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Une p’tite sortie père-fille… aux danseuses.

Le matin, dès que j’ouvre un œil, je prends mon intelligence et je regarde les nouvelles. Les gr

Le matin, dès que j’ouvre un œil, je prends mon intelligence et je regarde les nouvelles. Les grands titres. Juste pour ne pas avoir l’air trop déconnecté pendant la journée. Aujourd’hui (mercredi 6 avril), mes yeux s’arrêtent sur une manchette qui dit : « Il laisse son bébé dans la voiture pour aller aux danseuses »… Sérieusement?

Le seul mot qui m’est venu en tête à ce moment-là, c’en est un qu’on lance par chez nous et qui se lit comme suit : GODAMN!

Je dis souvent autour de moi : « Oui, mais attention, on ne connaît pas l’histoire du gars, ses intentions… on ne sait pas tout de lui ». Mais là, j’veux bien être de bonne foi, mais j’vois pas ce qu’on pourrait apprendre de plus dans cette histoire-là qui nous ferait baisser la garde. À moins que quelqu’un m’arrive avec une étude récente de l’Université de Harvard qui prouve que de laisser son enfant de neuf mois seul dans une voiture près d’un établissement de nues-fesses pourrait l’aider à avoir plus de confiance en lui plus tard… Mais j’en doute.

On serait porté à croire que c’est une histoire horrible parmi tant d’autres. Parce que c’est vrai qu’il y en a tant d’autres. Et c’est désolant. Tant de parents qui négligent ou maltraitent leurs enfants. Comment est-ce possible? On peut penser que ces gens-là ne désiraient pas vraiment avoir de descendance à la base. Tu ne peux pas rêver de fonder une famille pis aussi mal t’en occuper après. Dans ce cas-ci, faire passer ta fille après des totons de danseuses faut quand même le faire! Si tu ne voulais pas de flos, fallait le dire à ta blonde plutôt que lui en faire un pis de ne pas t’en occuper après; t’as les couilles pour te faire attirer dans un isoloir, alors ait les couilles pour affirmer ta position là-dessus.

Quand j’lis des nouvelles comme celle-là, j’ai toujours une pensée toute spéciale et remplie de tendresse pour tous ces couples qui souhaiteraient tant avoir des enfants, qui essaient pis que ça ne marche pas… ces personnes qui auraient vraiment tout ce qu’il faut pour aimer parfaitement leurs enfants.

Aussi, pourquoi si je veux adopter, je dois passer par une multitude d’examens et de rencontres pour voir si je suis apte à m’occuper d’un enfant, mais pour me reproduire, non? Pas de question. Rien. On considère que si je suis physiquement capable, je le serai également psychologiquement. Évidemment que je ne suis pas en train de dire qu’on devrait tous passer des tests pour savoir si on est éligible à la loterie de la paternité. Ce serait vraiment exagéré. Mais avouez que si on devait prouver qu’on sera un bon parent avant d’avoir le droit d’en être un, plusieurs personnes qui ont des enfants n’en auraient probablement pas… Parce que moi, entre celui qui laisse sa fille de neuf mois dans un char pendant qu’une danseuse se frotte le portefeuille dans sa face pis un couple infertile qui pleure à chaque nouvel échec… le choix est facile.

J’suis pas quelqu’un qui s’indigne pour un p’tit rien, mais ça, ça vient toujours me chercher. Parce que je suis un parent et être parent, ce n’est pas pour tout le monde. C’est une grande responsabilité. Des fois, on se sent à la hauteur et d’autres fois, on se croit le pire parent de l’univers. Être parent, ce n’est pas toujours facile, mais ça ne donne le droit à PERSONNE de maltraiter un enfant, de négliger un enfant, d’abandonner un enfant. T’en as eu un, voulu ou pas, occupes-toi z’en. Pis si tu ne veux pas t’en occuper, va-t’en plutôt que faire des niaiseries.

Pour la petite histoire, quand le propriétaire du bar et la police ont sorti le gars en lui disant qu’ils venaient de découvrir sa fille (saine et sauve, mais sous le choc) dans son auto, il a fait descendre la danseuse de ses genoux en déclarant qu’il trouvait ça ben plate que sa danse se finisse aussi vite que ça…

“T’en veux-tu?”

Au commencement du monde, il n’y avait absolument rien. Puis, il y a eu un big bang, une énorme e

Au commencement du monde, il n’y avait absolument rien. Puis, il y a eu un big bang, une énorme explosion qui serait survenue il y a environ quinze milliards d’années et qui serait responsable de l’expansion de l’univers et de sa structure actuelle. Beaucoup de scientifiques s’entendent là-dessus; ça doit être vrai (!).

