En avion, les poussins! Voyager en avion avec de jeunes enfants

Je ne suis pas du genre à chercher à me venger. Mais je peux vous dire que j’étais fière quand

Je ne suis pas du genre à chercher à me venger. Mais je peux vous dire que j’étais fière quand le pilote de l’avion m’a dit à l’arrivée à Montréal : « Madame, vos enfants se sont comportés comme des champions! Si tous les parents étaient aussi organisés que vous, ce serait génial! » J’étais fière de mes enfants. J’étais soulagée qu’encore une fois, le vol se soit passé sans anicroche. Et oui, je me suis permis de regarder dans les yeux les passagers qui nous avaient dévisagés quatre heures plus tôt. « Ah! non! Trois jeunes enfants! Ah! non, pas vrai! Ils s’assoient dans la même rangée que nous! Sauve qui peut! »

Eh! non, mes enfants n’ont pas braillé tout le long du voyage. Ils n’ont pas donné des coups de pied dans le siège devant eux. Ils n’ont pas hurlé quand leurs oreilles faisaient mal à cause des changements de pression. Ils sont restés sages et assis. Ils ont visité l’avion seulement quand la consigne des ceintures de sécurité était éteinte. Ils ont regardé des émissions sur le minuscule écran (mais oh! Combien pratique!). Ils ont mangé. Ils ont dormi. Ils ont demandé à quelques reprises : « Quand est-ce qu’on arrive? » Bref, ils ont fait comme tous les passagers.

Est-ce qu’il en a toujours été ainsi? Oh! Que non! Laissez-moi vous raconter la fois où j’ai essayé de dévisser un hublot d’Airbus.

Nous vivions en Alberta, à une demi-journée de vol de Montréal. À cela, il fallait ajouter quelques heures de conduite automobile, une nuit écourtée (endormir des enfants surexcités alors qu’on est soi-même surénervé devant la longue liste de tâches à ne pas oublier, ce n’est pas du gâteau. Je dirais même que ça s’apparente plus à une grosse gibelotte écrapoutie), un réveille-matin qui hurle à la lune à quatre heures du matin… vous voyez le portrait?

Vous essaierez, vous, de conduire un chariot qui déborde de tous bords, tous côtés (cinq valises, une poussette, deux sièges d’auto, sans compter les bagages à main. N’oubliez pas qu’il faut accomplir l’exploit en tenant la main de la petite de douze mois et en surveillant celle de trois ans. «Reviens ici! Tu es trop loin… ne lèche pas le plancher… ne mange pas ton passeport, ce n’est pas bon pour la santé…»

On arrive au dépôt de bagages. En tant que jeune famille, nous avons heureusement notre place dans la file des passagers VIP (very impatient persons). Mais tout de même, on arrive en sueur comme si on souffrait de huit ménopauses simultanées.

Direction : sécurité. Traverser la sécurité avec un bébé peut frôler la comédie. Ma mini cocotte séduit les agents avec ses couettes blondes et ses grands yeux de bleuets. Mais traverser la sécurité avec une pré-adolescente phobique de trois ans, c’est une autre paire de manches. Mon aînée est convaincue que la « porte magique » va la manger, donc elle refuse de quitter mes bras. LA crise. Et quand elle ose finalement marcher seule d’un côté à l’autre de la sécurité, la porte mangeuse d’enfants sonne! Les paillettes métallisées qui ornent le chandail de ma fille sont apparemment une source de danger potentiel. BIP! BIP! BIP! L’art de traumatiser un enfant.

On embarque dans l’avion. On s’installe. L’avion décolle. Et c’est là que le fun commence. Ma fille aînée se déchaîne. Elle crie, s’accroche au plafond, rampe sous les sièges, tape sur la tête du passager devant nous, réveille sa sœur en lui lançant ses souliers. Multipliez ça par deux heures. Fermez vos yeux, imaginez que vous traversez le Canada avec un alien enragé. Sur les speeds. Qui a mangé une caisse d’herbe à chat. Vous commencez à visualiser la situation.

C’est là que j’ai commencé à fantasmer sur l’idée d’ouvrir le hublot et de lancer mon enfant par-dessus bord. (Note pour la DPJ : Je ne ferais jamais ça. C’était un pur fantasme, le genre d’idée absurde qui fait baisser la tension dans une situation désespérée).

Puis, pouf! Ma fille s’endort, épuisée. Je suis traumatisée. Je dois avoir l’air de sortir d’un ring de boxe. J’ai mal aux muscles et à ma maternité.

Pourtant, j’avais apporté tous mes essentiels :

–          D’innombrables petites collations (craquelins, fromages, raisins secs, barres tendres, fruits frais, céréales) à distribuer au fil des « J’ai faimmmm! » et des débordements d’énergie

–          Des jeux (oubliez les petits morceaux) : tic-tac-toe, tangle, cartes à jouer, jeu de mémoire, etc.

–          Du papier, des crayons, des cahiers à colorier (c’est le temps de sortir votre livre « Fabriquer des avions en papier pour les nuls »)

–          Des breuvages (achetées après avoir passé la sécurité), transférés dans des gobelets

–          Tout l’attirail pour changer une couche débordante dans une cabine grande comme un quart de garde-manger

–          De la musique, des écouteurs, des films et un lecteur DVD au cas où l’écran tactile de l’avion soit brisé (en 2016, remplacez le tout par une tablette)

–          Des petits livres de lecture et d’images

–          La doudou et le toutou, parce qu’on espère vraiment que les enfants feront une sieste pendant le voyage!

Mais je reviens à ma fierté du début. Toutes les autres expériences de vols ont été positives. Il est même arrivé à ma fille qui avait six ans à l’époque de montrer à un passager comment attacher sa ceinture.

Maintenant, quand j’observe le regard méprisant des passagers qui nous regardent entrer dans un avion avec nos enfants, je me sens moins affectée. Et si je vois une maman ou un papa aux prises avec un chariot débordant de bagages, un nouveau-né dans les bras et un tout-petit qui joue à la cachette dans l’aéroport, je leur offre un sourire compatissant et un coup de main. Ça leur évitera d’être confrontés au fait que les hublots sont hermétiques.

À quand votre prochain voyage avec vos tout-petits?

Bienvenue