand ma tante nous a proposé de faire des cabanes d’oiseaux pour chaque petit enfant au chalet, c’était évident pour elle qu’on allait en faire une à Zachary. Ça allait de soi.

Vous dire le bien que ça m’a fait. Je n’ai pas eu besoin de le lui faire penser. Ça ne venait pas de moi. Quelqu’un d’autre l’incluait dans la famille, dans ma famille. Quelqu’un d’autre reconnaissait que je n’avais pas deux, mais bien trois enfants. Sans malaise, pas juste pour me faire plaisir. Parce que c’est comme ça. Point.

Ce fut une activité merveilleuse ! Tabliers, pinceaux, peintures, cabanes en bois… Les enfants étaient heureux et moi aussi ! J’ai peinturé la cabane de Zachary avec les couleurs qui me font penser à lui… Les garçons m’ont aidée. Nous avons écrit son nom. Nous avons parlé de lui. Nous avons ri, jasé. C’était simple, c’était parfait !

Aux proches de par’anges, n’oubliez pas d’inclure le bébé absent lorsque c’est possible. Ce ne sera pas nécessairement triste ou malaisant… Au contraire, ce sera seulement une belle preuve d’amour et de soutien.

Valérie Marcoux

 

Premier anniverciel (Texte : Valérie Marcoux)

1 an depuis ta naissance en silence. 12 mois depuis qu’on t’a bercé, cajolé en essayant de

1 an depuis ta naissance en silence.

12 mois depuis qu’on t’a bercé, cajolé en essayant de te transmettre tout notre amour en trop peu de temps.

52 semaines depuis qu’on t’a emmailloté dans ta doudou et qu’on t’a mis ton joli chapeau. Qu’on a caressé tes cheveux et tes petites joues.

365 jours à penser à toi, à t’imaginer, à parler de toi et à t’aimer.

8 760 heures depuis qu’on t’a admiré et qu’on a emmagasiné le plus de souvenirs de toi…

525 600 minutes qu’on a prises une à la fois, puis 5 minutes à la fois, puis 1 heure, 1 jour et 1 semaine à la fois…

31 536 000 secondes d’émotions. Des émotions vives, parfois mélangées ou contradictoires, des émotions négatives, mais plus souvent positives malgré tout.

525 600 minutes où nous semblons forts, semble-t-il, alors que nous faisons seulement notre possible.

8 760 heures où ton papa et moi sommes plus que tout là l’un pour l’autre, où nous nous soutenons dans l’humour et dans l’amour.

365 jours à profiter pleinement de tes grands frères, à réaliser que notre noyau familial est plus soudé que jamais.

52 semaines de hauts et de bas. De chemins tranquilles et de grosses montagnes, à monter, tomber et se relever. ..

12 mois où nous te portons en nous au fil des saisons, où nous avons changé, où nous avons grandi.

1 an d’amour pour toi.

Bon anniverciel Zachary

Valérie Marcoux

Le deuil de la famille rêvée — Texte : Stéphanie Dumas

Comme beaucoup de femmes, j’ai commencé à imaginer et à rêver de ma future famille très tôt

Comme beaucoup de femmes, j’ai commencé à imaginer et à rêver de ma future famille très tôt à l’adolescence.

Comme beaucoup, je me fixais un âge idéal pour mon premier enfant, pour l’achat de ma maison, etc. Je prévoyais avoir trois enfants avant d’atteindre 35 ans. Et mon premier assez tôt après mes études et l’achat de ma maison.

Mais que faire lorsque nos projets de famille ne se concrétisent pas ? Lorsque notre corps est « défectueux » et qu’il est impossible de tomber enceinte naturellement ? Encore pire, que faire lorsque notre corps n’est pas en mesure de mener une grossesse à terme et que les pertes s’accumulent ?

C’est un grand deuil à vivre lorsqu’on prend la difficile décision de fermer la porte à la maternité biologique de manière définitive. Il existe d’autres moyens de fonder une famille, mais tous ne désirent pas prendre un autre chemin.

Il est aussi surprenant de constater le manque de ressources pour accompagner les gens faisant face à cette épreuve ou à celle de la fausse couche.

C’est aussi encore un sujet tabou qui rend bien des gens inconfortables. Il peut même être presque impossible d’en discuter avec nos parents et nos amis ou membres de la famille proches. Nous avons pourtant besoin d’oreilles et même parfois d’épaules pour traverser cette épreuve.