Au commencement de mon monde, y’a aussi eu un big bang. En fait plusieurs. Évidemment, quand le docteur m’a mis L’héritier dans les bras, y’en a eu un gros. Mais lorsqu’on a appris qu’il allait venir au monde par césarienne, y’en a eu un autre. Avant ça, le moment où l’on a su qu’on allait avoir un garçon, y’a également eu un big bang. Même chose la première fois où l’on a entendu le petit cœur battre. Le jour où L’amoureuse a passé son test de grossesse positif, y’a eu un énorme big bang. Et évidemment, quand on a conçu L’héritier, y’a eu… bon, faites pas semblant, vous avez compris.

Mais le plus gros big bang qui s’est fait sentir dans toute cette aventure, même si aucun scientifique ne peut prouver son existence, c’est définitivement le moment où L’amoureuse m’a demandé : « Toi là… t’en veux-tu des enfants? » Le terrible toi-là-t’en-veux-tu-des-enfants rempli du fameux sous-entendu moi-j’en-veux-j’espère-que-toi-aussi-mais-j’veux-surtout-pas-te-l’imposer. Celui qui fait disparaitre tout le sang qu’on a dans la tête d’un coup. Celui qui nous rend tout mous. On oublie qui on est, on panique. Surtout nous, les gars.

Mais ce fameux toi-là-t’en-veux-tu-des-enfants a été un moment charnière dans la vie de plusieurs hommes, dont moi. Parce qu’encore aujourd’hui, beaucoup de garçons ne se posent pas cette question-là. Et dans ma tête, la réponse était « non »; dans mon cœur, la réponse était « j’vais y penser »; dans ma bouche, la réponse a été « … euh… ». Merde : un délai. Court. Mais un délai quand même. Cet instant où les gars essaient discrètement de remettre leurs idées en place. On se pense ben subtils, les gars, mais on l’est pas pentoute. C’est précisément au moment où j’ai cru que ça passerait inaperçu que j’ai eu droit à la levée du sourcil dubitatif féminin qui nous annonce en grande pompe que nous avons été démasqués. Vous savez, les gars, la levée de sourcil qui provoque une chaleur intense. Celle qui nous donne l’impression d’être tout nu dans un endroit public. Les filles sont excellentes dans cette discipline. Comme j’étais maintenant à découvert devant L’amoureuse, j’ai dû me protéger et répondre rapidement ce qu’elle voulait entendre. Gagner du temps, c’était l’objectif. J’ai improvisé que je n’y avais pas encore sérieusement pensé, mais que j’avais l’impression que l’appel de la paternité me frapperait très bientôt. Que quelque chose me disait que j’aurais certainement des enfants un jour. Habile manœuvre puisque ça semble l’avoir rassurée. Quelques mois plus tard, on avait un petit pain dans le fourneau.

Ici, comprenons-nous bien : j’ai pas eu des flots pour faire plaisir à L’amoureuse. J’ai réfléchi sérieusement à cette question sérieuse : est-ce que je veux des enfants? En d’autres mots, est-ce que j’ai le goût de créer ma propre microsociété? De partager avec quelqu’un mes expériences? De tenir la main d’un plus petit et l’aider à faire les bons choix plus tard? De m’assurer que tous les apprentissages que j’ai eus dans ma vie ne serviront pas juste à moi, mais à d’autres générations aussi? Plus égoïstement, est-ce que j’investis pour que quelqu’un me tienne la main quand je serai vieux? Oui, c’est sûr, il y a eu « Est-ce que j’ai vraiment le goût de changer des couches en plein milieu de mon souper, de gérer une crise de larme pendant que je conduis, de modifier mon beat de vie, de réduire mes sorties? » Eh bien contre toute attente, le goût du partage a été plus fort que le goût du glamour. J’ai alors compris que le toi-là-t’en-veux-tu-des-enfants avait transformé mon couple en famille. Déjà.

Les gars, quand votre amoureuse vous posera la question, ne répondez pas sans réfléchir. C’est ce qui vous fera basculer du bon ou du mauvais côté. Je ne vous dis pas ici quelle réplique lui offrir, mais dans mon cas, si ma réponse n’avait pas été celle que j’ai donnée, les deux petits feux d’artifice que j’ai dans ma vie ne se seraient jamais allumés et je le regretterais amèrement. Le toi-là-t’en-veux-tu-des-enfants est une question que les gars ne se posent pas tous; on voit souvent la paternité comme un lot de problèmes, comme la fin de la belle vie, mais c’est aussi un lot de moments de grâce, le début d’une nouvelle vie. Mais ce n’est pas pour tous. Personne ne devrait avoir d’enfant s’il n’en veut pas vraiment. C’est trop demandant, trop important.

Je m’adresse autant à ceux qui disent oui trop rapidement qu’à ceux qui hésitent trop longtemps : n’attendez pas qu’encore une fois ce soit la fille qui propose le plan de match. Pensez-y avant. Comme ça, vous aurez déjà une réponse plus intéressante à donner que « … euh… ». Ensemble, les gars, évitons les levées de sourcils!