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« For gentleman only »

Quand on a des enfants, chaque petit détail

Quand on a des enfants, chaque petit détail du quotidien devient un prétexte pour avoir une discussion philosophique et essentielle sur le sens de la vie. Dès qu’ils se mettent à poser des questions, on tente de notre mieux de leur apporter des réponses simples. Mais parfois, on comprend qu’on est en train de leur expliquer des concepts super importants aussi…

Un matin, mes filles de 7 et 9 ans étaient assises à côté de leur petit frère et s’amusaient à lui faire des coucous. Sur le cache-couche de mon bébé, il était écrit « For gentlemen only ». Ça a attiré leur attention et elles m’ont demandé ce que ça voulait dire. Sur le coup, j’ai failli leur répondre une mauvaise traduction maison, du genre « Pour les gentils garçons seulement ». Puis, je me suis ravisée et je me suis lancée dans l’explication à plus grande échelle…

Je leur ai expliqué qu’un « gentleman » était une expression utilisée pour décrire un type d’homme en particulier. Un gentil garçon, certes, mais qui répond à plusieurs règles d’un code bien précis. Ça a vite piqué leur curiosité et elles m’ont demandé d’aller chercher les règles pour poursuivre la discussion.

J’ai réalisé qu’il existe réellement des règles écrites, un genre de code de conduite pour les « gentlemen ». Quoique les règles semblent varier un peu d’une source à l’autre, l’essentiel reste sensiblement le même. J’ai donc tenté de mon mieux de vulgariser ces règles pour les expliquer à mes enfants…

Un « gentleman » surveille son intonation, son ton reste raisonnable et il ne fait pas de crises de colère. Il essaie de toujours être à l’écoute des autres quand ils parlent et s’intéresse à ce qu’ils disent. D’ailleurs, il évite les sujets délicats et reste poli. Il regarde les gens dans les yeux quand il leur parle et a une bonne poignée de main. Il se tient droit, toujours. Il marche la tête haute, le dos droit et ne s’évache pas en s’assoyant. Il connaît bien les bonnes manières à table. Il ouvre la porte aux femmes, ne porte jamais de chapeau à l’intérieur et marche toujours à gauche sur le trottoir. Un « gentleman » aime rendre service et respecte les autres. Il s’habille soigneusement et il aime les beaux vêtements chics.

Une fois la liste des règles passée, j’avais deux grandes filles devant moi qui restaient impassibles. Elles me regardaient avec leurs grands yeux ronds. Ma plus vieille m’a dit : « O.K… Faque dans le fond, c’est juste des règles de base de politesse. Comme genre les règles qu’on doit suivre tous les jours. Non ? » J’ai relu les règles et j’ai pris conscience qu’en effet, ce sont des consignes qui sont exigées chez nous, sans égard au sexe ni aux circonstances. Ce ne sont pas des règles particulières… juste la façon dont nous avons éduqué nos enfants, parce que ça allait de soi avec nos valeurs…

Ma grande fille de 9 ans m’a dit : « Moi, je souhaite que mon petit frère devienne un “gentleman”. Parce que je veux qu’il soit bien élevé ». Et ma fille de 7 ans, avec toute la franchise dont elle sait faire preuve, a dit : « Ben moi, j’veux être une “gentlegirl” d’abord ! ». Pis j’ai trouvé ces paroles remplies de sagesse. Parce qu’au fond, être poli et agir avec respect n’a aucun lien avec notre sexe ou notre rang social. C’est juste une question de bon sens et d’éducation.

Oh et en passant. Il y avait aussi une règle concernant l’alcool précisant qu’un « vrai gentleman » préfèrerait toujours siroter et déguster un bon whisky que de caler des bières. Mais bon, je me suis dit qu’on reparlerait de cette règle‑là dans quelques années seulement… Pour l’instant, je me contente d’élever mes « gentlegirls » et mon « mini‑gentleman » de mon mieux.