Si vous vivez ce deuil, ne pensez pas que vous devez pleurer seulement lorsque les lumières sont fermées chez vous le soir venu. Ne fermez pas la porte définitivement si vous sentez un malaise avec certaines personnes, car d’autres seront prêts à vous écouter et à vous accompagner dans votre peine. C’est en mettant en lumière ce deuil que nous pourrons un jour espérer que ce ne soit plus tabou dans notre société.

Stéphanie Dumas

 

Ton entrée à la maternelle – Texte : Roxane Larocque

Tu es arrivé sur terre il y a 5 ans. Notre premier travail d’équipe officiel. On apprenait déj

Tu es arrivé sur terre il y a 5 ans. Notre premier travail d’équipe officiel. On apprenait déjà à se connaître depuis 9 mois, chacun occupé à grandir, à devenir. Tu te transformais en humain, je me transformais en maman. Mais ce jour de ta naissance, c’était la première fois que tes yeux rencontraient les miens, ta peau gluante et chaude dans mes bras qui ne voulaient plus te quitter, nos deux regards dépassés par les événements qui se croisaient pour la première fois et qui se demandaient comment on allait se remettre de tout ça. Ton odeur de bébé tout neuf que je respirais profondément à travers tes petits cheveux tout fins.

Depuis ce jour, nous tissons notre relation, quelques mailles de travers à refaire, mais surtout bien du bonheur, de la douceur et de l’amour. On apprend à se défusionner, doucement, depuis ce jour où tu as quitté mon corps. Mon envie de retrouver mon corps, mon temps, mes esprits. Ton envie d’avoir plus d’autonomie, de découvrir le monde qui t’entoure et de partir à l’aventure loin de moi.

Comme il passe vite, le temps.

J’étais celle qui guérissait tous tes maux par ma seule présence, celle qui devinait tes besoins avant même que tu les nommes. Te voilà maintenant hors de cette période de survie depuis longtemps, à vouloir toujours plus de liberté, à réclamer ton intimité, à construire ton univers. C’est parfait, c’est ce que je nous souhaitais, c’est le cours normal de la vie. Mais il reste que mon cœur de maman est rempli d’émotions mélangées en ce moment, puisque tu es maintenant à la veille de ton entrée scolaire.

La fierté, celle de connaître de plus en plus ta belle âme, ton intelligence, ta douceur. La confiance, puisque je te sais prêt, mais aussi la peur, celle que tu sois blessé, que tu souffres, que tu aies mal.

C’est un grand saut vers la société que tu t’apprêtes à faire. Et cette société est un peu mal en point, faut le dire. Elle a bien besoin de vous, petits enfants pourtant déjà si sages. Allumés, près de vos émotions, criant notre vérité, celle que l’on ne veut pas toujours entendre.

Je vous souhaite, à tes copains de classe et toi, d’en apprendre plus sur qui vous êtes et non sur ce qu’on voudrait que vous soyez. Je vous souhaite de croiser sur votre route des enseignants qui vous aideront à garder votre unicité, vos talents, plutôt que d’essayer de vous conformer à des standards vides de sens. Je vous souhaite de recevoir suffisamment d’amour pour avoir envie d’en redonner partout autour de vous. J’espère que l’on verra qui vous êtes et non juste vos diagnostics, les réels et ceux qu’on invente quand on ne vous comprend pas. J’espère que ce milieu saura vous faire briller et non vous éteindre. Vous permettre de découvrir d’autres modes de pensées, d’autres façons de voir la vie. Je vous souhaite un milieu stimulant qui accepte vos souffrances plutôt que de vouloir les effacer.

Ton chemin sera unique. Il y aura des embûches, des défis, des moments difficiles, mais c’est à travers tout ça que tu découvriras tout ton potentiel. Ce que tu aimes, ce que tu détestes, les valeurs qui t’habitent. Et il aura nous, ta famille. Nous serons toujours là pour toi. Ta tribu, ton clan, ton refuge. À juste distance, en bienveillance.

Bonne rentrée scolaire !

 

Roxane Larocque

C’est correct!!! Texte : Valérie Marcoux

Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de vivre un deuil périnatal. Il n'y a pas de mode d'

Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de vivre un deuil périnatal. Il n’y a pas de mode d’emploi, de techniques super efficaces ni de thérapies miracles.

