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Quand la crise d’anxiété prend le contrôle

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Ouf! Je vous jure que j’ai passé toute qu’une journée aujourd’hui. C’est le début des vacances de ma femme. Et je voulais faire des efforts pour débuter cette période en famille. Quoi de mieux, c’était la première journée du festival des montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu. Nous voulions faire plaisir aux enfants et croyez-moi, ils en ont eu du plaisir!

Dès mon arrivée sur le site, j’entendais la musique forte dans le stationnement. Je m’étais demandé si j’allais me boucher les oreilles comme d’habitude. Mais je me suis dit que je devais faire un effort. Que si ça ne marchait pas, je sortirais mes bouchons. Après tout, cette année j’avais Théra, ma chienne d’assistance avec moi.

Une fois arrivés sur le site, c’était vraiment bien. Pas beaucoup de gens, je me sentais bien et en sécurité. Plus le temps passait, plus j’étais fier de moi, car je n’avais pas utilisé mes bouchons.

Tout au long de l’après-midi, j’avais appliqué les dernières techniques d’enseignement avec Théra. Tout s’était passé à merveille car elle n’avait pas tiré sur sa laisse, etc.

Puis un moment donné, il était environ 18 : 15 et ma femme m’a fait une remarque que ça se voyait dans mon visage que j’avais l’air fatigué ou que quelque chose n’allait pas. Je lui ai répondu que je commençais à trouver qu’il y avait beaucoup de gens.

Les enfants et elle voulaient aller souper, alors nous nous sommes trouvé une table et je faisais le guet de la table pendant que ma femme était partie chercher de la nourriture.

Dans cette aire de restauration, il y en avait du monde! Pour moi, c’était épouvantable. Je sentais la pression monter à l’intérieur de moi. Lorsque quelqu’un passait en arrière de moi, je me tournais pour surveiller qu’il ne touche pas Théra. Un moment donné, une jeune femme est venue me voir et m’a demandé poliment si elle pouvait la caresser. Je lui ai rapidement répondu non brusquement. Elle n’était pas la première. Je commençais à perdre patience même si elle l’avait demandé parce que d’autres personnes ne l’avaient pas demandé pendant la journée.

Soudainement, une bande d’adolescents est venue s’installer tout près de moi sur un banc. Une adolescente s’est assise par terre à côté de Théra et a tendu la main. Je lui ai dit d’une manière très brusque : « Tu n’as pas le droit de faire cela car c’est un chien d’assistance. »

Les adolescents ne sont pas restés là plus que quinze minutes. Je crois que je les ai effrayés. Je n’arrêtais pas de les surveiller, pour ne pas qu’ils touchent à ma chienne, pour ne pas qu’ils touchent aux choses de ma famille. L’hypervigilance était embarquée en moi. Le militaire était revenu en moi. Mon esprit n’était plus à Saint-Jean-sur-Richelieu, mais à l’étranger encore une fois.

C’est ce qui arrive parfois quand je suis en présence de beaucoup de gens. Et surtout lorsque je sens que ceux que j’aime sont menacés, dont ma famille et Théra. Je développe de l’anxiété très grave parce que je ne veux par leur faire de mal. Autrement dit, j’ai peur de faire souffrir ceux que j’aime à cause de ma blessure. Mais j’ai aussi peur de blesser des gens. Peut-être difficile à comprendre pour certains d’entre vous, mais c’est ce que j’ai pu comprendre avec ma psychologue. Ça fait maintenant plus d’an que je la rencontre et je suis loin d’avoir terminé.

Mon fils est revenu à la table, puis ma fille par la suite avec sa nourriture. Soudainement, mon fils me dit qu’il avait envie d’aller au petit coin. Dans ma tête, c’était la catastrophe. Je ne pouvais pas laisser ma fille de dix ans seule à la table. Je ne pouvais pas non plus aller avec mon fils parce que je savais que je n’allais pas bien. La foule à traverser était trop dense pour se rendre aux toilettes. Quand même pas si pire que cela pour vous, mais pour moi, c’est beaucoup. J’ai demandé à mon fils s’il pouvait se retenir jusqu’au retour de maman, mais non, il ne pouvait pas. J’avais le goût de crier ou je ne sais pas quoi car j’étais désemparé. C’est alors que je lui ai dit de venir et que j’ai dit à ma fille :

Toi, tu ne bouges pas jusqu’à ce que je revienne et tu surveilles les choses. As-tu bien compris?

Elle m’a fait signe que oui en hochant la tête.

N’oubliez pas : à ce moment, mon esprit était en situation de guerre et je parlais à ma fille comme si elle était soldate. J’avais peur que tout lui arrive. J’avais peur de la laisser seule à cette table. Je n’étais plus à Saint-Jean-sur-Richelieu dans ma tête.

Puis j’ai quitté avec mon fils et Théra. J’étais tendu et crispé. J’essayais de contrôler mon fils, de le faire suivre en ligne droite comme un soldat car lui voulait passer partout à travers les gens. Théra s’est mise à tirer sur la laisse, elle sentait ma tension, elle savait que je n’allais pas bien.

Finalement de retour de mission à la table, ma fille était toujours là. J’étais soulagé de la voir, mais j’étais toujours en crise.

Une maman est venue s’assoir sur le banc à côté de nous avec sa fille et son garçon pour manger. Soudainement, son garçon d’environ douze ans a tendu la main pour caresser Théra. Moi, sur le pied d’alerte et en crise, je lui ai dit d’un ton assez fort : « Arrête! Tu n’as pas le droit de faire cela, c’est un chien d’assistance! »

Comme j’ai dit cela, la maman a essayé d’arrêter son fils, mais elle m’a dit que ce n’était pas nécessaire de parler aussi fort ou quelque chose du genre. Je ne me rappelle plus les mots exacts car j’étais en crise.