Joanie Fournier

 

T’es qui toi? Texte: Marilyne Lepage 

Cette question, je me le pose souvent qua

Cette question, je me le pose souvent quand je te lis. Toujours là, prêt à balancer ta haine et ta hargne aux gens sur les réseaux sociaux. Un sujet chaud, un commentaire, une banalité ou encore un drame? En moins de deux, tu débarques avec tes grands discours basés sur du vide*. Tu ignores tout, mais tu sais tout. Trois lignes d’un article constituent ta connaissance d’un sujet et tu te considères assez outillé pour lapider quelqu’un sur la place publique.

Tu fracasses plus souvent qu’à ton tour l’intégrité des autres. D’habitude, j’opte pour le silence, mais pas aujourd’hui. Tu vas te défendre en disant que tu n’es pas un hypocrite, que tu dis ce que tu penses, toi! Oui, mais non. Vois-tu, tu ne sembles pas faire la distinction entre honnêteté et méchanceté. Pourtant, il y a un monde entre les deux. C’est trop facile d’être méchant et de passer ça sur le dos de la franchise. Insulter les gens en restant caché derrière ton ordinateur, ce n’est pas l’idée que je me fais d’un humain honnête et vrai.  

Tu n’es pas le seul comme ça, vous êtes plusieurs. Avec le phénomène des réseaux sociaux, tu finis par croire qu’au fond, tu détiens la vérité parce que tu parles et que je te laisse parler. Mais non, malgré mon silence, j’écris une petite réponse polie à ton intention, réponse que je finis par deleter parce que je trouve que ça ne vaut pas la peine. J’ai déjà essayé de discuter avec toi, mais ta fermeture d’esprit, je n’y peux vraiment rien. Peut‑être que tu te sens famous avec les gens qui likent ta haine, mais il y a aussi un tas de gens qui passent leur chemin en silence. Je le sais que tu as le droit à ton opinion et que la liberté d’expression est bien importante pour toi. Je ne te l’enlève pas. Mais ta liberté se termine quand tu commences à brimer celle des autres. Pis, sans vouloir t’offenser, tu la brimes souvent. Ce qui est bon pour pitou est bon pour minou.  

N’oublie jamais que tes insultes et ton venin peuvent solidement atteindre tes souffre-douleurs. Tu ne sais pas l’impact que tes mots auront sur eux, parce qu’un coup ton ordinateur éteint, ta vie continue. L’humain que tu agresses verbalement, lui, n’oubliera peut-être pas aussi vite que toi. Peu importe l’âge, l’agression psychologique, même virtuelle, a des conséquences et fait mal.  

Me taire me donne toujours la vague impression de consentir indirectement à tes propos, et aujourd’hui, je voulais juste remettre les points sur les i et les barres sur les t. Non, mon silence n’approuve pas ta haine, ta violence et l’intimidation que tu fais, qui que tu sois. Mais j’t’en veux pas, hein! Parfois, j’aurais vraiment, vraiiiiiment envie de t’insulter moi aussi. C’est humain, on va dire. Mais la différence, c’est que je n’oserais jamais. Parce que peu importent tes croyances, tes valeurs, ta religion, ton statut social ou bien ton éducation, c’est important pour moi que tu sois traité avec dignité. Sauf que les autres aussi. Pis ça, on dirait que tu l’oublies.  

J’imagine que derrière ton comportement se cache un besoin. J’espère qu’au moins tu le combles, mais laisse-m’en douter.  

Voilà, je voulais juste que tu saches.  

*Discours basé sur du vide : Quand tu utilises des diminutifs, des insultes et de l’arrogance contre la personne elle-même. À part occasionner de la souffrance, personne ne peut cheminer au travers de tes propos.   

Marilyne Lepage 

 

Sauf votre respect

Je circule normalement, j’approche d’une intersection...