 

Il n’y a que des humains qui font de leur mieux pour passer à travers les plus grosses tempêtes de leur vie.

 

Donc, aujourd’hui, j’ai envie de te dire : C’EST CORRECT!!!

 

T’as besoin de garder la chambre de ton bébé intacte, c’est correct.

T’as besoin de défaire la bassinette et remettre la pièce comme elle était avant, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de te changer les idées, c’est correct.

T’as besoin de parler de lui, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de dormir le nez dans sa doudou ou son toutou, c’est correct.

T’as besoin de dormir avec une photo sur ta table de chevet, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de lui faire une place dans ta maison, c’est correct.

T’as besoin de ranger ses souvenirs dans une jolie boîte, c’est correct aussi.

 

T’as besoin d’écouter des chansons tristes et de pleurer, c’est correct.

T’as besoin de mettre les tounes de ton adolescence et de danser, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de sortir dehors, de prendre l’air, c’est correct.

T’as besoin d’écouter un film emmitouflée dans ton lit, c’est correct aussi.

 

T’as besoin d’afficher ses photos, de montrer ton ange à tous ceux qui passent chez toi, c’est correct.

T’as besoin de garder ses douces images pour toi et quelques proches, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de lire sur le deuil, de comprendre ce processus complexe, c’est correct.

T’as besoin de te laisser porter par tes sentiments, c’est correct.

 

T’as besoin de lire d’autres témoignages, de voir que tu n’es pas seule, c’est correct.

T’as besoin d’écouter des vidéos drôles en essayant de ne penser à rien, c’est correct aussi.

 

T’as besoin de consulter un professionnel, c’est correct.

T’as besoin de cheminer seule un petit bout, c’est correct aussi.

 

Peu importe ce dont tu as besoin, écoute-toi, c’est correct. Par contre, si quelque chose dont tu croyais avoir besoin ne te fait pas de bien, change-le.

 

Valérie Marcoux

Mes étoiles de mère par S.M. ⭐

 

Quand la fertilité devient un cauchemar sans fin… et qu’on t’enlève ta liberté de choix – Texte : Marie-Élisabeth Ménard

En juillet 2019, tout juste avant mes 25 ans, j’ai mis au monde mon quatrième enfant. Belle, ple

En juillet 2019, tout juste avant mes 25 ans, j’ai mis au monde mon quatrième enfant. Belle, pleine de vie, de santé, de curiosité. Avec un papa si attentionné, si aimant ! Le bonheur !

L’accouchement a été parfait. Facile, sans problème ni blessure. La maman va bien et le bébé aussi. Tout va pour le mieux. Mon conjoint et moi avions décidé depuis longtemps que ce serait la petite dernière, que plus jamais je ne porterais d’enfant dans mon ventre. C’était notre décision pour la famille, MA décision pour moi-même. Je n’en pouvais plus. La grossesse avait été pénible physiquement, et surtout mentalement.

Je venais de terminer ma première année de technique et je commençais mes stages en août, lorsque mon bébé allait avoir tout juste deux mois. Le gynécologue m’a demandé quelle contraception je voulais pour la suite. Je lui ai répondu (dossier à l’appui) que les contraceptifs ne fonctionnaient pas. Je suis tombée enceinte deux fois sous contraception, après plusieurs rejets violents de toutes sortes avec ou sans hormones. Sans faire de détour, j’ai demandé la ligature des trompes, qui me semblait adéquate. Il m’a dit non, sans me laisser m’expliquer sur mes motivations. Il m’a dit non, sans connaître ma vie ni mes sentiments dans la situation. Il m’a simplement dit non. Voici ses arguments, et les réponses que j’ai eues à lui donner :

Tu es trop jeune : WHAT ?!? Quatre enfants à 25 ans, et je suis aux études, ce n’est pas assez pour toi ? Il m’en faut combien, ou quel âge devrai-je avoir pour arrêter d’être enceinte ? … Je suis tombée enceinte à 17 ans, et on me disait déjà trop jeune pour AVOIR un enfant ; 8 ans plus tard, je suis trop jeune pour arrêter d’en faire… Humm.

