Le poids d’une femme enceinte
Quand une femme est enceinte, chacun y va de son petit commentaire.
Quand une femme est enceinte, chacun y va de son petit commentaire. Et pour l’occasion, un des plus grands tabous devient alors un sujet public : le poids de la maman. En temps normal, personne ne demande à une femme si elle a pris du poids. Personne. Jamais. Mais si la future mère arbore un ventre imposant, les commentaires peuvent être lancés innocemment; cependant, ils ne seront pas moins blessants! « Ouf! Tu fais des gros bébés! » ou encore : « Ouin… Ça va être dur à perdre, tout ce poids‑là! » Si, comme moi, vous avez pris des rondeurs pendant la grossesse, vous avez sûrement déjà entendu un commentaire du genre!
Les gens me regardaient comme si j’arrivais d’une autre planète lorsque je répondais fièrement, oui fièrement, que j’avais pris presque cinquante livres. Monsieur et madame Tout-le-monde ne connaissent pas mon histoire. Ils ne savaient pas que j’étais vraiment trop maigre avant de tomber enceinte. Ils ne savaient pas que mon poids avait toujours été beaucoup trop faible et que mon médecin s’inquiétait pour ma santé. Ils ne savaient pas que j’avais vomi tous les jours pendant la grossesse, rendant la prise de poids encore plus difficile.
Quand je suis tombée enceinte, mon médecin a pris le temps de m’expliquer que mon faible poids aurait un impact sur la santé de mon bébé. Moi, je pensais naïvement que le fœtus allait prendre ce dont il avait besoin. Mon médecin m’a demandé, rempli de bienveillance : « Comment peut-il prendre ce dont il a besoin, alors que ton corps ne suffit même pas à une seule personne? » Et il avait raison… Pour la santé de mon futur bébé, je me suis mise à un régime très strict. Un régime sain, contenant toutes les calories, les vitamines et les nutriments dont nous avions besoin tous les deux.
J’ai arrêté de sauter des repas. J’ai arrêté les fast food. Et pendant neuf mois, j’ai calculé chacune de mes portions, pour offrir à mon enfant ce qu’il lui fallait. Dix à quinze portions de fruits et légumes par jour. De la viande et du poisson, même si je détestais ça. Le guide alimentaire était devenu ma bible de poche.
L’objectif fixé par mon médecin était que je prenne au moins quarante livres pendant ma grossesse. À trente‑sept semaines de grossesse, j’ai accouché, après avoir pris quarante‑sept livres. Et j’étais fière de moi. J’ai ensuite allaité pendant neuf mois, parce que je voulais que mon corps continue de nourrir mon bébé.
Et vous savez quoi? Quatre grossesses plus tard, je suis toujours aussi fière de moi. Chacune de mes grossesses m’a appris à prendre soin de moi et à aimer mon corps. Chacun de mes enfants m’a montré comment être en bonne santé. J’ai réussi à atteindre mon poids santé, et surtout, à le maintenir.
Et c’est maintenant mon tour d’enseigner à mes enfants à avoir de bonnes habitudes de vie pour rester en santé. Ils mangent de tout et en bonne quantité. Ils boivent de l’eau. Ils bougent et dorment bien. Tout cela, ça peut paraître banal pour plusieurs, mais c’est toute une fierté pour moi. Parce que rien de tout cela n’était acquis dans mon quotidien, avant d’avoir des enfants.
Et quand j’entends une femme enceinte se faire dire : « Mon dieu que t’as une grosse bedaine! J’espère que tu ne vas pas rester grosse après! », je me dirige vers elle et lui dit que j’ai pris cinquante livres par grossesse et que je suis en excellente forme aujourd’hui.
Et lorsque je vois passer sur mon fil d’actualité des mini-bedaines de mamans enceintes, je souris en lisant les commentaires en dessous… parce que valoriser ou critiquer quelqu’un à cause de son poids, ça ne se fait juste pas. Et même si elle arbore une belle bedaine, le poids de la future maman n’est pas plus un sujet qui te concerne… Fais donc juste t’arrêter et lui dire qu’elle porte la vie, et ce, magnifiquement. Juste ça.
Et à toutes les futures mamans : si comme moi, vous devez prendre du poids, tout va bien aller. Et à celles qui n’ont pas besoin d’en prendre : jetez donc votre balance par la fenêtre! Mangez bien, bougez plus, et tout ira bien. Le chiffre sur la balance ne définit pas qui vous êtes.
Joanie Fournier