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Je circule normalement, j’approche d’une intersection…

Je roule quelques kilomètres au-dessus de la limite, je vois ce VUS noir luisant qui approche d’un arrêt. Il veut tourner à gauche. Le conducteur me regarde, ralentit et… fonce! Je dois faire une manœuvre pour éviter de l’emboutir. Son beau véhicule hors de prix – du moins, il le serait, si les taux à la location n’étaient pas si bas.

Pas de rage au volant, je n’ai même pas klaxonné. J’avais prévu ce geste irréfléchi. Cette personne n’a fait qu’une démonstration. Bien plus évidente que de sa seule incapacité à suivre le Code de la route. Le respect, c’est une denrée rare. De plus en plus. Un moi, aussi important, doit toujours s’exprimer librement. Au détriment des autres humains. Encore plus dans un tel véhicule de luxe.

J’espère simplement qu’il se reconnaîtra ici. Comme bien d’autres…

Je l’imagine dans toute sa complexité. Un être malheureux. Comblé de biens inutiles. Il veut la reconnaissance de la société, pour son succès. Mais sans offrir en retour un élément essentiel de la vie en collectivité. Le respect.

Cette personne pourra facilement se justifier. Après tout, les réseaux sociaux valorisent les gestes égoïstes. Je suis, donc je m’exprime! Rarement je vais me soucier des autres. Je me sais meilleur qu’eux, après tout.

Ce n’est qu’une anecdote. Vous avez sans doute mille exemples, au quotidien, de tels gestes égoïstes. Parfois subtils.

J’ouvre la porte de la voiture à mon amoureuse. Ce n’est pas de la simple galanterie d’une autre époque. C’est pour dire publiquement : je te respecte, mon amour. Tu es importante dans ma vie. Mes bottines doivent suivre mes babines. Comme je vais y aller aux inconnus d’un sincère « Bonjour, comment allez-vous? » avant même d’exprimer ce que je veux. Le respect, c’est un des rares trucs qu’on doit donner, si on veut en recevoir.

Mettez-vous donc de côté. Le plus souvent possible. Donnez à l’autre toute la place que vous souhaitez, pour vous-même. C’est le principe même du respect.

Vous verrez, on se sent mieux et bien plus heureux…

michel

 

Est-ce qu’on peut être gentil ?

Je viens de revenir chez moi. Après cinq heures à l’aéroport d

Je viens de revenir chez moi. Après cinq heures à l’aéroport d’Ottawa. Sans avoir pris d’avion. En cette belle journée d’avril remplie de vents et de pluie verglaçante, les vols ont été retardés et annulés les uns après les autres. Avant même de partir de la maison, j’avais dû appeler la compagnie aérienne pour qu’un agent me trouve une place dans un autre avion. L’agent a été efficace, rapide, sympathique. Merci, monsieur ! Je peux m’imaginer qu’autour de vous, il y avait probablement des dizaines d’agents stressés, tannés de se faire engueuler au téléphone par des clients frustrés. Votre calme m’a impressionnée.

Quand le taxi est arrivé, le vol avait été retardé à 19 h 43. Le conducteur était nerveux. On s’est rendus en un morceau, à l’heure prévue. Merci, monsieur, d’avoir été compétent et prudent. Mes enfants aussi vous en remercient.

Pendant le trajet, le vol a été retardé deux fois. 22 h, arrivée prévue à 23 h. Pas si pire. L’atelier que j’animerai cette semaine commence à 8 h demain matin. J’ai le temps. Je me croise les doigts.

La file d’attente devant les kiosques de dépôt de bagages est loooooonnnngue ! Les gens ont le cellulaire scotché sur l’oreille, le ton est cassant. J’entends les commentaires. Est‑ce que quelqu’un est vraiment étonné que l’horaire des vols soit sans queue ni tête avec cette température ? C’était littéralement écrit dans le ciel.

– Bonjour madame. Grosse journée agréable, hein ? Faut pas lâcher.

– Oh ! Merci pour votre sourire, ça fait du bien de rencontrer une cliente qui ne nous en veut pas pour les retards !

