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Ma dépression ce n’est pas moi — Équipe Maïka

Lorsqu’elle nous habite, nous envahit, s’immisce en nous, elle prend tranquillement toute la pla

Lorsqu’elle nous habite, nous envahit, s’immisce en nous, elle prend tranquillement toute la place… Parfois, la porte lui est ouverte par des évènements, mais elle peut être là sans raison. Ces raisons que nous inventons, imaginons et qui justifieraient notre état… Elle est là, elle est notre ombre, elle nous habite, elle nous déchire. La dépression nous tient, nous retient. La souffrance est parfois telle que l’on a l’impression de devoir sortir de notre corps, de notre tête pour cesser cette indescriptible douleur. Nous sommes vidés, désespérés, absents, inconscients. Une journée est un fardeau, la traversée nous semble impossible. Les nuits sont courtes et remplies de questions, de peurs et d’inquiétudes. Le mal-être, c’est d’avoir littéralement mal d’être ! Cet être qui se fissure et se déchire de partout.

Voilà à quoi ressemblait ma dépression et pourtant…

J’ai deux fils et une famille extraordinaires, j’avais un amoureux exceptionnel. Une maison, un bon travail, un chien et un chat. J’avais tout pour être heureuse et pourtant…

Elle s’est invitée dans ma vie, en a pris la direction et en a fait un enfer. Des mois à tenter de ME survivre. De faux sourires, du maquillage, quelques blagues pour tenter de démontrer que je remontais la pente. Cette pente illogique, incompréhensible et terriblement ardue. Médecin, psychologue, rien ne m’aidait… Je savais que certaines personnes me trouvaient lourde, se sentaient impuissantes et prises au dépourvu. Des phrases revenaient : « Tu devrais retourner au travail, ça te changerait les idées ! » ou « Tu ne peux pas te laisser aller comme ça, tu as des enfants ! »… Quoi dire à part JE FAIS CE QUE JE PEUX ! Ces phrases remplies de bonnes intentions sont si difficiles à entendre… Si vous saviez toute la culpabilité qui nous habite en plus de cette douleur viscérale de l’être… Si vous saviez à quel point j’aurais aimé être capable de poursuivre ma vie « normalement » et me donner le coup de pied au derrière que d’autres auraient bien aimé me donner. Si vous saviez…

Mais je ne peux en vouloir à personne… Ils ne savent pas, ils ne le vivent pas et chacun vit la situation à sa façon… c’est aussi ça la dépression.

Si comme moi il y a quelques mois, tu souffres avec ou sans raison, il y a des ressources faites pour toi. Ne te limite pas à un diagnostic, tu N’ES PAS TA DÉPRESSION, tu es une personne qui souffre. Donne-toi du temps, sois indulgent face à toi-même, sois doux. Regarde et essaie, il n’y a pas d’échec, il y a des expériences. Tu trouveras LA bonne façon POUR TOI de traverser cette montagne. Je veux que tu saches que c’est possible d’en sortir et de vaincre cette envahisseuse : LA DÉPRESSION.

Marie-Christine Roy

 

UN CALACS, MAIS QU’OSSÉ ÇA ? Texte : Cindy LB

Agression sexuelle, violence physique ou verbale, harcèlement psychologique… malheureusement, nou

Agression sexuelle, violence physique ou verbale, harcèlement psychologique… malheureusement, nous connaissons tous une personne qui a vécu une de ces situations. Nous connaissons certains organismes, les refuges pour les femmes vivant avec de la violence conjugale, mais qu’en est-il des femmes victimes d’agressions sexuelles ? Il n’y a pas beaucoup d’informations qui circulent à ce sujet, que ce soit pour avoir un soutien ou pour une personne avec qui parler. Ce que nous entendons, c’est : « Va porter plainte à la police. » Connaissant notre système de justice actuel (il y a présentement une tentative de changement, à suivre), les victimes, dont je fais partie, sont complètement découragées, perdues et se sentent abandonnées.

