Travailler, c’est trop dur…

(Ce qui suit est une généralisation de la situation. Je suis au fa

(Ce qui suit est une généralisation de la situation. Je suis au fait qu’il y a des jeunes qui ont de l’ambition et sont de bons travailleurs. Je ne fais que nommer ce que je considère comme étant un fléau ou encore la rencontre de deux générations qui, une fois de plus, se confrontent dans leurs valeurs. Chaque génération fait différemment de l’autre. Est-ce bon? Est-ce mauvais? Soulever la question reste, à mon humble avis, un pas vers la compréhension.)

Du plus loin que je me souvienne, je n’ai manqué le boulot que très rarement. Une gastro qui s’était pointée aux aurores et une scarlatine qui m’avait clouée au lit pendant un gros deux jours.

À mes premières expériences de travail, mes parents m’avaient inculqué le respect que je devais à l’entreprise qui m’avait embauchée. J’étais une employée loyale, présente et surtout à l’heure. Je ne refusais jamais de travailler en temps supplémentaire, histoire de me faire un bon nom auprès de mon supérieur. Pour être là, j’étais là. L’avenir appartenait à ceux qui se levaient tôt et j’étais de ceux-là.

J’ai quitté le nid familial à mes dix-neuf ans. Pour payer mes études et mon loyer, j’ai déjà occupé deux emplois à la fois. J’étais étudiante à temps plein et je travaillais le même nombre d’heures. Une vie démesurée et bien remplie. Je travaillais, j’étudiais et ensuite, je m’organisais pour avoir une vie sociale.

Une fois, j’ai été mise à pied parce qu’un contrat qui me liait à mon employeur pour embaucher des étudiants venait de se terminer. Pas question de me tourner vers le chômage et d’avoir à faire mes deux semaines d’attentes. Mon frigo vide me réclamant de le remplir, je me devais d’être en mode solutions plus qu’au pluriel!

Sans dactylo et sans aucun revenu, j’ai pris ce que j’avais de lousse pour m’acheter du beau papier à lettres. Fleuri. Le plus beau que je n’avais jamais vu. C’était certain qu’il allait me porter chance. De ma plus belle calligraphie, j’ai couché sur cet espoir toutes mes expériences de travail, mais surtout mes objectifs de carrière et toute ma motivation du monde. Je voulais un emploi. J’avais vraiment besoin d’un emploi. Mon solde en banque n’avait pas prévu une perte de revenu.

J’ai pris mon courage à deux mains remplies de mes curriculums vitæ ainsi que ma détermination et je suis allée à la rencontre d’entreprises pour lesquelles je voulais travailler. Sur mes cinq curriculums tous écrits à la main, quatre m’ont servi à passer une entrevue sur-le-champ. Ayant eu le privilège de choisir ce qui était le mieux pour moi, je remerciais ma plume qui avait servi mes efforts. Ma calligraphie, souvent acclamée, m’avait, quant à elle, fait honneur devant les fleuristes de ma région. Je débutais donc mon nouvel emploi deux jours plus tard.

Depuis, j’ai toujours travaillé et je tente du mieux que je peux d’enseigner à mes filles l’importance à accorder à leur travail. C’est toutefois difficilement que je tente de leur expliquer et d’inculquer ces principes puisqu’elles suivent leur génération. La mentalité d’une génération qui entre chez moi sans que je l’aie invité et qui, à mon grand dam, ne semble jamais vouloir quitter.

Travailler, travailler, travailler. Je suis de cette génération-là, moi. Où la quantité de sueur de mon front se détermine par mon ambition, mon acharnement, mon assiduité et j’en passe. Où nous sommes fiers de chaque dollar gagné. (Malgré qu’une hausse de salaire soit toujours appréciée!)

Je suis donc confrontée, actuellement, par ce besoin pressant de nos jeunes de gérer leur horaire de travail en fonction de leur vie sociale. Jadis, nos employeurs nous disaient : « Tiens, v’là ton horaire. » Maintenant, c’est plutôt : « C’est quoi tes disponibilités pour que je puisse faire ton horaire? »

Avant, travaillions-nous uniquement pour faire plaisir à notre employeur? Avions-nous un si grand besoin de plaire à autrui qui s’est maintenant traduit en « likes »? À présent, ne travaillent-ils que pour se faire plaisir? C’est une génération avec tellement de désirs… mais, parfois, avec si peu d’entrain pour parvenir à les obtenir.

Comment les industries ont-elles pu pallier ce revirement de besoins, d’envies sans toutefois avoir des employés qui ont envie de travailler? Comme si tout leur était dû, mais sans le moindre effort.

Que s’est-il passé entre hier et aujourd’hui? Où cette mentalité de vouloir travailler s’en est-elle allée?

Pourquoi autant de décrocheurs aussitôt le diplôme obtenu? Comme si l’atteinte du sommet visé ne se faisait pas sans gravir la montagne. Une étape à la fois. Comme si l’objectif de devenir PDG trouvait son aboutissant à la collation des grades. On ne devient pas haut placé aussitôt l’école terminée! L’expérience, ça s’acquiert. Elle n’est pas que dictée par l’enseignant. Faut la vivre cette expérience pour l’assimiler. Mais pour la vivre, faut toujours bien se lever et aller la chercher!

Et si Zachary Richard avait vu juste avec sa chanson : « Travailler c’est trop dur ». Lui qui avait ainsi soulevé une ère à fredonner son tube… et une autre, beaucoup plus tard, encouragée à la mettre en pratique.

Mylène Groleau