Ce texte va parler de sexe.
Ce texte va parler de sexe. Appelons un chat,
Ce texte va parler de sexe. Appelons un chat, un chat. Si le sujet te rend mal à l’aise, je te suggère chaudement d’arrêter de lire.
Moi mon chum, je l’ai rencontré quand j’étais adolescente… Nous étions jeunes, inexpérimentés et vraiment maladroits… Mais le sexe, c’est comme un bon vin, ça devient encore meilleur en vieillissant. Ça fait qu’après presque vingt ans en couple, c’est encore meilleur que jamais. Bon, dernier avertissement, si ça te choque, arrête de lire maintenant.
J’entends parler de tellement de couples qui ne prennent plus le temps… Le temps de se caresser, de sortir de la routine, le temps de se retrouver… C’est encore ça la clé : prendre le temps. Prendre le temps de se parler avant, d’écouter, de se vider la tête, de décompresser, de relaxer. J’ai besoin de parler de ma journée, de ce qui me trotte en tête, avant de pouvoir m’abandonner à l’autre. Il est hors de question que je fasse l’amour en pensant à autre chose…
Évidemment, nous aussi, en tant que parents de plusieurs enfants, ça nous arrive d’être trop fatigués. Épuisés. Vidés d’énergie. Mais on le sait qu’on tombe de fatigue dès 20 h… Ça fait qu’on ne fera pas exprès de se donner rendez-vous en soirée ! Oui, je dis « se donner rendez-vous ». Parce qu’avec les années, c’est certain que la spontanéité doit se planifier. Avant d’avoir des enfants, tu peux faire l’amour sur ton comptoir de cuisine en faisant le souper. Avec des enfants, on s’entend tous pour dire que ce n’est plus possible. Pas de faire l’amour, là. Mais de le faire où tu veux, quand tu veux. Le comptoir de cuisine, c’est plus quand les enfants dorment chez Mamie disons… Mais ! Il te reste toutes les pièces fermées… Alors si c’est le comptoir qui t’allume, il te reste celui de la salle de bain… et la sécheuse… et l’établi dans le garage…
Avec les années, on a appris aussi à profiter des petites occasions. Quand on se réveille avant les enfants… Quand on finit notre journée de travail plus tôt que prévu… Quand nos heures de lunch tombent en même temps… Quand on vient de rendormir le bébé la nuit et qu’on n’arrive plus à se rendormir… Non mais, autant en profiter !
Et avec les années, on a appris à se découvrir soi-même, mais aussi à connaître l’autre par cœur. Donc les ados maladroits ont cédé la place aux adultes nettement plus habiles. Il sait très bien comment me faire jouir. Je sais comment l’empêcher de jouir. Il peut décider du moment où on jouira tous les deux. Et de celui où on recommencera. C’est choquant, hein ?
Parfois, on se répète qu’on n’est pas normaux. La société a tellement fait croire aux parents qu’ils n’auraient plus de vie sexuelle. Dans les films, les parents ont l’air de robots qui s’occupent de leurs enfants sans se soucier de leurs propres besoins. La vie, ce n’est pas ça. Et on n’est pas des robots. J’ai besoin de sa chaleur. J’ai besoin de lui. J’ai besoin de nous.
Est-ce qu’on a eu des creux dans notre vie sexuelle ? Évidemment. En vingt ans, on n’a pas été de chauds lapins chaque jour. Je dirais qu’il y a eu des cycles de temps où on tombait plus facilement dans la routine, dans le prévisible et le répétitif. Mais, la plupart du temps, on arrive encore à prendre le temps. Le temps d’être ensemble, de ne faire qu’un. Et je dirais qu’on a une maudite bonne moyenne au bâton…
Je dirais qu’un autre de nos meilleurs trucs, c’est de savoir encore rire ensemble. Rire de nos niaiseries, rire de nous-mêmes, rire de nos maladresses, rire de nos essais manqués. Même rire de nos engueulades, après coup.
Je pense qu’avec les années, c’est devenu beaucoup plus facile aussi de différencier « faire l’amour » et « baiser ». Parce que parfois, j’ai besoin de mon homme, mon homme à moi. J’ai besoin de me blottir contre lui, besoin de sentir qu’il m’aime. Besoin de ne faire qu’un, de s’unir. Besoin de sentir nos âmes se mélanger. Et d’autres fois, c’est un besoin beaucoup plus physique, animal. Un besoin de sentir le désir monter. Un besoin beaucoup moins catholique et définitivement plus bestial. Un besoin de grogner. Un besoin de se laisser aller. Et je pense que ces deux besoins-là sont tout aussi légitimes, complémentaires même.
Bref, ça fait vingt ans que je l’aime, que je le désire et que je profite de nous. Mon homme, mon pilier, mon loup… Et j’espère pouvoir dire dans vingt ans qu’on se désire toujours autant et qu’on arrive encore à se faire jouir l’un et l’autre comme si on avait été façonnés du même arbre.
Eva Staire