Si jamais tu regrettes et que tu en veux d’autres : JA-MAIS. Je suis épileptique, c’est risqué chaque fois que je tombe enceinte, chaque fois que je ne fais pas mes nuits (et Dieu sait à quel point on ne dort pas avec des enfants…). Les grossesses sont de plus en plus difficiles et épuisantes, en plus de l’école, des autres enfants, de la vie et des imprévus… JA-MAIS.

Et ton chum lui, s’il en veut d’autres : On peut adopter, devenir famille d’accueil, avoir une mère porteuse, peu importe… Je ne veux plus en avoir en moi. Mon corps doit me revenir et m’appartenir un moment donné… C’est aujourd’hui ce moment. Je n’en veux simplement plus. À la limite, il ira voir ailleurs, JE M’EN FOUS. Ce n’est pas sa décision, plus après quatre…

Le médecin m’a même gentiment proposé l’abstinence. (J’ai bien failli lui sauter à la gorge !)

Vous auriez dû me voir à cet instant. Déconfite, déconstruite, en pleurs, inconsolable. De mes 17 ans à mes 25 ans, je n’ai connu que ça, les grossesses, les accouchements et les nuits blanches. J’ai quatre enfants ; imaginez les maladies, les nuits à l’urgence, les imprévus de garderie, d’école, de rendez-vous, de blessures, et j’en passe. Le coût de la vie qui ne fait qu’augmenter, les cours de sport, le parascolaire, les fêtes et autres… Je ne pouvais pas imaginer qu’une personne ne se fie QU’À mon âge pour déterminer si j’étais prête ou non à mettre fin à ma fertilité incontrôlable. Moi qui me suis battue pour ma liberté et mon indépendance jusque-là, c’est toi, l’homme gynécologue de 60 ans, qui vas décider de l’avenir de mon corps ? Je ne pouvais y croire. Je suis sortie du bureau hors de moi et en pleurs. Mon chum ne savait pas quoi me dire ni quoi faire pour apaiser ma souffrance. Parce que oui, c’était une souffrance terrible, que je ressens encore aujourd’hui. J’avais envie de crier à l’injustice. Mais je suis sortie, la tête basse et le cœur en miettes.

…

Quatre mois plus tard, en novembre ou en décembre, j’ai un drôle de feeling, que je ne connais que trop bien. Le test est positif. Je suis de nouveau enceinte. Lorsque j’appelle mon conjoint pour le lui dire, ma voix est bloquée dans ma gorge. Rien ne sort. Je suis paralysée par la colère, la rancune, l’amertume, la peur. J’ai peur. On n’en veut pas, de cette grossesse-là. On suit donc la procédure pour une IVG. Je ne suis ni pour ni contre l’avortement. Je pense que ça doit exister, pour le choix de la femme qui s’inflige cette opération. Parce que ce n’est pas qu’un sujet ni un jeu. C’est une opération où on nous enlève la vie du ventre. C’est un choix que l’on s’impose pour diverses raisons, mais la première et la plus importante, c’est quand c’est pour soi-même que l’on prend cette décision. Dans tous les cas, ça fait mal. Mal au corps, mal au cœur et mal à l’âme. (Encore en écrivant ces lignes, je pleure, parce que le mal est encore là malgré le soulagement.)

Dans le processus, j’apprends que j’attends des jumeaux cette fois. Je ris jaune, parce que c’est du délire. Le destin est parfois chiant, mais là, je le trouve incompréhensible. Je redemande aussitôt la ligature. La gynécologue, une femme cette fois, n’argumente pas et fait tout en son pouvoir pour me l’obtenir. Et elle réussit. C’est un soulagement de me faire soutenir, entendre, comprendre par quelqu’un. Enfin.

Lorsque je rencontre les professionnels dans le cadre du processus, je largue ma colère envers le système et envers celui qui m’a causé tout ce que je vis juste parce qu’il me trouvait « trop jeune » ou qu’il a pensé à mon chum avant moi. Les personnes présentes me comprennent, m’écoutent patiemment et soulagent comme elles le peuvent ma douleur à l’âme. Elles sont extraordinaires. L’opération a lieu. J’en sors, soulagée, mais vide. J’ai un deuil à faire. Celui de mon IVG, mais aussi celui de ma fertilité. Un deuil officiel de grossesse, de recommencement, de renouveau. Et ça me va. J’étais prête pour ce deuil depuis longtemps, et il me convient.

