Le bonheur ne fait pas le poids
Depuis toujours, je me bats pour essayer d’aimer mon corps.
<Depuis toujours, je me bats pour essayer d’aimer mon corps.
Je n’ai jamais été plus size, mais juste sur la limite… La damnée limite qui te fait regretter le muffin du commerce que tu viens d’avaler à toute vitesse car tu dois aller mener ta fille à la garderie. Tu vois le genre !
Est-ce que c’est un manque de respect envers moi-même ? Est-ce que je ne m’apprécie pas assez pour faire les efforts nécessaires pour enfin m’aimer ? Est-ce la peur de réussir qui m’effraie autant ? Toutes ces réponses ? Bravo, un morceau de robot !
Dès que je vis un stress, je mange (et quand je dis stress, c’est pas obligé d’être une catastrophe ! Perdre un ongle est une bonne raison pour moi de manger… Tu saisis le sarcasme hein ?) Et lorsque j’ai de la peine… parlons-en même pas ! Tu ne verras plus la nourriture sous le même angle et je t’aime trop pour te faire ça.
Le véritable problème, ce sont les raisons qui me font manger autant.
J’ai comme un vide et je le remplis à coups de crème glacée et de bacon (bon, pas ensemble, voyons donc… quoique…) Puis lorsque je dérape solide, je culpabilise vraiment ! Je peux être des jours à me demander ce qui a bien pu me prendre de me faire ça. Et plus je mange, plus je me dis : « Ce n’est pas une croustille de plus qui fera la différence donc tant qu’à ça, pourquoi ne pas avaler le sac ».
Il y a quatre ans, ma fille est née. Comme elle était malade, elle ne buvait presque pas et ne mangeait pas beaucoup. Un enfer, je vous dis pas. Un jour, un médecin me demande « Madame, arrêtez de me parler des problèmes alimentaires de votre fille. Quelle est VOTRE relation avec la nourriture ? » À ce moment précis, un dix roues m’a passé sur le corps. Pourquoi un parfait étranger voulait-il connaître ma relation avec la nourriture ?
L’urgentologue m’a gentiment fait comprendre que je ne pouvais donner le goût à mon enfant de manger si ma relation avec la nourriture était remplie de stress et de confusion. Je devais retrouver le plaisir de me nourrir. C’était bien logique. Mais comment ? Je devais absolument trouver pour aider ma fille !
J’ai finalement décidé de rencontrer une thérapeute.
Je savais que le problème venait de loin. Mais je n’arrivais pas à le nommer. Durant la première séance, après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps (ne t’inquiète pas pour moi, je suis émotive, il me reste encore en masse de larmes), le mot « hyperphagie » est venu résonner dans mes oreilles. Hyperphaquoi ?
Quand je me suis mise à lire sur ce sujet, c’était exactement moi. Ça décrivait tellement ma souffrance. L’hyperphagie est un trouble alimentaire qui se retrouve entre la boulimie et l’anorexie. Ça explique mes rages et ensuite mes régimes secs. La roue pourrait enfin arrêter de tourner. J’allais pouvoir m’en sortir.
Aujourd’hui, je suis encore ronde. Mais combien plus heureuse. Maintenant, je mange sans me priver, mais de façon raisonnable. Je ne peux pas dire que j’ai gagné. Mais je peux tout de même dire que je suis fière de qui je suis. Je suis enfin bien avec moi. Le poids ne fait pas le bonheur.
Alexandra Loiselle