Pas longtemps après, ma femme est arrivée avec le reste de la nourriture. Je lui ai raconté l’incident.

J’ai attendu de revenir au calme et la maman du garçon était au téléphone. Dès qu’elle a terminé sa conversation, je lui ai dit :

« Madame, je veux tous simplement vous dire que je m’excuse d’avoir parlé brusquement à votre garçon. Il n’était pas le premier aujourd’hui. Je suis un ancien militaire atteint du trouble de stress post-traumatique. J’étais en crise de panique. Veuillez m’excuser s’il vous plaît. »

La maman n’avait rien contre moi et elle s’est même excusée. Ma femme a apprécié mon geste. J’ai expliqué à ma femme que je voulais que cette maman puisse me comprendre et comprendre la gravité qu’un geste aussi simple que caresser un animal peut causer.

Finalement, nous sommes retournés à la maison et j’étais épuisé de ma journée comme si je revenais au camp à l’étranger.

Voilà ce qui m’épuise beaucoup lors de mes sorties : le manque d’éducation face aux chiens d’assistance. La plupart des personnes qui s’approchent de Théra sont des adultes. N’oubliez pas que même parler à un chien d’assistance est une distraction. Beaucoup de gens le font avec Théra et cela m’épuise.

Je sais que Théra est très belle et attirante. Mais je suis curieux : si je faisais une sortie en chaise roulante, quelle serait votre interaction avec celle-ci?

Ayez du respect pour nous s’il vous plaît. Merci.

 

Carl Audet

 

 

Ne pas distraire

Déjà quelques semaines que je me balade avec mon chien d’assista

Déjà quelques semaines que je me balade avec mon chien d’assistance un peu partout et je note certains problèmes. Que ce soit dans les épiceries, cliniques médicales, magasins, hôpitaux ou tout autre lieu public, c’est le même phénomène.

Pourtant, il est bien écrit sur la veste de mon chien d’assistance : Ne pas distraire. Dès que j’ai le dos tourné, un adulte en profite pour lui tendre la main pour caresser ma chienne. Aussitôt que je me retourne, la personne retourne sa main vers elle. Encore pire, d’autres vont carrément la caresser devant mes yeux ou bien lui parler.

Le client à côté d’un de mes amis dans un café avait même tenté de donner une bouchée de beigne à son chien d’assistance.

Un beau matin, je me suis rendu à un rendez-vous dans un hôpital et une professionnelle s’est mise à parler à ma chienne.

Je lui ai dit : « Excusez-moi madame, mais vous ne pouvez pas parler à mon chien d’assistance. »

Elle était toute surprise et m’a répondu : « On ne peut pas? »

Je lui ai alors dit : « Madame, c’est écrit sur sa veste de ne pas la distraire. Si j’étais en fauteuil roulant, est-ce que vous viendriez parler à mon fauteuil? C’est la même chose. »

Puis je suis parti et j’avoue qu’elle était surprise, mais je ne suis pas sûr qu’elle ait bien compris le message. Ma chienne Théra est mon outil thérapeutique pour m’aider à vivre une vie normale, comme les autres. En tout cas, j’essaie d’être capable de vivre le plus possible comme les autres, mais ce n’est pas possible pour moi. Par contre, Théra m’apporte beaucoup, elle m’aide à sortir et à diminuer mon stress. Elle est là lors de mes crises d’anxiété pour me soutenir. Elle joue un rôle majeur pour moi. Même chose pour quelqu’un qui a perdu ses jambes et qui a besoin d’un fauteuil roulant.

Donc si vous la caressez, lui parler ou la distrayez, elle ne fera plus son travail pour moi. C’est comme si vous manquiez de respect envers moi qui suis blessé. Blessé pour avoir servi mon pays. Blessé pour que vous, messieurs et mesdames, soyez confortables dans vos salons tous les soirs. Pendant que vous aviez du plaisir en famille, j’étais à l’étranger dans des situations difficiles et loin des miens. Mais c’était mon choix de vous défendre et soyez sans crainte, car je ne vous en veux pas du tout. C’est le simple fait que les gens ne sont pas informés. Voilà le but de mon article : vous informer, cher public.

Souvent les gens me voient avec mon chien et pensent que j’entraîne un chien pour une autre personne. Car après tout, j’ai 48 ans, ma blessure est invisible et j’ai deux enfants en bas âge.

Bien souvent aussi, on me demande si mon chien est un chien Mira. Je réponds que non, c’est un chien Audeamus. Puis je leur dis qu’Audeamus est un organisme gratuit pour les vétérans blessés, par exemple par le trouble de stress post-traumatique. Ce qui m’étonne, c’est que les gens me répondent : « Merci pour votre service ». Chaque fois que ces mots sont prononcés, je dois me serrer le visage pour ne pas verser une larme même si cela me fait chaud au cœur d’entendre leur reconnaissance.

Donc je vous demanderais à tous, par respect pour mes frères et sœurs d’armes, de vous abstenir de distraire notre soutien vital. Ou bien si vous nous croisez, demandez-nous au moins la permission avant de parler ou de toucher à notre chien. Des fois, je permets aux gens qui me demandent poliment de caresser un peu mon chien d’assistance. C’est une question de gestion du nombre de fois aussi pour moi dans la journée et dans la semaine, et des circonstances.

Le même respect est de mise pour tous les autres organismes au Québec, car il y en a beaucoup que vous ne connaissez pas. Chaque organisme a ses fonctions, il y en a pour les autistes, pour les personnes épileptiques, pour les enfants TDAH, etc.

Donc, soyez s’il vous plaît respectueux et vigilants, car toutes ces personnes ont un besoin constant de leur chien d’assistance.

Merci pour votre respect.

Carl Audet