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Les gars, si on prenait soin de vous maintenant? Texte : Annick Gosselin

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, on parle énormément de la violence faite aux femmes

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, on parle énormément de la violence faite aux femmes et des mesures mises en place pour les aider. C’est très bien ainsi, on veut que ça cesse. Mais n’est-il pas temps de s’adresser aux hommes, d’instaurer des programmes d’aide pour eux et de les soutenir en amont, avant que ça dégénère?

De tous les temps, l’image qu’on a eu d’un homme, c’est qu’il doit être fort et le pillier de sa famille. Un homme, ça ne peut pas « flancher ».  Quand tu es un homme, un vrai, tu endures, tu ravalles et tu continues ton chemin, souvent jusqu’à ce que ça déborde en violence conjugale ou en problèmes de dépendance, notamment.

Il est temps que la société investisse pour eux et qu’on leur donne les bons outils afin qu’ils puissent apprendre à gérer adéquatement leurs émotions, accepter qu’ils ne vont pas bien et qu’ils doivent aller chercher de l’aide lorsque nécessaire.

Les femmes ont dû se battre dans plusieurs domaines afin d’atteindre l’égalité sociale et économique des hommes. Mais je crois qu’il est temps que les hommes, en ce qui a trait à leur santé mentale, aient droit au même traitement que les femmes et que nous en fassions une priorité, un choix de société.

Il nous incombe à tous d’en parler et d’être sensibles aux signes qui démontrent qu’un homme ne va pas bien. Faire preuve d’empathie, de compréhension et lui faire savoir qu’il doit demander de l’aide, c’est aussi de notre responsabilité. Il est si facile de faire comme si on ne s’en rendait pas compte et de continuer à vivre dans notre individualité quotidienne. Quand on sait qu’un gars vit quelque chose de difficile, c’est quoi de prendre de ses nouvelles? De l’écouter? D’aller boire un verre ou un café avec lui? T’sais, juste lui faire sentir qu’il n’est pas seul. Ça peut faire toute la différence quand tu ne vois plus la lumière au bout du tunnel.

Pour nos petits garçons, nos petits hommes en devenir, on a la chance de changer les futures mentalités. Il faut leur enseigner dès le plus jeune âge que c’est correct de ne pas toujours bien aller. Arrêtons de leur mettre la pression du gars fort et parfait. Montrons-leur l’importance d’avoir des émotions, donnons-leur le droit de les exprimer et les outils pour les gérer adéquatement.

Messieurs, on vous soutient. Vous avez le droit de tomber au combat, de trouver la vie difficile. Mais il n’y a rien que le temps n’arrange pas. Allez chercher de l’aide de votre famille, d’un ami, d’un collègue ou d’un professionnel, mais ne restez surtout pas seuls à porter tout le poids de vos difficultés sur vos épaules.

Annick Gosselin

Les gars, faut que ça arrête! – Texte : Etienne Boulay

Je pense qu’après 7 féminicides en 6 semaines, y’est temps quâ

Je pense qu’après 7 féminicides en 6 semaines, y’est temps qu’on ait cette discussion-là, entre gars. Évidemment, ce message-ci ne s’adresse pas à tous les hommes. Mais si :

Ça t’arrive de prendre du temps dans ta journée pour essayer de rentrer dans le compte Facebook de ta blonde pour savoir à qui elle parle, c’t’à toi que je m’adresse.

Si aussitôt qu’elle a le dos tourné, tu fouilles dans son téléphone cellulaire pour savoir si elle te trompe, c’t’à toi que je parle.

Si t’es le genre de gars qui lui demande de se changer parce que tu trouves que son kit est trop révélateur… c’t’à toi que je parle.

Si tu lui dis que sa famille pis ses amis, c’est de la marde pis qu’elle est chanceuse en maudit de t’avoir toi… parce que t’sais sans toi, elle en arracherait pas mal. Qu’elle serait rien. Si tu tasses tout le monde autour d’elle petit peu par petit peu… c’t’à toi que je parle.

Si quand t’es pas d’accord avec elle, tu hurles ou tu fesses dans le mur pour lui faire peur, pour qu’elle te donne raison… c’t’à toi que je parle.

La violence physique c’est une chose. Mais faut pas oublier sa petite sœur, la violence psychologique. Elle est sournoise. T’as peut-être même l’impression qu’est pas si pire que ça. Mais si tu ne fais rien pour la combattre, cette petite sœur-là, elle finit par grandir pis éventuellement, elle rejoint l’autre.

Pis j’en entends déjà me dire qu’il y a des femmes aussi qui agissent comme ça. Ben oui, c’est vrai. Mais y’a un rapport de force ici, on se contera pas de menteries. C’est quand la dernière fois que t’as entendu dire qu’un homme a été tué dans une histoire de violence conjugale ? C’est sûr que c’est déjà arrivé, mais si on sort les statistiques, je pense pas que ça va être proche. On se comprend, hein ?

