Tag ordre dans la famille

La p’tite dernière

Plus une famille s’agrandit, plus les rôles de certains changent.

Plus une famille s’agrandit, plus les rôles de certains changent. La fille de mon conjoint, Julia[i], était enfant unique. Elle est ensuite devenue « la grande sœur » à l’arrivée de Lauriane. Lauriane s’est ainsi vue affublée du titre de petite sœur. Puis, lorsqu’Emmanuelle a vu le jour, Lauriane a du coup doublé son titre, préservant son titre de petite sœur ET gagnant celui de grande sœur. Mais toi, Emmanuelle, tu es devenue et resteras toujours « la p’tite dernière », toute cute par ta candeur.

Tu as toujours voulu faire comme tes sœurs. Dès tes deux ans, te faire à déjeuner ne m’effleurait pas l’esprit… tu te débrouillais très bien seule. C’était certes le bordel, mais tu savais quoi faire ! À ton entrée à l’école, il en fut de même pour tes repas du dîner. Tu es devenue indépendante relativement tôt. Trop tôt. Si tes sœurs pouvaient le faire, tu trouvais le moyen pour le faire toi aussi ! « Moi pacable tou’ seul ! »

Tu es celle qui voudrait tellement suivre, mais qui n’a pas toujours l’âge. Aller voir un film en famille voulais dire : papa et tes sœurs dans une salle à rigoler d’une bonne comédie américanisée, et maman et toi dans une autre salle à se bidonner sur le dernier film de Disney ou Pixar.

Tu es celle qui a hérité des vêtements devenus trop petits pour tes sœurs. Le simple fait d’en hériter t’a convaincue à grande vitesse de te choisir un style propre à toi (et loin de celui de tes sœurs, à mon grand désarroi) qui te permettait de dire non aux trucs qui, autrement, t’auraient embourbée (et moi, soulagée financièrement).

Ta très grande sœur a quitté le nid familial pour les études. Il y a longtemps que nous avions, en quelque sorte, perdu sa trace. Se mobilisant avec sa voiture là où les envies abondent. Ta grande sœur, elle, fait son petit bonhomme de chemin, en se lovant de plus en plus chez son amoureux et de moins en moins à la maison. Les partys de jeunes adultes, le travail les weekends et les cours de conduite l’éloignent peu à peu de nous. Nous apprivoisons peu à peu sa disparition, t’obligeant à passer du temps avec tes parents, seuls. Il est maintenant loin le temps des soupers à cinq. Des soirées cinéma et popcorn en famille. De soirées jeux de société.

Puisque tu as maintenant (et heureusement) atteint l’âge du début de l’indépendance, suivre papa et maman ne te plaît guère. Tu préfères avoir le calme de la maison vide à toi seule. (Je t’envie tellement !) Comme tes sœurs n’y sont plus, nous te demandons des services que tu rends admirablement bien. Parfois en rechignant, mais nous mettons cela sur le dos de ton adolescence. Tu es une p’tite dernière presque exemplaire.

Il y a des foyers où être le p’tit dernier fait régner un sentiment de surprotection où tout un chacun aurait parlé à ta place et aurait signifié que tu étais trop petite. Dans un tel foyer, nous t’aurions abondamment surprotégée. Non. Nous t’avons laissé ta place à toi pour que tu t’y épanouisses. J’avoue que dans mon cœur de maman, à chacune de tes dernières étapes, j’ai toujours eu un pincement qui me touchait droit au cœur. Le dernier des apprentissages vers la culotte sèche. Le dernier des biberons. Les dernières nuits à te regarder et à échanger ces petits moments de silence en pleine nuit où toute la maisonnée dort à poings fermés. Les derniers apprentissages de base comme le vélo, attraper un ballon, tenir un crayon et j’en passe… les dernières premières rentrées scolaires. Tu es maintenant au secondaire… À chacune de tes dernières étapes, c’est toute la famille qui les vit par nostalgie.