– Ce n’est pas le fun pour personne, mais on n’en rajoutera pas ! On est tous dans le même bateau (à défaut d’être dans un avion). Même quand j’ai appelé pour changer mon vol, j’ai eu la ligne rapidement et l’agent était super efficace.

– Oh ! Merci, j’avais l’impression que tout le monde était fâché.

– Quand bien même on le serait contre Dame Nature, ça n’aide personne si on se venge sur vous ! Je vous souhaite de dormir en paix ce soir, vous faites un bon travail.

(J’ai cru entendre sa mâchoire tomber par terre. Poc.)

J’ai eu le temps de passer la sécurité. De m’asseoir au resto. De commander un drink cool. Tant qu’à avoir quelques heures à tuer, aussi bien en profiter ! Du menu, il ne reste que le quart des options. La journée a été longue pour tout le monde à l’aéroport.

– Je prendrai donc un burger au bacon, pas de bacon. Merci.

Est-ce que j’aurais préféré avoir le poulet thaï à la noix de coco ? Oui. J’aurais pu quitter le resto sans manger, bouder, faire des gros yeux fâchés au serveur. Mais ça n’aurait pas mis dans mon assiette du poulet thaï à la noix de coco. J’aurais juste mangé du boudin, comme disait ma mère quand j’étais petite.

Première bouchée de mon burger au bacon pas de bacon : mon vol est annulé. Mon cellulaire est mort, je ne peux pas appeler la compagnie aérienne pour changer mon vol. Avale le burger, cale le drink, paye. Go jusqu’à la porte prévue pour le départ de mon vol.

La foule de clients pas contents est attroupée autour de l’agente qui n’a pas encore de réponses à fournir. Elle aussi, doit attendre. Et elle aussi s’impatiente. Tout le monde est debout devant elle, tape du pied, grogne sans discrétion. Pensez-vous que ça aide ? Pensez-vous que ça améliore la situation ? Ben non !

On nous a redirigés vers un autre étage, vers le centre d’appels de la compagnie aérienne, vers le carrousel à bagages, vers les taxis. Retour à la case départ, c’est-à-dire à la maison. Au moins, je ne dormirai pas (à moitié) entre un mur en béton et un poteau en métal. Je vais dormir au chaud, en sécurité. Je suis convaincue que si la compagnie aérienne avait pu, elle aurait fait décoller l’avion. La sécurité prime. Tout comme la gentillesse.

Je le sais que ce n’est pas tout le temps facile de rester gentil quand on est frustré, impatient, quand nos plans ont été barouettés d’un bord et de l’autre. Mais je vous le jure, c’est encore plus pénible de rester emprisonné dans sa frustration, d’être borné au point de ne pas voir que l’humain devant nous, qu’il soit agent de bord, passager ou douanier, n’a pas décidé de nous faire suer. Lui aussi préférerait que sa routine soit simple et efficace.

Même chose avec les profs contre qui on se venge du système scolaire, les infirmières qu’on enterre sous nos plaintes contre les décisions politiques, nos parents à qui on reproche la mentalité de leur époque qui a guidé leurs choix parentaux. Et si on essayait, dans ces situations incontrôlables, de rester gentil ? Si on essayait de se mettre à la place de la personne devant nous et de voir le problème à travers ses yeux ? Si on se rappelait que cette personne a un cœur, une fatigue, une frustration, et pourtant, un sourire pour nous accueillir et nous aider ?

Soyons gentils. Ça ne règlera pas le problème, mais ça évitera d’envenimer la situation. Tout le monde dormira plus en paix.

P.S. Au moment où j’écris ces lignes, l’électricité vient de me lâcher. Et au lieu de sacrer contre la compagnie d’électricité, je remercie mon ordinateur d’avoir une pile chargée. Si ce n’était pas de ça, j’aurais perdu mon texte. Et mon temps !

Nathalie Courcy