Je ne serai pas la seule à t’élever, mon enfant
Ce soir, je t’écris, mon bébé, mon amour, mon troisième enfant
Ce soir, je t’écris, mon bébé, mon amour, mon troisième enfant. Je t’écris parce que j’aimerais pouvoir t’expliquer tout ça, mais comment? Ce soir, en te berçant dans ta chambre, j’ai compris. En te regardant, tout endormi contre moi, j’ai su que je devrais accepter de ne pas être la seule à faire de toi un petit garçon, puis un grand, puis un homme. Ça m’a fait mal. J’ai pleuré. J’ai été la seule, avec ton papa, pour ta sœur et ton frère. J’ai même souvent sorti les griffes lorsqu’on a tenté de s’immiscer dans votre éducation, dans ma maternité.
J’ai affirmé haut et fort, avec fierté, que j’étais une maman présente, dévouée, qui avait choisi de mettre ses enfants en priorité. J’ai répété à qui voulait l’entendre que même si c’était difficile par moments, j’étais là, à la maison avec vous. Que fatiguée ou pas, je donnais le meilleur de moi à mes enfants pour qu’ils en gardent une force toute leur vie.
Maman a beaucoup donné. Maman s’est oubliée. J’ai mis de côté des rêves, des passions, des désirs profonds. Le temps a filé, j’ai vieilli. Mon désir de reprendre une place dans ma vie, de marcher vers mes rêves, d’exister à nouveau, a émergé. Il est devenu si fort que je dois maintenant accepter ce que je n’aurais jamais cru pouvoir accepter.
Je ne serai pas la seule à t’élever, mon enfant. Je ne serai pas la seule à te consoler lorsque tu seras triste. Je ne serai pas la seule à apaiser tes peurs. Je ne serai pas la seule à guérir tes blessures. Je ne serai pas la seule à te bercer pour t’endormir. Je ne verrai pas tous tes sourires et je manquerai plusieurs de tes premiers exploits.
Je ne serai pas la seule à te donner le meilleur de moi. Il n’y aura pas que ma couleur dans ta vie. D’autres viendront peindre tes jours de leurs forces, de leur amour. Nous serons plusieurs à faire de toi un petit garçon, un grand, puis un homme. Tu pourras prendre le meilleur de différents univers. Nous serons plusieurs à t’élever vers le monde.
Toi mon petit bonhomme qui s’est valeureusement frayé un passage jusqu’à nous. Toi qui, du haut de tes trois pommes, nous surprends tous les jours par ta capacité à apprendre, à te développer rapidement. Toi qui voudrais pouvoir courir avant même de savoir marcher. Toi qui observes ta sœur, ton frère, et qui grandis à une vitesse folle. Tu portes en toi une grande force et tu porteras la force de tous ceux qui, avec moi, feront de toi un homme meilleur.
Mais il n’y aura qu’une seule personne sur la Terre qui pourra t’aimer aussi fort…
Ta maman qui t’aime
Eva Staire