Très tôt, tu as tenté de créer ta propre identité. Autant du côté vestimentaire que par tes choix musicaux, tes activités parascolaires qui différaient du reste de la famille. Additionnant les figures de style sur les photos (sourire pour toi relevait plutôt du clownesque !) Tu prenais TA place ! Te créer ton identité t’a permis de t’assumer rapidement. À huit ans, tu savais ce que tu voulais faire de ta vie. (Tu seras une extra bonne ambulancière !) Tu sais où tu vas et personne ne peut te faire changer d’idée. Mes remontrances, tu les as entendues plus qu’à ton tour. Recréer les mêmes erreurs que tes sœurs ne relèveraient que trop du naturel, alors tu en crées de nouvelles. Nous forçant du coup à retourner à nos boîtes mentales de solutions.

Que tu aies été la première, la seconde ou la dernière, ta place au sein de la famille est importante à nos yeux et dans notre cœur. Tu es la p’tite sœur aimée, l’enfant chérie. Tu gravites dans nos univers et tu es assurément l’étoile qui nous manquait pour faire un tableau parfait !

Reste toujours toi-même, forge ta place au sein de ta vie avec autant d’aisance que tu l’as fait depuis ta venue au monde.

[i] Chez nous, nous avons décidé qu’il n’y avait pas et n’y aurait pas de titre de « demie sœur »… Je suis la belle-maman et non la maman. Cela ne changera jamais. Mais cette enfant de parents séparés mérite pleinement qu’elle soit aimée à part entière. Peu importe où elle se trouve. Nous utilisons donc le titre de « sœur » dans son entièreté et rien d’autre.

Mylène Groleau

 

La relation entre sœurs : pas toujours rose!

Qu’est-ce qui pe

Qu’est-ce qui peut être à la fois un ange et une peste ? Les petites sœurs ! Vous savez, ce genre de personne qui aime vous agacer et qui ne déteste pas vous voir en colère à cause de son vilain tour?

Dans mon cas, ma sœur a un visage réversible: un côté tout mignon pour charmer tout le monde qui l’entoure, et un autre côté, oui, ce visage démoniaque, que vous ne voulez pas le connaître. Ce genre de personne dont je vous parle aime jouer des tours vraiment déplaisants. Ce côté est celui que je vois tous les jours avec ma petite sœur. Quelquefois, il me fait bien rire, mais la plupart du temps, je le déteste.

Ma sœur et moi avons quelques points en communs, comme la passion pour le patinage artistique et l’amour pour les animaux de compagnie. Cependant, la principale chose que je préfère d’elle est qu’elle me dise les vraies choses. Comme « Ton linge est laid » ou « Tu chantes mal ». Merci ma sœur : grâce à toi, je vais avoir l’air moins ridicule.

Ma sœur me fait souvent honte lorsqu’elle en a la chance. Surtout en public. Mais le gros problème qui se produit quand on est sœurs, c’est que les deux se font honte ensemble. C’est un beau travail d’équipe!

Je ne sais pas ce que ça fait d’être une petite sœur, d’avoir des grands tannants qui montrent plus ou moins l’exemple. Ça ne doit tout de même pas être facile, car lorsqu’on est cadet, on doit toujours faire comme les plus vieux. Autant dans les films que dans la réalité, on voit souvent les parents dire aux plus petits de suivre les traces que notre frère ou notre sœur aîné(e) a laissées. Si j’étais ma petite sœur, je ne ferais pas tout ce que moi, l’aînée, ai fait…

Beaucoup d’adultes qui n’ont pas d’enfants ou qui ont un enfant unique ne savent pas vraiment en quoi consiste une relation entre deux sœurs. Certains peuvent penser que c’est beau et que c’est facile de s’aimer entre sœurs. C’est pourtant si difficile! Pourtant, je sais que certaines sœurs ont une relation impeccable. Souvent, ces deux filles de même famille sont touchantes et s’adorent. J’aimerais bien avoir cette relation avec ma sœur, mais certains de nos comportements s’opposent et nous empêchent peut-être de vivre cela. Ça nous demanderait de très grands efforts à toutes les deux.

Finalement, j’aimerais vous dire de faire attention à votre sœur. Elle est une membre de votre famille. Si un jour, c’est plus difficile, dites-vous que vous êtes chanceux de l’avoir dans votre vie. Elle compte beaucoup plus pour vous que vous ne pouvez l’imaginer.

Tu es tannante, mais je t’aime quand même, ma sœur!

  

Juliette Roy