Première chose, je ne connaissais pas la ligne téléphonique d’aide pour les victimes d’actes sexuels : 1‑888‑933‑9007. Ce sont des intervenants spécialisés dans ce domaine, c’est confidentiel, bilingue, 24/7. J’ai téléphoné à plusieurs reprises et ils sont extraordinaires. En plus de leur écoute, ils conseillent et aident à trouver d’autres ressources d’aide. C’est justement une intervenante qui m’a fortement conseillé d’appeler un CALACS. Un quoi ? J’ai l’honneur de vous les présenter.

CALACS veut dire : Centre d’Aide et de Lutte contre les Agressions à Caractère Sexuel. Ce sont des intervenantes (femmes pour des victimes femmes) qui offrent plusieurs services : groupe de cheminement pour les femmes ayant subi une ou des agressions à caractère sexuel, cheminement individuel, soutiens aux proches, aides et référence téléphoniques, accompagnement auprès des différentes instances, elles font de la formation, de la prévention dans les écoles, de la lutte et défense des droits. Ces centres passent inaperçus, n’ont pas toute la reconnaissance qu’ils méritent. Je vais remédier à ceci maintenant.

Je viens tout juste de terminer le cheminement de groupe, 13 séances qui varient entre 1 et 2 heures, qui survolent plusieurs sujets (émotions, sexualité, intimité, honte, culpabilité, l’agression elle-même, etc.) Aucune femme n’est obligée de parler ou dire ce qu’elle ne se sent pas confortable de partager, c’est fait dans le respect et les limites de chacune. Il y a des règles bien établies dès le début, les intervenantes nous font remplir des formulaires de santé pour connaître les signes ou malaises qui pourraient survenir et être en mesure de donner les soins ou conseils pour nous aider. Par exemple, pour ma part, lorsque je vis des émotions trop intenses, je fais des crises d’angoisse très fortes, je peux perdre conscience, donc mon intervenante savait comment me garder dans le moment présent ou me ramener.

Au début de la thérapie, je ne savais pas à quoi m’attendre, j’avais la culpabilité, la honte et la colère au max. Je souhaitais être capable de vivre avec mon agression et ne plus ressentir autant d’angoisse. J’ai vite réalisé que mes objectifs étaient très hauts. Puis, les séances ont débuté, je ne voyais pas trop où les sujets que nous abordions allaient nous amener, à un point tel que j’avais presque oublié pourquoi j’étais là. Chaque sujet est très intéressant et aide dans la vie de tous les jours ; puis vient « Le récit ». Nous devons raconter notre agression avec les détails que nous sommes à l’aise de dire, et les semaines suivantes, la colère est abordée. Les trucs donnés pour évacuer cette colère peuvent être surprenants et très satisfaisants. C’est fou ce qu’une nouille de piscine peut défouler. À la fin, j’ai compris que les sujets du début étaient pour préparer le terrain pour le gros de la job. La dernière journée, il y a le bilan, où nous célébrons tout le chemin parcouru.

Je souhaitais ne plus ressentir d’angoisse ou de peur en pensant à mon agression. Non seulement j’y suis arrivée, je suis très ouverte à parler de mon agression et je veux m’impliquer pour la cause. J’ai plusieurs projets en tête comme une série de livres pour enfants qui explique le consentement et d’autres sujets relatifs aux agressions. Tous ces beaux projets et ambitions ne viennent pas de nulle part, tout vient de la confiance que mes intervenantes et femmes de mon groupe m’ont transmise. Ces femmes qui travaillent jour après jour avec des femmes brisées, traumatisées et perdues ne baissent jamais les bras. Elles travaillent sans arrêt pour améliorer le processus et trouver de nouvelles méthodes pour nous aider. Elles suivent des formations pour rester à jour ou tout simplement parce qu’elles veulent en apprendre plus pour mieux aider. Ça n’arrête pas là, non, elles font de la sensibilisation auprès des enfants et adolescents, organisent des marches pour continuer à faire avancer les droits des femmes, des victimes. Ah ! Sans oublier qu’elles accompagnent certaines femmes qui décident de confronter leur agresseur ou de porter plainte à la police tout au long du processus. Comme si ce n’était pas assez, elles gardent contact avec certaines femmes qui ont terminé leur thérapie depuis longtemps et continuent de les aider si nécessaire. Est-ce que je suis la seule à être essoufflée ? Elles font tout ça avec le plus beau et le plus sincère des sourires.

