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J’ai huit ans, et je fais pipi au lit.

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Chaque matin, quand je me réveille, j’ai froid. Je frotte mes yeux. Je suis tout mouillé. Je grelotte. Ça sent fort l’ammoniaque. J’ai huit ans.
Et chaque nuit, je fais pipi dans mon lit.

J’ai honte. Même si papa et maman disent que ce n’est pas grave. Car je me sens comme un gros bébé. Je dors avec une énorme couche. Et pourtant, ça déborde. Je dors tellement profondément que ni l’envie d’aller uriner ni les draps qui se remplissent de liquide ne me réveillent.

Je ne vais pas dormir chez mes amis. Je ne veux pas qu’ils voient ma couche. Je refuse qu’ils sentent cette odeur si nauséabonde le matin. Ils savent, car je leur ai expliqué et je crois qu’ils comprennent. J’en parle sans problèmes parce que ça fait partie de moi.

Ça avait arrêté quelque temps, mais depuis que mon ami est à l’hôpital car le cancer est revenu dans son corps, mes pipis sont revenus eux aussi. Maman dit que ça a peut-être un lien. Moi je ne pense pas. Je crois que ce sera toujours ainsi.

Je frotte mes yeux à nouveau et je soupire. Je me lève et je mets des vêtements secs. Je défais mon lit, je garroche les draps, les peluches et mon pyjama dans la laveuse.
Je monte doucement l’escalier et je pousse la porte de la chambre de mes parents.
– Maman?
– Bon matin, ça va?
– J’ai mis les draps à laver, tu partiras la machine?
– Oui, merci mon lapin.

Je rajoute du travail à mes parents qui semblent pourtant si occupés et ça me stresse. Car il faut laver mes draps TOUS LES JOURS.

Un jour, une dame est venue à la maison avec une machine qui sonne. On a commencé à utiliser cet appareil. Quand je faisais pipi la nuit, la machine sonnait très fort et ça réveillait toute la maison… sauf moi… Ça sonnait quatre ou cinq fois chaque nuit. Je dormais vraiment dur. Mes frères et sœurs ne la trouvaient pas drôle, cette machine. Même le chien se levait!

Alors, je n’ai pas beaucoup d’espoir que ça passe un jour.
Pour l’instant, j’ai 8 ans.
Je vais grandir…
J’espère que ma femme m’aimera quand même. Mais je ne suis pas certain qu’elle voudra dormir dans mon lit. Et mes enfants? Ils auront honte de leur père! Ça m’inquiète parfois.

Papa dit de ne pas m’en faire, que tout finit par se placer dans la vie. Il a un ami qui était comme moi et maintenant, c’est un adulte grand et fort. Il ne porte plus de couche!

Grand-maman aussi parfois, elle se réveille dans le pipi à sa maison médicalisée. Je me demande si c’est possible que j’aie également cette maladie de la mémoire au nom bizarre.

Je suis content de pouvoir en parler sans me faire juger.
J’ai huit ans.
Et je fais pipi au lit.

 

Gwendoline Duchaine

Souvenirs d’enfance

Quand je fouille dans ma mémoire pour me rappeler mes souvenirs les

Quand je fouille dans ma mémoire pour me rappeler mes souvenirs les plus doux, les plus beaux… Ce sont de petits bonheurs, simples, qui me viennent à l’esprit…

 

 La corvée des petits pois

On s’assoyait autour d’une grande chaudière vide et ma mère déposait des cageots de petits pois fraîchement récoltés. Avec nos genoux écorchés, nos vêtements salis par la boue et un immense sourire, nous commencions à écosser. Le sceau se remplissait dans les rires, les blagues, les histoires d’autrefois, les chansons que nous fredonnions ensemble. Ces instants étaient magiques, car nous étions réunis. Par-dessus tout, j’adorais croquer dans ce légume sucré et savoureux. La douce chaleur du soleil venait caresser ma nuque. Je fermais les yeux, humant l’odeur de ces futures conserves pour l’hiver.

 

 La corvée des cordes de bois

C’était une grande fête chaque automne! Mon père arrivait avec sa remorque pleine de bûches que nous devions décharger, pour ensuite les empiler contre le mur de la maison, selon une technique bien précise, afin que le tout ne s’effondre pas. La promesse des feux de cheminée à venir, dans lesquels nous allions faire cuire des châtaignes et du pot-au-feu. Mes amis, mon frère et moi attendions ce moment pendant des jours! Nous nous installions en formant une chaîne de travail précise et efficace. Le premier était dans la remorque, tendait une bûche que le second attrapait et lançait au suivant. En bout de ligne, j’avais la tâche de placer ce bout de bois sur le tas, tout en réfléchissant chaque fois à la manière la plus judicieuse de le poser. Ça sentait la forêt, les champignons et la braise froide.

 

C’est impressionnant comme une odeur peut me parachuter dans mon enfance. Une simple odeur et je me retrouve à écosser des petits pois ou à empiler du bois. Nous avions la capacité de transformer quelque chose d’obligatoire, en un moment magique et unique. Ce regard d’enfant que je souhaite tant ne jamais perdre…

 

 Je me pose parfois la question : « Mes enfants auront-ils, tout comme moi, des souvenirs simples, beaux, rassurants ? » Vous savez, ce genre de moments dont nous nous rappelons toute notre vie avec douceur. Est-ce que je leur ai donné ces instants-là ?



 Et vous ? Quels sont vos plus beaux souvenirs d’enfance ?