Ta vie c’est de la marde

À toi, ma chère et tendre amie,

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À toi, ma chère et tendre amie,

Je le vois bien que tu feeles pas depuis un boutte. Tu files un mauvais coton. T’as le trou-du-cul en d’sous du bras. Bref, ta vie c’est de la marde.

Je te dirai pas que t’es belle parce qu’entre toi et moi, quand tu feeles pas, ce n’est pas te faire dire que t’es belle dont t’as envie. C’est de te faire dire que t’as raison, que de A à Z, ta vie, c’est la pire du monde. Digne d’une tragédie grecque ou d’une série québécoise. C’est selon.

Je ne te dirai pas non plus que ça va passer, parce qu’en ce moment, t’as l’impression que ton calvaire va durer aussi longtemps que la trilogie du Seigneur des anneaux et qu’en plus, tu vas te taper une autre trilogie racontant les débuts de ton enfer. Tout ça te donne follement envie d’introduire ton doigt dans un endroit qui te ferait disparaître. Donc non, t’y crois pas que ça va passer.

Je comprends ça. Mais laisse-moi te parler dans le fond de tes beaux yeux bruns. T’as raison, parfois c’est de la marde, la vie. Plus souvent qu’autrement.

C’est de même, la vie. Ça nous ramasse par le collet pis ça nous sort un crochet d’une troisième main qu’on n’a jamais vue venir. Pourquoi donc, dis-tu ? Simplement parce que sinon, on n’existerait pas. On n’évoluerait pas. On ne ressentirait rien mais surtout, on ne guérirait rien.

Mais des fois pour éviter une baffe, on se ramasse un POW.

T’es de même, toi. Une girouette. Oh, prends‑le pas mal. On t’aime de même, toutes nous autres autour de toi qui bourdonnent sans cesse. Mais on le sait que des fois, tu dis des mensonges avec ta bouche. Tu dis que ça va, mais on le voit dans le fond de ton iris que c’est pas vrai. Pas vrai pantoute. C’est ça le fuck. T’as l’impression que le monde t’écoute pas quand tu dis que ça va pas, donc t’as juste arrêté de le dire. Les gens sur qui tu mets toute ton énergie font partie du problème et non de ta solution. Tu veux tellement être forte que t’as oublié que personne ne te demande de l’être. C’est toi qui t’imposes ça. Donc tu cours partout pour être certaine de bien t’étourdir, mais là, t’es dans un combat que t’as pas pris le temps de préparer. T’es nu-pieds pour jouer au soccer. Tu pars à la guerre avec un cure-pipe. Tu vas combattre un dragon à dos de poney.

The thing about pain is that it demands to be felt.

Tu m’as déjà dit que j’étais forte. Ouais. Ma solution, c’est juste ça. Les mauvais bouttes, faut pas les éviter ni les repousser. Faut leur varger dedans à grands coups de sacres bien placés, de crises de dents et de pleurs de crocodile. S’avouer un peu plus triste qu’on l’aurait souhaité face à une situation, it sucks. A lot. I know. Been there, done that. Mais ce qui est bien, c’est que le réaliser, c’est la première étape vers un monde d’arc-en-ciel. Parce que dans le fond, le fait que tu sois capable de te rendre compte que ta vie c’est de la marde, c’est que t’es encore capable de savoir qu’il y a des bouts où c’est pas comme ça.

T’as raison, ta vie c’est de la marde. Présentement. Pas tout le temps. Sinon les gens ne resteraient pas près de toi. T’es une personne exceptionnelle et t’as juste oublié pourquoi. Je te l’ai déjà dit, t’es fucking AWESOME !

T’es belle, pis ça va passer. J’avais dit que je te le dirais pas. Mais ce sont deux faits qui sont indiscutables. Pis anyway, tout le monde le sait que de la marde, ça fait des maudites belles fleurs.

T’es magnifique et ce bout‑là va faire son temps et apporter plein d’autres trucs. T’as le temps de te trouver des runnings, une épée et un étalon.
Je t’aime. Lâche pas.

Kim Boisvert