Locataire indésirable !

Le préc

Le précédent était plus convenable…

Mignon, même. Avec sa veste en fourrure rayée. Nous ne le croisions presque jamais. Tout au plus, nous l’avons aperçu à quelques reprises l’hiver dernier. Par la fenêtre. Seules des traces dans la neige pouvaient nous indiquer toutes ses activités.

Un petit ami à côtoyer – permettez-moi le calembour.

Il avait pris le demi‑sous‑sol. Non meublé, non chauffé. Pour lui, un loft immense. Devant la maison, sous le porche d’entrée. Je me demandais uniquement s’il résisterait longtemps aux matous du voisinage. Ces matamores qui fréquentent occasionnellement mon terrain.

Puis, il a été porté disparu.

Ce printemps, le logement est de nouveau convoité. Il faut dire que nous sommes dans un beau secteur. Même si le transport en commun est limité. Sans doute qu’ils sont plus casaniers que nous. Se satisfaisant facilement de tout ce qu’ils trouvent dans l’environnement immédiat. Je collabore moins, j’ai cessé de faire un potager.

Je le surprends, à agrandir furieusement une des portes d’entrée. Bruyamment, il se défile rapidement sous le couvert des buissons. Je constate les dégâts. Franchement. Ça sent le recours à la Régie du logement. Je devine tous les dommages qu’il pourrait faire à la structure. On ne sait jamais, avec ces gens‑là.

Pas de temps à perdre à la Cour, je vais me faire justice.

Je placarde l’entrée principale. Je bouche aussi l’entrée secondaire, avec des plaques métalliques. On n’est jamais trop prudent. J’affirme fermement et publiquement mes droits.

J’ai sous‑estimé sa détermination et l’attrait du logement. Il réussit à passer à côté de la portion placardée. Il se fraye également un nouveau passage malgré les plaques métalliques. On se la refait à quelques reprises. Le jour de la marmotte. Je dois changer de stratégie.

De la mousse expansible ?

Ça va même isoler un peu. Victoire, pour l’accès principal ! Le locataire expulsé se rabat uniquement sur l’entrée de côté. Celle des plaques métalliques. Je renforce. Il gagne. J’augmente la protection, à coup de boiseries et de briques. Un petit sourire en coin.

Ma voisine me parle de la solution finale. Le fusil de chasse. Au moins, le problème serait résolu. Je n’ai pas d’arme. Je pense plutôt à le piéger avec une cage. Mon côté sensible. Tuer froidement un tel intrus, ce n’est pas moi.

Petit répit. Plusieurs jours sans combat. J’ai triomphé, ou il a été une autre victime de la route ?

Je le saurai bien assez vite…

michel