À toi qui as volé ma vie
Toi qui as volé ma vie alors que je n’avais même pas commencé à la vivre,
Toi qui as posé tes mains sur moi sans même avoir la permission,
Toi qui t’es servi d’une autorité parentale comme excuse,
Toi qui t’es permis de me salir sans que je ne puisse rien dire
Tu m’as entendue crier,
Tu m’as vue pleurer,
Tu m’as entendue te supplier de me lâcher,
Tu m’as vue me renfermer sur moi‑même
Pourquoi m’as-tu fait ça?
Pourquoi as-tu voulu me détruire?
Pourquoi as-tu volé ma jeunesse?
Pourquoi as-tu préféré me détruire plutôt que d’aller chercher de l’aide?
Comment as-tu pu recommencer presque tous les soirs?
Comment as-tu pu faire ça à des gens qui t’ont accueilli chez eux à bras ouverts?
Comment as-tu pu continuer de me regarder comme si de rien n’était lorsque nous étions en famille?
Comment as-tu pu continuer à faire des blagues déplacées alors que tu savais très bien ce que tu faisais?
Et toi maman, pourquoi l’as-tu laissé faire?
Pourquoi ne m’as-tu pas crue quand je t’ai tout avoué?
Pourquoi, maman, croyais-tu que j’inventais tout?
Pourquoi n’as-tu pas fait confiance à ton enfant?
Pourquoi, maman, ne m’as-tu pas sortie de cet enfer?
Pourquoi, maman, m’as-tu crié de m’excuser à celui qui m’effrayait le plus?
Pourquoi, maman, as-tu décidé de rester avec mon agresseur?
Pourquoi, maman, étais-tu fâchée contre moi?
Tu sais, ce jour où je t’ai tout avoué, tu ne m’as pas crue
Tu m’as même fait douter de moi
Pourquoi ne m’as-tu pas protégée?
Pourquoi n’as-tu pas rempli ton rôle de mère comme il se devait?
Je t’ai toujours prise comme idole
Je t’ai toujours vue comme une femme forte
Je t’ai toujours considérée comme la meilleure mère au monde
Celle qui donnerait tout pour ses enfants
Mais ce jour où tu ne m’as pas crue, tu es devenue pour moi un monstre
Le même genre de monstre que celui qui a volé mon enfance, ma vie
J’ai dû faire deux deuils, celui de voir à tout jamais ma vie s’envoler
Et celui de perdre ma mère, car pour moi tu ne méritais plus ce titre
C’est moi, maman, qui ai dû grandir avec ces blessures, cette rage
C’est moi qui ai dû réapprendre à faire confiance aux hommes
C’est moi, maman, qui a dit réapprendre à sourire, à vivre avec les rechutes
C’est moi, maman, qui vis maintenant avec une partie de moi en moins.
Aujourd’hui, tu es toujours avec cet homme
Je me demande ce qui est le plus douloureux : avoir subi ces agressions ou que ma mère ne m’ait pas crue et qu’elle continue à coucher, embrasser cet homme
Aujourd’hui, je ne suis pas capable de te renier, mais aujourd’hui, j’ai décidé de me choisir
De prendre soin de moi et d’imposer mes limites.
Tu as choisi de briser notre famille, et longtemps vous avez essayé de me faire sentir coupable, et tu sais quoi, jusqu’à tout récemment, ça a fonctionné
Mais maintenant, c’est fini, je ne suis plus une victime, je suis une battante, une survivante!
Eva Staire