Le flux instinctif des sorcières

Ce texte va parler de menstruations. De

Ce texte va parler de menstruations. De vraies menstruations, avec du sang rouge, noir et brun, pis des p’tits caillots dégueu. Pas du liquide bleu clair comme on en voit à la télévision. Alors, si t’es pas prête à ça, clairement, arrête de lire.

Bon, je sais déjà que je vais me faire juger quand vous lirez ce texte. À peine les premières lignes écrites, je sais que plusieurs d’entre vous me lanceront des pierres. La nouveauté, on n’aime pas ça. Les idées nouvelles, on les juge. Et moi, je fais la lumière aujourd’hui sur une vérité dont toi-même, femme, tu ne soupçonnais pas l’existence. Alors attache tes bobettes avec de la broche et essaie d’ouvrir un peu ton esprit, s’il te plait.

Déjà, on va remettre les choses en perspective : non, je ne suis pas une sorcière. Ni une magicienne. Je suis juste une femme qui a toujours eu un flux menstruel hyper abondant et qui cherchait une solution pour y survivre tous les mois. Sans aucune exagération, je passe les maxi-serviettes-de-grand-mère à une vitesse impressionnante. Et non, je ne les mange pas. Elles sont juste carrément pleines au bout d’une ou deux heures. Ben oui… un flux hyper-abondant pour de vrai. Et évidemment, comme si mourir au bout de mon sang tous les mois ne menaçait pas suffisamment ma survie, ça vient aussi avec des crampes menstruelles dignes de contractions. Pis je sais de quoi je parle, j’ai accouché trois fois de façon totalement naturelle pis ça faisait presque aussi mal.

Viens pas te plaindre que c’est inapproprié ce que tu viens de lire, je t’avais prévenue. Et si ça, ça t’a choquée, arrête de lire, je te jure, tu ne t’en remettras pas.

Je cherchais donc une façon de survivre à ce cauchemar mensuel. Les serviettes sanitaires me coutaient un prix exorbitant. Les tampons et la coupe menstruelle, c’est hors de question pour moi. Je suis sûrement une vieille fille coincée, mais je ne suis aucunement à l’aise à me mettre les deux mains dans le sang tous les mois. Et avec l’abondance de mon flux, personne n’aurait envie de se mettre les mains là. Faque oui, t’as le droit de me juger, mais pour moi, c’est un gros non. Les serviettes sanitaires lavables ont la cote, mais je n’ai pas confiance en leur capacité à absorber tout ça… Et il faudrait que je les lave, ce qui vient contredire mes belles intentions de respecter davantage l’environnement… faque… qu’est-ce qu’il me restait comme option?

J’ai fait quelques recherches pour trouver un moyen qui me convenait. Un moyen qui était à la fois respectueux de l’environnement, de mon maigre budget et de mon dédain évident des menstruations. Puis, je suis tombée sur des articles et des vidéos parlant du «flux instinctif».

En gros, le flux instinctif consiste à arriver à retenir ses menstruations, en contrôlant ses muscles, pour aller se soulager à la toilette tout simplement. Et ce, sans aucune utilisation de produits d’hygiène féminine. Hooooo que j’étais sceptique! Je vous le rappelle, je ne suis pas une sorcière ni une magicienne. Mais ça avait piqué ma curiosité, alors j’ai décidé d’essayer ça. J’ai profité d’une semaine moins chargée pour travailler de la maison, question de tester la théorie. Je ne suis pas bête, j’ai quand même mis une serviette sanitaire jetable pour tenter mon expérience.

Et si je te disais, femme, qu’on t’a menti toute ta vie? Qu’on a menti à ta mère et à ta grand-mère avant elle? Si je te disais que le dégoût de l’Église pour ce sang-qu’on-ne-saurait-voir a changé la vision d’une société pour en faire quelque chose de malsain… et de lucratif?! Si je te disais qu’en fait, tu payes depuis des années pour des produits d’hygiène féminine qui te sont complètement inutiles? Parce que je ne suis ni une sorcière ni une magicienne, mais que je peux t’affirmer que j’arrive maintenant à contrôler mon flux si abondant…

Attention, il s’agit d’un apprentissage. Ça demande du temps, de la volonté, pis de la foi. Mais je te jure que ça marche! Sans mauvais jeu de mots, c’est exactement comme mettre un enfant propre. L’enfant, lui, il ne sait pas qu’il peut y arriver. Il a porté des couches toute sa vie. Il pense que c’est normal de se faire pipi et caca dessus. Pis un jour, l’aventure de la propreté commence. Pis c’est pas facile! Ça peut durer des mois. Parfois ça va bien, parfois il s’échappe. Ben le flux instinctif, c’est pareil.

Au début, j’étais septique, parce que j’avais porté des serviettes sanitaires toute ma vie pis je pensais que c’était normal de laisser le sang couler. Personne ne m’a dit que je pouvais le contrôler. Mais j’ai appris à le faire. J’ai appris à faire confiance à mon corps, à apprivoiser mes sensations. Au début, je courais aux toilettes aux quinze minutes. Puis, j’ai réalisé que je pouvais retenir le sang de plus en plus longtemps.

Ça fait un peu plus de six mois que j’utilise cette méthode. Et voici mes constats :

1- Je peux porter une serviette sanitaire jetable ou un protège-dessous pour toute la journée sans problème. Je la porte les deux premiers jours de mes règles pour me rassurer, mais la plupart du temps, elle est blanche le soir venu. Je suis encore sur le même paquet de serviettes sanitaires que j’avais acheté il y a six mois… Quand il sera terminé, peut-être que je vais passer aux serviettes lavables, juste pour me rassurer.

2- Je n’ai plus jamais eu de crampe menstruelle. Je ne suis ni scientifique ni médecin. Je ne saurais expliquer quel muscle j’ai appris à contrôler ou pourquoi ça m’a soulagée. Mais le fait est que depuis quinze ans, c’est la première fois que mon corps ne me fait pas souffrir le martyre tous les mois.

3- Mes menstruations durent moins longtemps. Encore une fois, je n’ai aucune explication scientifique à vous donner. Je vous parle seulement de mon expérience. Avant, j’étais menstruée au moins six jours. Et c’était très abondant au moins pendant quatre jours. Aujourd’hui, je vais aux toilettes souvent la première journée, un peu moins souvent la seconde, puis tout est fini la troisième journée.

Je ne suis pas une sorcière ni une magicienne. Pis oui, femme, t’as le droit de me juger. J’étais tellement septique avant d’essayer! Mais je crois fermement après ce test qu’on nous a menti toute notre vie. On nous a fait croire que les menstruations étaient sales et qu’on n’y pouvait rien. Qu’on devait se cacher et payer une fortune en produits de toutes sortes. Et aujourd’hui, j’affirme tout le contraire.

Attention, je n’ai rien inventé et je ne m’attribue aucunement le mérite de cette méthode. Je veux simplement partager avec vous ma nouvelle réalité, qui peut‑être, ouvrira des esprits. Et tant mieux si mon témoignage sorti de l’ombre permet à d’autres femmes de découvrir le contrôle de leur corps et toute la liberté qui vient avec.

Joanie Fournier