Neuf mois plus tard, je me sens toujours mal. Depuis mon opération, j’ai des douleurs au bas-ventre. Je me sens bizarre, je sais que quelque chose ne va pas. Après les prises de sang, une nouvelle grossesse est confirmée. Oui, oui, neuf mois après ma ligature, je suis de nouveau enceinte. (Moins de 1 % de chances, qu’ils disent… fallait que ça me tombe dessus !) Et elle est viable, donc pas ectopique. Quelle chance ou quel malheur ? … J’en ris. J’en pleure. Je fais tout ce que je peux pour ne pas devenir folle. Je ne comprends plus rien. Je n’en peux plus. Je veux disparaître. Je veux démolir quelque chose, plusieurs choses. Je ne sais plus. À quel point la vie voulait que je sois enceinte pour me faire ça ? Devais-je le garder ? Parce que rendu là, croyez-moi, c’est un miracle. De mauvais goût, mais tout de même un miracle.

Je me suis questionnée à ne plus savoir comment réfléchir. Si vous saviez comment j’ai pleuré ! Je n’avais plus de larmes, et à la fin, je riais comme une personne qui a perdu l’esprit. Je n’étais plus personne. Je me sentais simplement comme une machine à bébés. Avec ou sans mon consentement, la vie et la médecine s’en foutaient, tant que je faisais des bébés. Je me suis fait opérer à nouveau. Deuxième IVG et deuxième ligature en neuf mois en plus d’un accouchement, tout ça dans la même année.

Tout ça parce que le gynécologue a dit non à MON choix, qu’il a eu cette emprise sur MON corps et sur MA vie.

Tout ça parce que le système de santé, SUR CETTE QUESTION, ne prend pas en compte la vie de la femme ni son avis.

Tout ça parce que, finalement, je n’ai jamais eu le pouvoir sur moi-même.

Tout ça parce que c’est injuste.

Tout ça parce que j’avais envie de vivre ma vie et qu’on ne m’a jamais donné le choix de le faire comme je le voulais et QUAND je le voulais.

Tout ça parce qu’on ne m’a pas écoutée au départ, lorsque j’ai dit non.

N’est-ce pas une des premières bases du consentement ? Sur le plan médical, n’ai-je pas le droit de profiter de mon corps comme bon me semble ? N’est-ce pas mon droit fondamental de décider si, oui ou non, je veux porter des enfants ? Peu importe mon âge, que j’aie ou non des enfants, que je fasse quoi que ce soit de la vie… n’est-ce pas mon droit fondamental de femme, d’humain de décider de ce que je fais de mon corps ?

Le système doit changer. Le système doit écouter ses patients, et non les détruire. J’ai vécu l’enfer, je ne suis pas la seule ni la pire.

Je veux que ça change, pour les autres qui vivent encore ou qui vivront un cauchemar comme le mien, par manque de choix, par manque d’écoute et par manque d’humanité.

Je veux que le droit des femmes et le consentement soient pris en compte dans le système de santé. Ce n’est pas normal qu’on se batte de tous les côtés pour ces aspects et que, lorsqu’on demande d’avoir le pouvoir sur notre corps, un médecin, un système, décident à notre place.

C’est injuste.

Soyez fortes. Soyez confiantes. Battez-vous pour la liberté de votre propre corps.

 

Marie-Élisabeth

Le jour où j’ai ouvert la toile… Texte : Valérie Marcoux

Cette semaine, j’ai ouvert la toile de ta chambre, celle qui gardait ta chambre sombre, comme mon

Cette semaine, j’ai ouvert la toile de ta chambre, celle qui gardait ta chambre sombre, comme mon intérieur. Celle qui faisait en sorte que nous devions allumer le plafonnier… toujours.

Cette toile elle est habituellement fermée. Elle permettait à tes deux grands frères de dormir à tout moment lorsqu’ils étaient bébés, pour nous permettre de diminuer la luminosité si nous voulions les endormir en plein jour.

Cette fois, elle est restée fermée même si tu n’étais pas dans ton lit, parce que c’était des jours sombres pour nous ; parce que j’étais triste et en colère ; parce que je ne voyais pas pourquoi une chambre qui ne t’entendrait jamais gazouiller pourrait être lumineuse…

Puis, cette semaine, j’ai ouvert la toile. J’ai laissé entrer la lumière naturelle. Et j’ai trouvé ta chambre plus belle ainsi.

