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La guerre, la guerre… Texte : Nathalie Courcy

La guerre en Ukraine a éclaté au grand jour des médias il y a presque trois mois. Au début, les

La guerre en Ukraine a éclaté au grand jour des médias il y a presque trois mois. Au début, les réseaux de nouvelles étaient saturés d’images du conflit, de statistiques, d’explications, de commentaires inquiets de la population. Puis, les « autres » nouvelles ont refait surface. Parce que même quand l’Ukraine se fait envahir, la vie quotidienne poursuit son cours ailleurs dans le monde, et même dans les chaumières ukrainiennes.

Un article a été publié aujourd’hui, demandant si les Canadiens avaient « déjà » perdu l’intérêt pour ce qui se passe en Ukraine. C’est venu me chercher quelque part dans ma fibre de pacifiste informée.

Ce qui se passe en Ukraine se passe dans plein d’autres endroits dans le monde. Mais c’est caché. Ou non diffusé. Ou moins économiquement intéressant. Pour qui ? Pourquoi ? Le drame ne se limite pas aux territoires attaqués par la Russie, comme la famine ne se limite pas à l’Éthiopie ou au Yémen. Ça n’enlève rien à la tragédie qui se déroule présentement en Europe orientale. Nous pouvons partager nos pensées et nos ondes positives avec tous les humains touchés par la guerre. De chaque côté de toutes les frontières même (surtout) en continuant de vivre.

La question à savoir si les Canadiens (ou le monde en général) se désintéressent du conflit en Ukraine est légitime. Peut-être que ceux qui voulaient envoyer des dons ont donné. Peut-être que ceux qui étaient prêts à accueillir des familles réfugiées sont déjà dans le processus. Peut-être que plein de personnes lisent encore les nouvelles avec attention et en discutent avec leurs proches. Il y a plein de façons de s’intéresser à une situation mondiale sans que ça paraisse nécessairement dans les médias ou dans les statistiques.

Mais je ne suis certainement pas la seule qui, à un certain moment, a eu besoin d’un peu de calme mental. Une question de santé mentale… Regarder des vidéos de guerre tous les jours, à tous les postes, ça draine et ça n’aide pas ceux qui vivent la guerre à se sentir mieux ni à être plus en sécurité. Lire plusieurs fois par jour qu’une tuerie a eu lieu, qu’une enquête est en cours, que tel président ou tel premier ministre a déclaré qu’un dirigeant est un gros pas fin, ça m’épuisait. Ça me siphonnait de l’énergie. Ça me rendait triste. Ça m’éteignait. Et ça n’aidait personne. Je sentais monter en moi un sentiment d’injustice profonde qui était en train de se transformer en désespoir face à l’humanité.

Je suis plus capable d’amener de la lumière et de l’harmonie dans mon cœur, dans ma famille, dans mon entourage si je ne suis pas obsédée par la violence du monde. Mes enfants sont moins anxieux si on parle de leur journée au souper au lieu de s’inquiéter du sort de l’humanité. Je suis suffisamment informée pour répondre à leurs questions s’ils en ont et pour discuter de la situation avec des collègues ou d’autres adultes. Cependant, je veux conserver de l’espace mental pour autre chose. Même mon corps tendu m’indiquait qu’il était temps que je décroche.

Chers Ukrainiens, chers Russes, chers Européens, chers humains, cher tout le monde qui souffre, qui a peur, qui a faim, qui est en danger : je pense à vous, je vous envoie de la lumière, et sachez que je contribue à ma façon à la paix dans le monde, même si je ne passe pas mes journées à lire le dernier article sur la guerre ou en regardant la dernière vidéo de quelqu’un qui s’est fait tirer dans le dos.

Nathalie Courcy

Fuir la guerre, trouver la paix — Texte : Nathalie Courcy

« La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal… » À la fin du film, on

« La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal… »

À la fin du film, on pleurait, mais on restait avec une impression de douceur et un message d’amitié.

Peu importe le quand et le comment de la fin de la guerre en Ukraine, ce ne sera pas un happy end. Il y a déjà trop de morts, trop de blessés physiques et émotifs, trop de réfugiés, trop de droits bafoués. Des deux côtés (il ne faut pas accuser les citoyens russes des décisions de leur chef, la nationalité russe ne fait pas automatiquement d’eux des pro-Poutine, pas plus que le fait d’être québécois ne fait de nous des pro-poutine… en tout cas).

Avec ce qui se passe en Ukraine et à plein d’endroits dans le monde (j’inclus les foyers familiaux où les enfants mangent des coups pour déjeuner et où les adultes devraient lever le drapeau rouge quand ils voient que le drapeau blanc est remisé aux oubliettes), ce n’est pas facile de voir la beauté du monde ces temps-ci. Je l’ai trouvée à 35 minutes de chez moi, en Outaouais. Un gîte en pleine nature, entouré de neige, de silence et de coyotes.

J’ai abouti ici pour m’offrir un congé de ma vie quotidienne. J’ai pris quelques jours de vacances et je me suis inventé un voyage à faible coût et à faible kilométrage. Je me suis magasiné un endroit pour passer quelques jours tranquilles, mais dans le fond, c’est du temps que je me suis magasiné. Du temps pour moi. Juste moi. Saine égoïste que je suis.

Mais quel est le lien entre la guerre en Ukraine et le gîte en campagne ? J’y viens, j’y viens.

Les propriétaires du gîte, Oussama et Leila, sont nés au Liban. Ils ne se connaissaient pas. En 1976, pendant que la guerre civile faisait rage, ils se sont tous les deux réfugiés au Canada, où des membres de leurs familles habitaient déjà. Puisque « l’amour a pris son temps », ils se sont rencontrés à Ottawa, y ont fondé une famille avant de s’établir du côté québécois de la rivière. C’est ici qu’ils ont construit leur magnifique gîte où ils accueillent des humains en quête de paix.

C’est le cercle de la vie, me direz-vous. Ils ont fui la guerre pour trouver la paix, et maintenant qu’ils l’ont trouvée, ils la partagent.

Et si, comme Oussama et Leila, on faisait dès aujourd’hui un geste, petit ou grand, pour vivre la paix en soi et pour l’offrir autour de soi ? Peut-être que le monde serait un peu plus beau, un peu plus doux ?

Nathalie Courcy