Halloween : jouer le jeu des rituels

Quand on a fréquenté les hôpitaux et les salons funéraires autan

Quand on a fréquenté les hôpitaux et les salons funéraires autant que je l’ai fait étant plus jeune, il se peut que la mort, les zombies et les fantômes ne soient pas des sujets rigolos à nos yeux. Une momie enrubannée dans du papier de toilette, ça me fait penser aux bandages qui enturbannaient le crâne de mon papa mourant. Les pierres tombales qui ornent les parterres me rappellent les trop nombreux enterrements auxquels j’ai assistés. Et la mariée sinistre qui se promène avec une plaie ouverte au cou me plonge dans une mémoire qui déborde de suicides et de meurtres. Faque… l’Halloween, c’est émotif. C’est bouleversant. Ça vient me chercher les tripes et ça les zigouille en petite bouillie dégueue.

Je l’avoue, chaque année, je dois me botter le derrière pour affronter la soirée d’Halloween. C’est exigeant pour moi, mais j’aime l’ambiance festive, l’esprit communautaire de toutes ces familles qui rient et partagent un bon moment. Déguiser quatre enfants et deux parents (ben oui, nous aussi on se barbouille!) tout en empêchant le chat de sortir quand on répond aux Halloweeneux précoces (ceux qui sonnent chez toi à 16h41, quand toi, tu essaies de faire souper tes enfants pour que la méga dose de sucre frappe moins fort en soirée), ça fait suer, littéralement! Une excellente façon de perdre cinq livres en quelques heures.

Mais, mais… je joue le jeu quand même. L’Halloween est une belle fête. C’est une occasion de célébrer une folie qu’on s’autorise trop rarement. C’est une fête d’artistes, de maquillages, de déguisements et de surprises. Chez nous au sous-sol, il y a de gigantesques bacs de déguisements que les enfants et leurs amis visitent (et dévalisent!) régulièrement. Il y a de tout là-dedans : cowgirl, épouvantail, poussin, princesse, chevalier, ours polaire… Autant de déclencheurs d’imagination, que ce soit le 31 octobre ou pas.

Malgré tous ces déguisements déjà prêts, on est assez fous pour en confectionner de nouveaux chaque année. Quand j’étais petite, ma mère et moi faisions mes costumes, et j’essaie le plus souvent de recréer cette tradition avec mes enfants. Mes filles sont maintenant autonomes et cousent elles-mêmes leurs costumes! Une Circus Baby et une princesse asiatique-indienne (je les laisse choisir leur costume, et le résultat est toujours… disons… original?) Pour ce qui est de mes petits bonhommes, je les oriente vers des costumes non violents, parfois dénichés dans un comptoir de vêtements usagés, parfois récupérés d’une autre année ou fabriqués de mes mains. Cette année, j’aurai un Scoobidoo bien au chaud et un… je ne le sais pas encore. J’imagine qu’on décidera d’ici le 31 octobre!

Même si je ne trippe pas sur les terrassements transformés en cimetières desquels des bras ensanglantés et des crânes défoncés surgissent, j’aime l’Halloween. J’aime voir mes enfants planifier leur prochain déguisement un an d’avance (et changer d’idée soixante fois). J’aime voir mes enfants s’entraider pour finaliser leur maquillage ou mettre des mitaines par-dessus leur costume de Spiderman. J’aime créer avec eux des souvenirs heureux d’un rituel qui a sa place. Comme toute tradition, l’Halloween peut être rattachée à des souvenirs et à des sentiments plus ou moins heureux, mais c’est à nous de prendre soin de ce rituel et de le rendre beau. C’est pour ça qu’encore cette année, même si je n’ai pas particulièrement le cœur à la fête, je me déguiserai le soir de l’Halloween. Et promis, je n’aurai pas besoin de maquiller un sourire sur mon visage, je serai heureuse pour vrai.

Nathalie Courcy