Tranquillement, j’ai déplacé des objets, empilé tes souvenirs trop peu nombreux et rangé quelques trucs que tu n’utiliserais jamais, comme ta coquille et le petit coulou que ta grand-maman t’avait réparé.

Aujourd’hui, j’ai défait ton lit. J’ai enlevé le coussin décoratif qui commençait à s’empoussiérer, j’ai détaché le contour de lit que ta mamie avait pris soin de bien installer. J’ai retiré le drap qui ne te réchauffera jamais.

J’ai pleuré, je t’ai parlé. Mais je l’ai fait dans une chambre lumineuse, ensoleillée, parce que tout est plus beau quand on y laisse entrer la lumière, même une chambre vide…

Texte composé en mai 2021, quatre mois après le décès in utero de notre Zachary, à 37 semaines de grossesse.

Valérie Marcoux

Vivre dans un manège — Texte : Geneviève Toueg

Cette première grossesse était bien voulue, mais cette maladie est arrivée dans ma vie sans que j

Cette première grossesse était bien voulue, mais cette maladie est arrivée dans ma vie sans que je l’aie demandé. Elle s’est invitée chez nous et s’y est trouvé une place particulière. Avec la grossesse, la femme enceinte est plus sujette à développer une maladie mentale, et ce, surtout si elle est prédisposée. Cette maladie s’installait de plus en plus en moi et moi, je me perdais davantage.

Puis, je suis tombée sur la psychiatre, celle qu’on appelle « la crème de la crème », celle en qui on pourrait faire confiance les yeux fermés, le diagnostic est tombé, bipolarité ! Pourquoi moi, pourquoi m’a-t-elle choisie ? Tant de pourquoi !

Dans mon cas, je suis tombée sur le tout inclus de la bipolarité. J’étais dans une montagne russe d’émotions, passant de la dépression à l’hospitalisation et de la manie aux achats compulsifs, à une énergie plus débordante qu’à l’habitude. Le jugement n’y était plus. Les dettes s’accumulaient et mon état mental n’était toujours pas stable. Puis vient la médication, les remises en question et tenter de trouver un équilibre.

Ensuite, cette deuxième grossesse surprise est arrivée ! Cette nouvelle, vous savez celle qu’on attend le moins, celle qui fait rimer le mot bonheur avec le mot angoisse. L’angoisse que bébé se forme anormalement à cause de la médication, l’inquiétude que la maladie se détériore parce que oui, c’est une grossesse plus à risque. À la fin de la grossesse, cette montagne russe refait surface, vous savez ce genre de manège qui nous étourdit, celui qui fait en sorte que nous perdons nos points de repère. Ces symptômes que je tentais de retenir mais qui étaient plus forts que moi, qui étaient au-devant de moi.

J’aurais envie de te dire à toi, ma bipolarité, que j’apprends à vivre avec toi avec tes hauts et tes bas ; je t’apprivoise peu à peu et je commence à te connaître un peu mieux. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, elle nous a mis sur le même chemin. Pourquoi ne pas cohabiter ensemble afin d’avoir ce respect mutuel ? Pourquoi ne pas trouver cet équilibre entre nous ? Puis arrive l’acceptation. Cette volonté d’accueillir la réalité telle qu’elle est et de faire le deuil de la réalité qui a changé.

L’acceptation libère, allège et nous remet en contact avec nos ressources, notre pouvoir d’action, elle nous permet de faire avec la réalité, de lâcher prise et de nous créer. Parce que tu es entrée dans ma vie, je suis maintenant plus consciente de ce qu’est la résilience, le lâcher-prise et surtout de reprendre le pouvoir de ma propre vie, d’être la femme que je suis !

Le 30 mars est la journée de la bipolarité. Cette maladie qui s’exprime différemment d’une personne à l’autre est encore très peu connue et stigmatisée. Profitons de cette journée pour s’ouvrir aux problèmes de santé mentale qui peuvent toucher chacun de nous à un moment de nos vies.

 

Geneviève Toueg

 

La v̩rit̩, je ne suis pas enceinte РTexte: Arianne Bouchard

Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu des enfants. Je me disais quâ€

Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu des enfants. Je me disais qu’à l’âge mature, quand j’aurais fini mes études, que j’aurais un emploi stable mais aussi, bien sûr, une relation durable, je mettrais en marche la machine à bébés.