Ces centres sont essentiels, ces intervenantes sont essentielles. Les agressions sexuelles sont encore trop taboues et très mal comprises. Énormément de fausses informations et perceptions circulent. « Ben là, as‑tu vu comment elle était habillée ? Elle l’a cherché. » « Un gars, ça ne peut pas contrôler ses pulsions. » « Ouin, mais elle n’a pas dit non, elle n’a rien fait. » « Des fois, non veut dire oui. »

*La fille, ça se peut qu’elle veuille juste se sentir belle. Elle n’a pas une affiche qui dit « agresse-moi ».

*Un gars qui a appris le respect et le consentement va accepter si la fille change d’idée.

*Même si un non n’a pas été prononcé à voix haute, le fait de figer signifie un non.

*Non veut dire non. Point à la ligne.

Un CALACS change une vie, change des vies. Tu reprends le contrôle de ta vie. Tu comprends certaines choses. Ton futur est plus beau. Tu as des outils pour t’aider tout au long de ta vie. Tu peux contacter à nouveau ton intervenante en cas de besoin. Surtout, tu comprends que tu es une VICTIME, que ce n’était PAS de TA faute et que TU N’ES PAS SEULE.

Merci au CALACS L’Ancrage des Laurentides, merci à mes intervenantes.

Cindy LB

 

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Ligne téléphonique Info-Aide violences sexuelles :

1‑888‑933‑9007

 

Regroupement des CALACS du Québec (pour trouver celui le plus près) :

http://www.rqcalacs.qc.ca/

 

CALACS L’Ancrage des Laurentides et pour faire un don :

https://calacslancrage.ca/

https://calacslancrage.ca/faire-un-don/

 

 

Les mots – Texte : Line Ferraro

J’ai le goût d’écrire, mais les mots ne viennent pas aussi facilement qu’à l’habitude. Jâ

J’ai le goût d’écrire, mais les mots ne viennent pas aussi facilement qu’à l’habitude. J’ai besoin de réfléchir, de faire de la place dans ma tête pour que les mots puissent s’installer et prendre forme. J’ai besoin de ce moment thérapeutique pour me sentir mieux. J’ai besoin d’évacuer mes maux.

Certains mots restent aussi pris au fond de ma gorge. C’est difficile d’en parler. Ma gorge est serrée. Mon cœur est lourd. Je ne sais pas trop ce qui se passe… Pourtant, je sens qu’ils sont là, prêts à exploser. Ils se retiennent, ils n’osent pas sortir de leur cachette. Mon anxiété les retient. Mais j’ai besoin de sortir de ces maux qui me grugent l’âme et qui me font fuir ma vie.

Les mots n’arrivent pas à se frayer un chemin de mon cœur à mes doigts… C’est sûrement mon cerveau qui mène en ce moment. Mon cœur se débat, mes mains sont moites et glissent sur mon clavier. Mes yeux s’embrouillent et je ne perçois plus les lettres. Il faut qu’ils sortent pour que je me sente mieux. J’ai besoin de me vider la tête et le cœur.

Mais je ne trouve pas les mots. J’ai le goût de crier ! J’ai le goût de pleurer ! J’ai peur !

Mais de quoi ? Aucune idée ! J’ai chaud. On dirait que je vais perdre connaissance. Ce serait si facile de se laisser tomber, de se laisser partir… J’ai l’impression que quelqu’un a pesé sur un bouton et que mon être cherche à s’échapper de mon corps.

