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La dernière fois où j’ai magasiné « su Sears »…

Le catalogue Sears.

Les command

Le catalogue Sears.

Les commandes Sears.

Le comptoir des cosmétiques.

Les deux étages (si le Sears de ton enfance se trouvait dans une grande ville😉).

Les escaliers roulants. T’sais, les fameux escaliers que tu devais d’abord trouver pour ensuite trouver LE BON BORD ? 😂 Ça n’a jamais fonctionné du premier coup pour moi.

Même pas ce soir.

Ce soir, j’ai acheté des trucs « su Sears » pour la dernière fois. La nostalgie m’a envahie…

Pas que j’étais une cliente fidèle. J’y allais à l’occasion, comme tout le monde, je suppose. Des occasions qui sont devenues trop rares. Si rares que cette institution n’a eu d’autre choix que celui de fermer boutique.

Ce soir, devant les étalages vides, devant le désordre, devant les cabines d’essayage désuètes, c’est mon enfance qui a refait surface.

Le catalogue dans lequel mes parents me demandaient d’encercler mes souhaits pour Noël.

Les commandes que ma mère faisait. Ses yeux brillants quand elle recevait l’appel du « comptoir Sears » et l’essayage, une fois de retour à la maison.

L’odeur intense des fragrances au rayon des cosmétiques.

La musique d’ambiance (y a-t-il déjà eu une ambiance « su Sears » ?) 😂

Le centre photo (bruits de criquets).

Chacun des départements, si bien pensé.

Le temps passe, les habitudes changent et le monde évolue.

Ce soir, c’est une époque que j’ai vue s’éteindre.

Merci Sears.

Karine Lamarche

La fois où… j’ai fait pleurer la caissière

On est vendredi soir. Les boutiques ferment dans quelques minutes. M

On est vendredi soir. Les boutiques ferment dans quelques minutes. Ma fille de 10 ans m’accompagne et on jase en attendant notre tour à la caisse. L’atmosphère est joyeuse, un moment de complicité pas compliquée.

Je lui montre une paire de mini pantoufles que j’ai choisies pour son tout nouveau cousin, né le matin même. Elle s’étonne quand je lui dis que je ne sais pas encore le prénom du petit garçon.

« Mais maman, comment on fait pour choisir le nom d’un bébé ? On fait quoi, pour ne pas se tromper ? Pour éviter qu’il se fasse niaiser dans la cour d’école ? Pour qu’il n’ait pas toujours à épeler son nom ? C’est une énorme responsabilité ! »

Et je me rappelle qu’on était quatre Nathalie dans ma classe au secondaire… Je me souviens aussi des longues discussions avec mon conjoint pour décider du prénom de nos enfants. Au premier, ça va, mais rendu au quatrième, on a pas mal épluché le bottin. On ne veut pas opter pour un nom qu’on a rejeté pour un autre enfant, au cas où, ô drame ! cela le traumatiserait au nom de Freud et de ses théories. Une liste en rose, une liste en bleu, une sur le frigo, une dans la sacoche, une autre officielle pour la parenté, et la liste secrète des coups de cœur. Jusqu’au jour de l’illumination, qui détermine en partie ce que sera notre enfant.

« Alors, maman, comment on choisit le nom d’un enfant ? On lui regarde la binette et on se dit “Voilà, il a une face de Georges”, ou “Ah ! Mais il a le sourire de Brad Pitt, appelons-le Brad !” ? »

« Parfois, oui. Et parfois, on choisit le prénom avant la naissance, à cause de sa signification ou de sa sonorité. Mais ne t’inquiète pas, ma Cocotte. Si tu as des enfants plus tard, tu sauras choisir le nom parfait avec ton amoureux ou ton amoureuse. »

Et c’est là que la caissière entre en jeu.

« Oh ! Madame ! (ça me fait toujours un choc de me faire appeler Madame, mais j’imagine que c’est ce que je suis…) J’aime tellement ce que vous venez de dire à votre fille ! Lui parler de son amoureux ou de son amoureuse… Wow ! Tout le monde devrait parler comme ça à ses enfants. »

Elle avait les larmes aux yeux, un sourire ébahi étiré jusqu’aux sourcils. Elle a partagé le moment avec sa collègue, comme si je venais de révéler le secret de la Caramilk (qui n’est plus vraiment secret, on s’entend).

Je ne m’attendais pas à cette réaction intense. Je discutais tout simplement avec ma fille. Je répondais à ses questions comme je le fais toujours, avec sincérité et humilité. L’émotion que la caissière a exprimée m’a fait prendre conscience d’une évidence : la façon de nommer les personnes et les choses change notre manière de les percevoir.

Quand j’ai nommé ma fille aînée Alexane, nous la voulions déterminée comme Alexandre le Grand et imaginative comme Anne et sa maison aux pignons verts. Nous sommes servis ! Nous souhaitions plus de douceur et de rêve pour notre Lenya : demande acceptée. Félix-Olivier porte un prénom qui rappelle la joie et la sagesse, et en hébreu, Izaac veut dire « rire », ce qui décrit parfaitement leur personnalité. Donner un nom, c’est un peu jouer à la bonne fée dans Cendrillon.

Quand je parle à mes enfants de leur futur partenaire s’ils en ont un (parce que le célibat aussi est une option viable et acceptée), je parle au féminin et au masculin, autant à mes filles qu’à mes garçons : ta future épouse ou ton futur mari, ta blonde ou ton chum. Parfois, ils me répondent qu’ils seront amoureux d’une personne du sexe opposé, que c’est « certain-évident-absolument-sûr-sûr-sûr-plus-que-coulé-dans-le-béton ». Je leur dis alors que peu importe leur préférence, ce sera la bonne parce que ce sera la leur, et aussi que nos choix peuvent changer en cours de vie.

J’ai été élevée dans l’ouverture à l’autre et aux différences, dans le respect et l’acceptation de ce qui fait de chacun un être unique. Je veux transmettre cette valeur à mes enfants. Je veux que peu importent l’orientation sexuelle ou les choix de vie, ce soit considéré comme naturel et accepté. On n’aurait pas idée de leur reprocher la couleur de leurs yeux ou de les renier s’ils ont les cheveux frisés. Alors pourquoi ce serait différent pour leurs attirances physiques ?

Nommer les êtres et les choses autrement est une façon d’arriver à détruire les tabous et les préjugés. Mais parfois, ça fait pleurer la caissière !