Une tranche de vie familiale
Ça s’est passé en 2011.
<!-- wp:paragraph -Ça s’est passé en 2011.
La cadette (4 ans) est arrivée à la cuisine la première ce matin. Pour déjeuner, elle m’a demandé du gruau. Je lui ai donc préparé un délicieux bol de gruau. L’aînée (7 ans) est arrivée quelques minutes plus tard. Pour son déjeuner, elle a choisi des céréales fruitées (des Froot Loops®, pour ne pas les nommer).
À la vue des petits anneaux colorés dans le bol de sa sœur, la cadette a aussitôt repoussé son bol de gruau et a demandé à avoir la même chose. J’ai alors appuyé sur le bouton « Play » de la fameuse cassette : « Neu-non mademoiselle, on ne gaspille pas la nourriture. Tout à l’heure tu m’as demandé du gruau, alors c’est ça que tu vas manger pour ton déjeuner. » Fin de la discussion.
La cadette a chigné, puis rechigné. Elle n’était pas du tout contente. Grosse injustice. Ça sentait la poursuite parentale. Le rouspétage a continué. Je suis disparu quelques secondes dans le garage pour aller chercher un sac de lait dans notre deuxième frigo (détail : la porte pour accéder au garage était adjacente à la cuisine). Pendant ma brève disparition, le rouspétage dans la cuisine s’est arrêté subitement. « Hum, bizarre… », me suis‑je dit. Il y avait anguille sous roche.
En tant que parent (et propriétaire d’un golden retriever très gourmand), mon ouïe s’est habituée à déceler les silences inhabituels. Quand il n’y a plus de bruit dans la maisonnée, c’est habituellement parce que quelque chose de louche est en train de se produire. Je suis retourné à la cuisine. L’aînée et la cadette étaient muettes et me regardaient avec un air qui voulait dire « on n’a rien fait papa, pourquoi tu nous regardes comme ça ? » La cadette mastiquait avec la bouche bien fermée. Et étrangement, ses deux mains étaient cachées sous la table.
J’ai fait comme si de rien n’était, tout en l’observant du coin de l’œil. Puis, sa main droite est sortie du dessous de la table pour aller mettre quelque chose dans sa bouche. « Ha-ha! », ai‑je crié. Surprise, elle s’est retournée tout en continuant à mastiquer. T’sais, comme si je ne comprenais pas ce qui venait de se passer. Pour que sa jeune sœur arrête de chigner, l’aînée lui avait donné une poignée de Froot Loops de la boîte. La cadette les cachait sous la table et les mangeait un à un, le plus discrètement possible. Kin toé papounet, on t’a eu.
Ça, j’appelle ça une belle complicité entre mes deux filles.
Et vous ? Vos enfants sont-ils complices entre eux ?
Martin Dugas