Gère tes insécurités mon gars. Gère ta dépendance affective. Gère ton estime de toi. Tu mérites d’être fier de toi quand tu te regardes dans le miroir. T’as un problème. Pis y’a juste toi qui peux le régler. Y’a pas une femme au monde qui va pouvoir le faire à ta place.

Des fois, on va se le dire aussi, c’est que tu projettes sur ta blonde ton propre comportement. C’est pas parce que toi tu fais des trucs par en arrière qu’elle fait comme toi. On se comprend ?

Si quand tu parles à tes chums, tu te plains que ta blonde, c’t’une folle. Pis que ton ex aussi c’t’une folle. Pis que l’autre d’avant aussi, c’était une folle, devine quoi ? Y’a un dénominateur commun ici. C’est toi le problème. Pis tant que t’en auras pas conscience et que tu l’auras pas réglé, ta prochaine blonde pis l’autre d’après aussi, tu vas trouver qu’elles sont folles.

Tu peux pas traiter ta blonde d’une façon devant les gens pis à porte fermée, la traiter autrement. Ou être cool avec elle 95 % du temps pis l’autre 5 %, la traiter comme d’la marde. C’est sérieux ces comportements-là : même si ça arrive pas souvent. Même si c’est juste une fois de temps en temps : « Ah… c’est parce que j’étais fatigué. Ah… c’est parce qu’elle a dit quelque chose qu’il fallait pas. C’est parce que je vivais du stress ». Non mon gars, c’est parce que tu sais pas comment gérer tes émotions.

Je le sais, on est mal faits des fois, les gars. C’est peut-être le bagage qu’on traîne des générations passées : toutes les émotions négatives, on les vit toutes sous forme de colère.

T’es triste ? « Je suis en tabarn* ». Non t’es pas en tabarn*, t’es triste.

T’es déçu ? « Je suis en maudit ».

T’es insécure ? « Je suis en maudit ».

Être tough, c’est pas de lever le ton pis de lui imposer tes désirs pis ta vision. C’est pas de la blâmer pour tes insécurités pis le bagage que tu traînes. Être tough, c’est admettre que ça va pas. Admettre que t’es pas bien. Ça se peut que tu sois pas heureux avec elle. J’ai été dans une relation ultra toxique, vécu toutes sortes de frustrations, de déceptions et d’injustices. Après un bout à me faire vivre ça pis à pas être fier de moi après des chicanes, j’ai décidé de me choisir. J’ai décidé de me respecter. Ça se peut que tu ressentes toutes sortes d’émotions négatives pis que tu sois malheureux quand t’es avec elle. Y’a rien ni personne qui t’empêche de la laisser pis de sacrer ton camp.

Être tough, c’est pas facile. Parce qu’être tough, c’est se responsabiliser. Arrêter de la blâmer pour TES problèmes. T’es responsable de tes actions. T’es responsable de tes réactions. Pis t’es responsable de la gestion de tes émotions.

Des gars tough, avec des backgrounds pas faciles, qui ont été élevés dans des environnements malsains, j’en connais. C’est aussi des gars qui ont brisé le cycle de violence dans lequel ils ont grandi. Pis ils sont devenus des hommes : des maris, des chums, des papas encore plus extraordinaires grâce à leur vécu.

Pour tous les bons gars qui écoutent, je peux pas vous blâmer de ne pas vous sentir concernés. Mais voici où et comment on a besoin de vous. Si vous soupçonnez un de vos chums d’agir de la sorte, faut que vous lui parliez. Le message, le changement, y vont arriver pour vrai quand on n’acceptera pas qu’un autre gars agisse comme ça. Vous ne le laisseriez jamais parler de même à ses enfants hein ? Ben c’est la même chose pour sa blonde. Si quelqu’un traitait votre mère comme ça ? Ou votre sœur ? Ou votre fille ?

Regardez-vous dans le miroir ce soir, pis soyez francs avec vous-mêmes.

Parlez à vos chums

Parlez à vos garçons.

Aux Alouettes, on avait une règle : « If it’s one of us, it’s all of us. » Si c’est un de nous, c’est chacun de nous. Si on sortait un soir et qu’un des nôtres se mettait dans la marde, peu importe la situation ou l’attitude de marde d’un gars, c’était la faute de tout le monde. Parce que c’était notre job de se protéger mutuellement. Ben là, c’est le temps de faire la même chose comme société.

Va chercher de l’aide si t’en as besoin, ça presse.

Des ressources, il y en a à travers la province au complet. Suffit d’une petite recherche Google et le tour est joué.

Urgence  9-1-1

SOS violence conjugale 1 800 363‑9010

À cœur d’homme 1 877 660‑7799

Fédération des maisons d’hébergement pour femmes

Dans la région de Montréal :

Centre de ressources pour hommes de Montréal 514-355-8300

Faut que ça arrête.