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T’es qui toi? Texte: Marilyne Lepage 

Cette question, je me le pose souvent qua

Cette question, je me le pose souvent quand je te lis. Toujours là, prêt à balancer ta haine et ta hargne aux gens sur les réseaux sociaux. Un sujet chaud, un commentaire, une banalité ou encore un drame? En moins de deux, tu débarques avec tes grands discours basés sur du vide*. Tu ignores tout, mais tu sais tout. Trois lignes d’un article constituent ta connaissance d’un sujet et tu te considères assez outillé pour lapider quelqu’un sur la place publique.

Tu fracasses plus souvent qu’à ton tour l’intégrité des autres. D’habitude, j’opte pour le silence, mais pas aujourd’hui. Tu vas te défendre en disant que tu n’es pas un hypocrite, que tu dis ce que tu penses, toi! Oui, mais non. Vois-tu, tu ne sembles pas faire la distinction entre honnêteté et méchanceté. Pourtant, il y a un monde entre les deux. C’est trop facile d’être méchant et de passer ça sur le dos de la franchise. Insulter les gens en restant caché derrière ton ordinateur, ce n’est pas l’idée que je me fais d’un humain honnête et vrai.  

Tu n’es pas le seul comme ça, vous êtes plusieurs. Avec le phénomène des réseaux sociaux, tu finis par croire qu’au fond, tu détiens la vérité parce que tu parles et que je te laisse parler. Mais non, malgré mon silence, j’écris une petite réponse polie à ton intention, réponse que je finis par deleter parce que je trouve que ça ne vaut pas la peine. J’ai déjà essayé de discuter avec toi, mais ta fermeture d’esprit, je n’y peux vraiment rien. Peut‑être que tu te sens famous avec les gens qui likent ta haine, mais il y a aussi un tas de gens qui passent leur chemin en silence. Je le sais que tu as le droit à ton opinion et que la liberté d’expression est bien importante pour toi. Je ne te l’enlève pas. Mais ta liberté se termine quand tu commences à brimer celle des autres. Pis, sans vouloir t’offenser, tu la brimes souvent. Ce qui est bon pour pitou est bon pour minou.  

N’oublie jamais que tes insultes et ton venin peuvent solidement atteindre tes souffre-douleurs. Tu ne sais pas l’impact que tes mots auront sur eux, parce qu’un coup ton ordinateur éteint, ta vie continue. L’humain que tu agresses verbalement, lui, n’oubliera peut-être pas aussi vite que toi. Peu importe l’âge, l’agression psychologique, même virtuelle, a des conséquences et fait mal.  

Me taire me donne toujours la vague impression de consentir indirectement à tes propos, et aujourd’hui, je voulais juste remettre les points sur les i et les barres sur les t. Non, mon silence n’approuve pas ta haine, ta violence et l’intimidation que tu fais, qui que tu sois. Mais j’t’en veux pas, hein! Parfois, j’aurais vraiment, vraiiiiiment envie de t’insulter moi aussi. C’est humain, on va dire. Mais la différence, c’est que je n’oserais jamais. Parce que peu importent tes croyances, tes valeurs, ta religion, ton statut social ou bien ton éducation, c’est important pour moi que tu sois traité avec dignité. Sauf que les autres aussi. Pis ça, on dirait que tu l’oublies.  

J’imagine que derrière ton comportement se cache un besoin. J’espère qu’au moins tu le combles, mais laisse-m’en douter.  

Voilà, je voulais juste que tu saches.  

*Discours basé sur du vide : Quand tu utilises des diminutifs, des insultes et de l’arrogance contre la personne elle-même. À part occasionner de la souffrance, personne ne peut cheminer au travers de tes propos.   

Marilyne Lepage 

 

Je hais les enfants

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(Hey boy! Je sens que je me fais déjà pitcher des roches, moi là…)


Quand j’étais petite, je jouais au bébé avec ma poupée, mais contrairement à plusieurs, je n’avais jamais ressenti le besoin viscéral d’en enfanter. Je n’avais jamais eu d’attachement particulier à des enfants et pour être honnête, je m’en tenais loin. Et avec le temps, le verdict est tombé : je hais les enfants.


J’ai été une gardienne d’enfants à l’adolescence, mais je me suis fait mettre à la porte de plusieurs maisons assez rapidement. Je ne l’avais pas pantoute. Je ne catchais pas pourquoi quelqu’un voudrait mettre au monde un bébé dans une société comme la nôtre. Je n’avais pas foi en grand-chose dans le temps. Avec le recul, je crois qu’en fait, ce que je ne voulais pas, c’était d’avoir le fardeau d’élever une personne qui risquait de me ressembler. Parce que OUF! Que j’en ai fait chier à mes parents. Si mes enfants me font subir la moitié de ce que moi j’ai fait subir à mes parents, I quit now.


