Devenir parents : apprendre à gérer les commentaires

Quand on devient parent, nos choix deviennent publics et discutables

Quand on devient parent, nos choix deviennent publics et discutables. En fait, dès la grossesse, les gens se permettent de dire tout ce qui leur passe par la tête. Bien que la majorité soit bien intentionnée, ça peut donner de drôles de résultats.

Déjà entendu : « Iiiiih! T’es ben grosse! T’es certaine que ton bébé est correct? »

Ouf! Une chance que j’ai une bonne confiance en moi et un super médecin qui me disait justement la veille que j’avais une grossesse comme dans les livres, que je ne prenais pas trop de poids et bébé juste assez… mais, surtout, une chance que mon bébé était top shape, je me serais probablement écroulée devant un si grand manque de délicatesse… ou mon professionnalisme aurait pris le bord et je l’aurais remise à sa place assez brusquement, merci!

Comme l’opinion des étrangers et des connaissances me passent très haut par-dessus la tête depuis un certain temps déjà et que je choisis mes combats, je n’ai pas relevé cette phrase pleine de douceur et de subtilité de cette collègue maladroite. Par contre, je suis tellement expressive et transparente qu’elle a malgré tout pu voir dans mes yeux que c’était très ordinaire.

Les étrangers c’est une chose, les proches c’en est une autre…

Un commentaire sur le ménage passé par la visite quand bébé a à peine quelques semaines peut être blessant ou très drôle et déculpabilisant selon le ton employé.

Mais au-delà du ton, je constate de plus en plus que la perception que les gens ont de nous nous appartient seulement en partie, car elle est teintée de leur propre parcours. Selon ce qui est important pour eux, ce qui les réjouit ou les effraie, les moments avec leurs enfants qu’ils ont préférés, les étapes qu’ils ont trouvées difficiles, s’ils sont très affectueux, s’ils sont plus ou moins stricts… Tout ça vient affecter l’impression qu’ils ont de notre réalité. Ce qu’on leur dit tout comme ce que l’on tait aussi joue un rôle important.

Je l’ai compris récemment et ça m’a fait le plus grand bien.

Nous avons un bébé très colleux. Il aime être près de nous, flatter et se faire flatter, donner des becs bien baveux et des câlins à profusion. Malgré cela, il joue seul et aime explorer. De temps en temps, il vient chercher un peu d’amour et il retourne découvrir les merveilles de la maison. Il est très sociable, même charmeur. Il veut faire sourire et réagir. Il tend les bras spontanément, même au monsieur dans la salle d’attente de la clinique de vaccination (désolée Monsieur, mais c’est non. On va se garder une petite gêne quand même!)

Bref, alors qu’on m’avait dit quelques jours plus tôt que mon bébé était autonome pour un enfant encore unique de son âge, une amie m’a dit que mon bébé avait un très grand besoin de sa maman et moi de lui.  Je l’ai perçu comme si nous étions dépendants l’un de l’autre. Sur le coup, je me suis sentie jugée. Ça m’a blessée parce que ce n’est tellement pas la vision que j’ai et que j’espère réussir à être proche de mes enfants tout en leur permettant de développer leur confiance en eux et leur autonomie. Ce sentiment n’a duré que quelques secondes, car je me suis rapidement rappelée que cette amie nous aime sincèrement ma famille et moi, qu’elle me le manifeste souvent et qu’elle ne me juge jamais. En fait, ça m’a surtout fait réfléchir. Même si je vois les choses différemment, ça ne m’enlève rien qu’elle ait un point de vue différent qui vient de ce qu’elle a observé de notre dynamique familiale, de ce que je lui raconte et lui confie, mais aussi de sa vision et de son expérience de la famille.

Cet événement somme toute banal me permet de réfléchir et de relativiser. Je crois que quand ça vient de quelqu’un qui nous aime et qui le dit sans mauvaise intention, ça vaut beaucoup. Que je sois d’accord ou non, qu’est-ce que ça change? Même si ça vient de personnes proches de moi ou de ma famille que j’aime beaucoup, est-ce vraiment grave qu’ils ne voient pas les choses comme moi? Les autres peuvent bien penser que je suis fusionnelle ou complètement froide avec mon fils, qu’il mange seulement végé ou juste des pogos, qu’il écoute toujours ou jamais la télé, ça ne change rien aux faits et à la réelle relation que son papa et moi développons avec lui.