Quand finalement, je suis arrivée à l’âge adulte, je me suis rapidement rendu compte que vouloir, c’est pas TOUJOURS pouvoir. T’as beau avoir fini l’école, t’as beau avoir un bon salaire et toute la stabilité du monde, c’est pas toute. Il faut que ton corps veuille lui aussi.

J’ai toujours pensé que ce serait facile de tomber enceinte. Ma mère a eu six enfants, qu’elle a pratiquement pondus comme une portée de chatons, si tu vois ce que je veux dire. Ensuite, ma sœur elle aussi a eu des enfants, tout aussi facilement. Je me disais forcément que nous avions une bonne prédisposition, tu comprends ?

Mais non.

Et ça, on ne l’apprend pas à l’école. Ce n’est pas parce que ta mère, ta sœur pis toutes tes amies tombent enceintes aussi facilement que de respirer, que ce sera forcément le cas pour toi. On ne te dit pas non plus à quel point ce sera difficile à vivre. On te parle juste des dangers de tomber enceinte en respirant trop proche d’un garçon et des joies de devenir maman à l’âge convenable. On ne te parle pas de l’entre-deux. On ne te parle pas du fait que chaque mois, tu croises les doigts, les orteils pis tout ce qu’il est humainement possible de croiser pour finalement tomber enceinte ; et on ne te parle pas non plus de la déception de ne jamais être enceinte.

C’est un tabou.

Tu te sens obligée de garder cela pour toi, parce que personne n’en parle. Pourtant, tous les jours, quand tu ouvres ton téléphone, tu vois des photos de bébés partout. C’est comme si le reste du monde se liguait contre toi, pour te narguer un peu. Tout le monde a des bébés, mais pas toi. T’as beau être contente pour tes amis, t’as ben beau trouver leur bébé mignon à en crever, ça t’empêche pas d’avoir une petite pointe d’amertume à chaque fois. Toi aussi t’en veux un, de toutes les fibres de ton être.

Tu te demandes ce qui cloche chez toi, parce que forcément, y’a quelque chose qui ne fonctionne pas. Tu fais tous les tests possibles avec ton médecin de famille. Tout est beau. Sauf que ton médecin, ce n’est pas non plus un spécialiste de la fertilité. Et ça, c’est une autre affaire ! Faut attendre un an avant de pouvoir consulter en fertilité ! C’est long pis c’est stressant ! Et le stress, c’est pas bon pour concevoir, qu’ils disent… un cercle vicieux !

En attendant, tu fais ce que tu peux, tu essaies de surveiller ton cycle, mais si t’es comme moi, t’es irrégulière, pis ça ne fonctionne pas plus que de demander à un cheval de pondre un œuf. Tu peux avoir un cycle de trente, de soixante et même des fois de quatre-vingt-dix jours ! Alors tu essaies d’autres choses. Tu notes tout dans une application qui est censée t’aider, ou pas, mais qui dans tous les cas te stresse parce qu’y a toujours pas de régularité dans ton cycle et même l’appli ne comprend pas.

Tu prends des vitamines, tu lèves les jambes en l’air après l’amour, tu fais des tests d’ovulation juste pour voir si au moins tu ovules, parce que t’as pu tellement confiance en ton corps, bref, tu fais TOUTE ! Pourtant, encore là, ça marche pas.

Chaque mois, t’es déçue quand tu regardes le test de grossesse et que la cigogne n’est pas passée et t’essaies de te consoler avec des phrases positives, pas réconfortantes du tout finalement de style : « Pas grave, je suis encore jeune », « Pas grave, j’ai plus de temps pour me préparer à tout ce changement », « Pas grave, essayer c’est mieux que rien et si ça fonctionne pas dans quelques mois, je vais pouvoir consulter en fertilité » et la meilleure : « Ça va bien aller ». C’est drôle, parce que de mon point de vue, ça va pas pantoute !

Finalement, t’as pas le choix, tu lâches prise avant de tomber dans la dépression. Tu te dis que tu vas arrêter d’y penser, tu ne peux rien y faire de toute façon.

Alors tu t’endors le soir, dans un sommeil peuplé de rêves de couches sales, de régurgits et de pleurs, mais pourtant, t’as toujours autant envie de devenir maman.

Mais en attendant… ça craint !

Arianne Bouchard