Quand je regardais la télé et qu’il y avait des pubs de refuges pour animaux avec des chats dans des cages, je pleurais ma vie. Quand par contre, je voyais des pubs de Vision Mondiale avec des petits enfants mal nourris-pas de maison-pas d’eau-pas de parents, j’étais froide. Zéro réaction. Je sais que ça ne sonne pas normal, je sais que je passe probablement pour un monstre. Lorsque j’occupais le métier de serveuse dans un grand resto du centre-ville et qu’une maman me demandait si je pouvais faire chauffer le lait de son bébé dans le four à micro-ondes, j’avais de la haine dans les yeux. De la roche à la place du cœur.


Peut-être était-ce parce que je ne m’aimais tellement pas que c’était insensé pour moi de penser à aimer un petit être frêle, comme il se devait. D’ailleurs, puisque je n’ai pas la langue dans ma poche, mon mépris envers les mini-humains était reconnu haut et fort par mon entourage. Ma grand-mère trouvait ça dont bien épouvantable quand je disais que je n’aimais pas les enfants et que je n’en voulais pas. Pis aujourd’hui, j’ai beaucoup d’estime pour les femmes qui décident volontairement de ne pas avoir d’enfants. Elles sont jugées si gratuitement quand, à la base, ce n’est tellement pas des affaires de personne. Fille, t’as tout mon respect.


Les premières personnes de mon entourage à avoir eu des kids sont mon cousin et son ex-femme. Cette dernière avait vingt-et-un ans et la grossesse était planifiée. Mon cousin était militaire et pas pire absent. Puisque je suis enfant unique, mes cousins et cousines ont toujours joué un rôle important pour moi, donc ça allait de soi que j’aie un tantinet d’amour pour leurs enfants. Anecdote de fille pas à l’aise avec les enfants : leur deuxième flo est passé derrière ma chaise pendant que je reculais. Il est tombé et s’est mis à pleurer. Mon réflexe n’a pas été de lui demander s’il était correct, ç’a été de dire : «
Heu voyons Chose, qu’est-ce que tu fais là?». Il s’était fait mal, mais j’avais zéro compassion. Cœur de pierre, j’te dis.


Pour ma part et avec les années, j’ai changé mon fusil de bord. Un peu. Mon amoureux et moi étions en couple depuis plusieurs années quand en juin 2010, la décision a été simple : nous étions rendus là. Notre couple était fort et en amour. Fonder une famille à nous, c’était notre prochaine étape. Mon arrogance envers les enfants était encore bien présente, mais j’avais espoir que je tomberais follement amoureuse du fruit de mes entrailles.


Donc, à mon premier accouchement, mes premières paroles lorsqu’on a déposé mon bébé sur mon ventre ont été «
J’fais quoi avec, maintenant?». Eille, quand t’as haï les enfants toute ta vie pis que là, tu viens d’en sortir un de ton bas-ventre, t’as le cœur au chaud, mais t’es un brin perdue. Ça surprend solide, mais j’étais éblouie puisque j’avais grandement contribué à créer cette magnifique petite affaire-là! Puis, un peu moins de deux ans plus tard, en couple qui oublie vite, on a décidé de faire un autre bébé (HAHAHAHAHAHAHAHA!).


Aujourd’hui, je ne pourrais pas imaginer ma vie sans elles. Tous les soirs au coucher, je leur chuchote à l’oreille que je les aime plus que tout au monde (même s’il m’arrive de les traiter de tous les noms dans leur dos). Je m’améliore. Et sache que si tu es dans ma vie et que tu as des enfants, je les aime automatiquement, ça va avec. Je vais peut-être les juger dans ma tête, mais je les aime. Je les traite comme s’ils étaient mes enfants et je serai toujours là advenant qu’ils aient besoin d’une matante fofolle pour les accompagner dans leurs bons ou mauvais coups.


Pour les autres, ben heu… je fais mon possible.

 

«Pendant longtemps, j’ai pas voulu d’enfant
Je pense que je voulais pouvoir quitter
Quand bon me semblerait
Quand j’en aurais assez
Mais depuis qu’on se connaît
La chose est différente
J’m’imagine encore sur la Terre
Au jour de l’an 2050
»

– Marc Déry