Besoin de me retrouver

 

Est-ce que c’est la crise de la quarantaine qui a eu cet e

 

Est-ce que c’est la crise de la quarantaine qui a eu cet effet-là, ou est-ce que c’est juste moi qui ai pris un mauvais tournant? Je me suis réveillée un matin et je voulais être moi, juste moi! Être Annie tout simplement. Vous vous souvenez de la chanson de Kaïn « Embarque ma belle »? Comme le dit cette chanson : « Chus fatigué de devoir, fatigué d’entendre tout l’monde me dire Comment respirer, comment j’devrais agir. J’ai envie de r’trouver, c’que j’étais, tout c’que j’voulais devenir. R’trouver la sainte paix, juste une bonne fois pour de vrai ». C’est ça que je veux!

Pendant des années, j’ai été « la fille de… », puis « la sœur de… », « la blonde de… » et maintenant, je suis « la mère de… ». On dirait que je me suis perdue de vue avec le temps et avec les années. Apparemment, selon ce que l’on m’a dit, ça fait partie du fait d’être maman de s’oublier et de se laisser aller. Je me rebelle, je ne suis pas d’accord! Pourquoi je ne peux pas à la fois être une mère et une femme à part entière? Après tout, je me définis par ce que je suis, pas par les gens qui m’entourent. Je veux redevenir moi. La moi qui existait avant les enfants, celle qui regardait autre chose que des dessins animés même quand les enfants étaient couchés! Elle doit bien être quelque part, cette Annie — là! Elle ne peut pas avoir disparu de la surface de la Terre comme si de rien était!

Par où commencer? On s’entend, je suis toujours moi, je n’ai jamais cessé de l’être, mais j’ai refoulé des choses en moi. Des choses que j’aime, des besoins, des envies pour faire passer mes enfants en premier. Je suis toujours moi, mais je ne me reconnais plus depuis quelques années. Il me manque quelque chose : il me manque moi! Le moi qui existait avant les enfants. Je suis donc partie en quête pour retrouver Annie!

J’ai dû chercher pas mal pour la retrouver, elle était bien cachée. Dans un coin, dans le noir à attendre le jour où je viendrais la sortir de l’ombre. C’est le fait de regarder un vieux film des années 80 à la télé en plein syndrome prémenstruel qui m’a fait la retrouver. Un déclic s’est fait dans ma tête. Ça m’a rappelé les amis que j’avais et que j’avais perdus de vue avec le temps, ce que l’on aimait faire ensemble, comment je me sentais à ce moment avec eux. Ça m’a rappelé ce que j’aime faire, ce que j’ai mis de côté avec le temps pour diverses raisons. Tout a déboulé, tout m’est revenu en tête. Je m’étais retrouvée enfin! J’ai cherché les raisons pour lesquelles j’ai tout mis de côté avec le temps, aucune d’entre elles n’était bonne : peur de déplaire aux gens qui m’entourent, me conformer à l’image de la « maman parfaite », me conformer à ce que je pensais qu’on attendait de moi. J’ai eu tort.

Comment combiner ma vie de maman et ma vie de femme sans me sentir coupable a été une autre paire de manches. Je dois humblement avouer que oui, j’ai dû me tourner vers de l’aide extérieure en psychologie pour le faire. Je me sentais coupable de prendre du temps pour moi, de vouloir des choses juste pour moi. J’avais l’impression de priver mes enfants de quelque chose si je pensais à moi. J’ai réalisé que la seule chose dont je privais mes enfants était le fait de voir leur mère heureuse. Je mérite d’être heureuse et mes enfants méritent de me voir heureuse aussi.

Je réapprends à être moi, tranquillement et doucement. J’apprends à prendre du temps pour moi et à ne plus me sentir coupable de le faire. Oui je suis une mère, mais je suis avant tout une femme. Je l’avais oublié avec le temps. Le travail est toujours en cours, il pourrait y avoir des rechutes. Par contre, je me suis fait une promesse, celle d’être heureuse, et je compte bien la tenir. Je me suis donc rééquipée en consoles et jeux vidéo, j’ai transmis ma passion des voitures à mon fils, j’ai recommencé à chanter à tue-tête dans la voiture et j’ai recommencé à danser en cuisinant et en faisant le ménage avec de la musique dans le plafond. Y a de l’espoir!

Annie St-Onge