Ces petits mots qui résonnent fort…
Ces petits mots qu’on dits aux enfants, un peu à Ces petits mots qu’on dits aux enfants, un peu à la blague, sans aucune mauvaise intention… ils résonnent parfois si fort qu’ils sonnent comme l’écho dans la tête de nos tout-petits… Ils sèment une toute petite graine, échappée là sans même le savoir, qui peut grandir et devenir aussi forte qu’un chêne centenaire… « Ben là! Tu vas pas manger tout ça! Faudrait pas que tu d’viennes grosse! » Une si petite blague… qui a tellement d’impact! Je l’ai tellement entendue! Que ce soit devant un gros dessert au chocolat, un cornet de crème glacée, une deuxième assiettée ou une autre portion de pain à l’ail au restaurant… Les adultes ne veulent pas mal faire, mais le mal est fait… la graine est semée. Dans dix ans, quand cette enfant devenue presque femme se privera de nourriture, il sera trop tard pour revenir en arrière. « Hey, wow! Tu cours vite pour une fille! » On y était presque… C’est vrai qu’elle court vite. Vraiment vite. Mais jusqu’à cette seconde, elle ne savait pas qu’elle ne pouvait pas courir plus vite qu’un garçon. Même si tu dis ça « juste de même », l’impact est beaucoup plus fort que tu le penses. « Ben là! Tu vas pas laisser ton gars jouer aux poupées! » Pas besoin de rajouter que tu as peur qu’il devienne homosexuel ou qu’il attrape l’envie d’aimer les hommes… On a bien compris ce que ça insinuait. Moi, quand je laissais mon petit homme jouer avec des poupées, je me disais seulement qu’il allait devenir un bon père. Toi, tu viens de lui mettre dans la tête qu’un humain avec un pénis, s’il prend soin des autres, est forcément homosexuel… Et imagine s’il est homosexuel, à quel point ce commentaire le fait sentir anormal… « Quoi? Tu le laisses jouer avec Mohamed? En tout cas, moi je ne le laisserais pas jouer avec un futur terroriste! » Ces mots-là, ils font déjà mal… Ton garçon, il pensait que Mohamed était son meilleur ami, parce qu’il courait super vite, pis qu’il était le meilleur pour compter des buts au soccer. Là, il devient une future menace potentielle, parce qu’un adulte étroit d’esprit vient de dire une remarque raciste devant lui… Chez nous, le seul truc qu’on a trouvé, c’est de ne rien laisser passer et de nommer ce qu’on n’accepte pas. Pas question d’en laisser passer une et que nos enfants pensent que c’est parce qu’on est d’accord… À la quincaillerie, un homme a lancé à mes filles : « Ouf! Papa a trois filles! Pas de garçon? Qu’il doit être malheureux! » Pour lui, ce n’était qu’une blague, lancée à un inconnu dans une file d’attente pour passer le temps. Pour mes filles, c’était un coup de massue leur annonçant que peu importe ce qu’elles deviendraient, elles seraient une déception pour leur père, pour l’homme qu’elles admirent tant… Une fois l’homme-étroit-d’esprit parti, j’ai accoté le panier d’achats au mur, j’ai regardé mes filles droit dans les yeux et je leur ai dit à quel point elles nous rendaient heureux. Je leur ai dit qu’elles nous remplissaient de fierté, d’amour et d’humanité, et qu’elles le feraient toute leur vie, peu importe ce qu’elles choisissent de devenir. Ils sont si forts ces petits mots! En 2017, je pensais que ces idées préconçues étaient derrière moi. Je me suis efforcée d’apprendre à mes enfants la tolérance, l’ouverture, le respect et l’acceptation des différences. Chez soi, comme chez l’autre. Mais cette société continue de semer des petites graines… et les enfants ont la tête remplie de terre fertile… C’est quoi votre solution? Votre meilleur engrais à bonnes valeurs? Joanie Fournier
« Wow! T’es chanceuse d’avoir la peau foncée d’même! » Un compliment? Pas tout à fait… Tout ce que ce commentaire fait, c’est montrer à l’enfant une différence qu’il n’avait même pas remarquée avant que vous la lui mentionniez… Et maintenant, cette différence va prendre toute la place et une petite fille de sept ans pleurera le soir parce qu’elle n’a pas la même peau que Blanche-Neige et qu’elle est « prise comme ça ».