Mais je devrais plutôt essayer de dormir, de me laisser porter par le bruit de la musique que j’ai choisie. Me laisser bercer par les mots de quelqu’un d’autre. Respire ! Respire !

Des pensées hors de mon contrôle se sont emparées de mon esprit et elles rejouent en boucle des scénarios tous plus intenses les uns que les autres. Des histoires dont je ne connais ni le dénouement ni la fin, et cela m’inquiète au plus haut point.

J’ai des serrements à la poitrine, je fais sûrement une crise cardiaque. Mais non ! Souviens-toi ! C’est ton diaphragme qui se gonfle comme un chapiteau. Respire ! Respire !

Je dois m’accrocher à quelqu’un pour sentir que j’existe encore ! C’est tellement flou dans ma tête. Pose ta main dans mon dos, tiens-moi la main. Parle-moi ! Dis-moi que je suis toujours là… Je n’ose plus parler de ce que je vis, de ce que je ressens. Mon chum ne sait plus comment m’aider. Et je le comprends ! J’ai vraiment besoin d’aide extérieure !

 Mes maux

Ma première thérapie, je l’ai faite à 27 ans. Je cherchais à me comprendre depuis plusieurs années déjà. J’avais pris part à plus de décès que de mariages. Mon parrain est décédé lorsque j’avais 7 ans, ma mère et son chum sont décédés tragiquement dans un accident de moto 11 mois plus tard ; au décès de mon père, j’avais 15 ans, et 21 ans au décès de mon grand-père. Trop de grands deuils à faire pour une seule personne.

Mes maux étaient toujours ancrés dans mon cœur et dans mon âme. J’ai poursuivi ma route, du mieux que je pouvais, avec les ressources que j’avais en moi. Puis, je suis devenue mère assez rapidement. À 31 ans, après un mois de fréquentation, et avec tous les moyens pour ne pas que ça arrive, je suis tombée enceinte. Trois ans plus tard, nous avions trois enfants (jumeaux). La vie était plus douce, plus calme, mais j’avais toujours un vide à l’intérieur. Et puis bang, à 38 ans j’ai dû m’arrêter quelques mois pour prendre soin de moi. J’ai reçu un diagnostic d’anxiété généralisée, de trouble obsessif compulsif et de trouble de l’adaptation. J’ai pris un rendez-vous avec une psychologue. Ça me faisait du bien de parler à quelqu’un qui ne pouvait pas me juger, qui ne pouvait pas me dire des commentaires tels que : Sois forte ! Y’ en a des pires que toi ! Sois courageuse !, c’est comme ça la vie ! Le p’tit Jésus t’a envoyé des épreuves à vivre car tu es capable de les surmonter et qu’il t’aime ! Ben oui, toé !

Le renouveau

À 50 ans, j’ai fait une dépression majeure. Cette fois-ci, j’ai pris 18 mois pour prendre soin de moi. Psychologues, thérapie cognitivo-comportementale de groupe, thérapie par le chant, ergothérapie en santé mentale, méditation. J’ai tellement grandi lors de ces thérapies. J’ai pu faire un grand ménage et je me suis débarrassée de bien des maux. C’est l’un des plus beaux cadeaux que je me suis offerts.

Une chance que j’étais bien entourée autant par ma famille que par mes amies. J’ai osé demander de l’aide. C’est important de parler, d’exprimer ce que l’on ressent, de vivre nos émotions. Il faut aussi des personnes capables d’être à l’écoute de l’autre. Toutes ces thérapies m’ont tellement aidée à cheminer, à comprendre, à me faire confiance et à accepter qui je suis.

Notre santé mentale est aussi précieuse que notre santé physique.

Le beau

Aujourd’hui, j’ai 55 ans et j’arrive beaucoup plus facilement à gérer mes angoisses. Je les sens venir et j’en ai beauuuuuucoup moins qu’avant. J’ai appris à m’arrêter avant que tout déborde. J’ai appris à écouter ma petite voix dès qu’elle me fait signe et avant que celle-ci ne me raconte n’importe quoi…

Line Ferraro