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Morte de ne pouvoir être elle-même — Texte : Nathalie Courcy

À quelques kilomètres à peine de chez moi, un enfant de 10 ans est mort au bout d’une intimida

À quelques kilomètres à peine de chez moi, un enfant de 10 ans est mort au bout d’une intimidation qui n’en finissait pas. Une ange est morte de ne pouvoir être elle-même.

Cet enfant se cherchait, ne se définissait pas comme son certificat de naissance l’avait décidé. Elle* s’identifiait comme trans, comme lesbienne, comme Alex, comme neutre. Eh ! Oui, à 10 ans, Alex savait déjà qu’elle était différente. Différente de qui ? D’elle-même. De ce que la société voulait qu’elle soit. De ce que la société lui imposait comme vêtements, comme prénom, comme genre, comme orientation. C’est tôt, c’est d’une grande maturité identitaire pour un corps et un cerveau en plein développement. C’est intense. Si intense que cet enfant a fini par se tuer.

Cet enfant s’est-il tué ? Ou a-t-il été anéanti par les jugements, par l’intimidation ? Qui lui a enlevé la vie ? Qui l’a enlevé à sa famille, à ses amis, à ses professeurs, à ses voisins ? Qui sait ce que cet enfant devenu grand aurait pu changer dans la société ?

Son décès a sauvé des vies grâce au don d’organes, mais c’est d’abord la vie de cet enfant qui aurait dû être sauvée. Nos enfants, notre plus grande richesse… Cette fois-ci, la société a jeté la richesse par les fenêtres et a gaspillé une vie précieuse.

Des intervenants suivaient cet enfant, l’aide était disponible. Je ne connais pas les détails, je ne connais même pas la famille. Et pourtant, c’est comme si c’était mes voisins. C’est comme si c’était nous. Un drame comme celui-là, si ça peut arriver dans le quartier d’à côté, ça peut aussi arriver dans notre cour. Se laisser toucher par la souffrance que cet enfant a vécue, par la souffrance que ses proches vivent, c’est une façon de prendre conscience de nos propres comportements et de devenir plus respectueux de la vie, sous toutes ses formes.

La crise identitaire d’Alex, c’est la crise identitaire de plusieurs jeunes et aussi d’adultes. C’est la crise identitaire de mes enfants, c’est la crise identitaire de vos enfants, de vos petits-enfants, de vos futurs enfants. Quand j’ai appris ce suicide, je me suis dit : « Ça aurait pu être un des miens ». Les âges concordent. Les quêtes concordent. L’intensité concorde. Ce n’est pas mon enfant, mais mon cœur de maman saigne. Mon cœur de citoyenne saigne. Mon cœur humain est en hémorragie.

C’est toute la société qui doit se pencher sur son identité commune pour permettre aux identités individuelles d’exister et de s’exprimer.

*J’utilise le pronom « elle » pour parler de cet enfant puisque c’est ce que sa maman utilise.

Nathalie Courcy

Si vous avez besoin d’aide

LIGNE QUÉBÉCOISE DE PRÉVENTION DU SUICIDE

www.aqps.info

1-866-APPELLE (277-3553)

 

JEUNESSE, J’ÉCOUTE

www.jeunessejecoute.ca

1-800-668-6868

 

TEL-JEUNES

www.teljeunes.com

1-800-263-2266

 

TransOutaouais

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Lettre à ma fille : Si jamais tu étais gaie

Au cours de ton développement, il y aura beaucoup d’impasses et d

Au cours de ton développement, il y aura beaucoup d’impasses et d’obstacles que nous allons surmonter ensemble. D’autres fois, tu devras grandir et surmonter les épreuves sans moi ni ton père. Dans ta vie, il y aura peut-être un moment stressant, une parcelle de ta vie que tu n’avais jamais dévoilée et qui devra faire surface. Tout sera rendu beaucoup trop évident dans ta tête pour penser que ce n’est qu’une phase comme la plupart des parents disent. Tu choisiras une date, une heure. Tu espionneras nos comportements pour être certaine que le moment parfait est arrivé pour nous en parler.

Sache que si cette journée existe dans notre famille, ce moment où tu décideras de nous exprimer ton choix d’être gaie ou trans, ce sera le plus beau jour de ma vie. Pour moi, mon travail de maman sera accompli avec succès. Tu seras une femme accomplie, une personne forte qui ne vit pas dans la peur ni selon les intentions de la société. J’accueillerai avec joie tes copines ou je t’accompagnerai dans tes changements.

J’espère que d’ici ce temps la société aura évolué et que le choix de vie de chacun sera accepté. Que les termes « sortir du garde-robe » ou « coming out » seront désuets et qu’à partir du plus jeune âge nous accepterons la différence. Je souhaite de tout mon oceur qu’il y ait en abondance des contes de princesse-qui-tombe-amoureuse-d’une-autre-princesse et que nous aurons le réflexe de dire ‘’Quand tu vas être plus grande et que tu vas avoir un chum OU une blonde…’’ plutôt que d’imposer une idée qui met des doutes dans la tête alors que ça ne devrait pas.

D’ici là, si les tabous ne sont pas tombés, pour nous, tu seras toujours notre raison de vivre et nous serons heureux peu importe ton choix. Ton orientation sexuelle ne changera pas qui tu es ni la manière dont je te perçois. Tu es et resteras toujours notre petite fille que nous aimons inconditionnellement. Les gens qui t’entourent pourront être cruels avec tes décisions, mais sache que si un jour tu dois nous faire ce type de révélation, nos bras, grands ouverts, t’attendront pour t’encourager, te consoler et t’aimer. Petite-fille, la façon dont tu décides de vivre ta vie est la tienne. Ne laisse jamais personne te dire le contraire. Tu feras déjà face à beaucoup d’épreuves difficiles à surmonter, ton orientation sexuelle ne devrait pas faire partie de ceux-ci mais devrait plutôt être une célébration. Nous t’acceptons comme tu es et comme tu seras.