Vendre et acheter une maison… avec des marmots dans les bras
Vendre et acheter une maison, c’est un défi en soi. Que dis-je
Vendre et acheter une maison, c’est un défi en soi. Que dis-je ? Un sport olympique qui tient du sprint ou du marathon, c’est selon.
En tant qu’épouse de militaire, des maisons, j’en ai vendu et j’en ai acheté. La première fois, c’était stressant et excitant à la fois, on était un jeune couple, budget limité, on se lançait dans le vide. Mais on voulait notre nid, et on était tannés de payer des locations dans le vide. On avait le temps et pas d’enfants, alors on a pris notre temps. Au pire, on renouvellerait notre bail d’appartement.
On a quelques anecdotes, bien sûr (entre autres cette maison où habitaient plusieurs générations cultivant des champignons étranges, ou encore le sous-sol envahi par un élevage d’oiseaux de toutes sortes). Mais ça ne peut pas battre les journées passées à essayer de trouver la maison parfaite alors qu’on était accompagnés de nos ti-pets d’amour.
Des bébés qui visitent des maisons à vendre, ça peut être pratique contrairement à des enfants qui grouillent. Ça dort, ça n’argumente pas, ça boit n’importe où. Ça se vide aussi n’importe où. Comme j’avais le modèle régurgiteur au cube, on a dû nettoyer quelques planchers… et aussi emprunter des comptoirs et des planchers pour changer les pantalons souillés (et trouver une façon correcte de disposer de la couche puante et débordante).
On a pu tester l’insonorisation des murs grâce à nos enfants hurleurs. Et avec un bébé qui se dandine à quatre pattes, ça nous force à penser à tous les dangers éventuels d’une maison : les escaliers sans contremarches, les sous-sols sans porte, les calorifères aux coins pointus. Il m’est arrivé de ne pas visiter des maisons (ou de les visiter en courant) parce que bébé avait choisi son moment pour téter… et pour s’endormir en buvant… ou pour exprimer un besoin urgent de se promener en poussette.
Mais ces situations nous ont permis de développer nos techniques de visite. Il visitait, je l’interrogeais, on prenait des notes pour se rappeler de tout ce qu’on avait vu (les familles militaires ont une semaine tout au plus pour visiter les maisons, faire tout le processus des offres-contre-offres-contre-contre-offres, inspecter et signer, donc c’est assez intense). Ensuite, on s’obstinait parce qu’on n’avait pas vu les mêmes choses, selon lequel des deux avait couru après les ti-pets à moteur.
Quand ça se met à marcher et à explorer ces petites bibittes-là, ça va vite ! Et ça trouve systématiquement tous les coins et les trous et les prises qu’ils ne devraient pas trouver. Et ça veut tester la balançoire, la course dans l’escalier, le bain, goûter à la tarte aux pommes qui parfume l’air ambiant… Ça se tient sur le bol de toilette pour se tenir debout, ça sort les livres de la bibliothèque pour apprendre à lire là-maintenant-tout-de-suite, ça ne veut plus quitter la salle de jeux.
À cet âge, ils peuvent aussi partager leur opinion : « C’est celle-là que je veux, papa ! Elle a une méga giga piscine et le gazon est plus doux ! ». Et ils sont très rapides pour décider de la division des pièces. La plus grande chambre et tout le sous-sol, et peut-être aussi l’espace bureau, sont à eux ! Dans leurs rêves, du moins.
Et que dire des séances de discussions avec l’agent d’immeuble, des rendez-vous de signature de paperasse en 10 000 copies, du rendez-vous à la banque ou de la visite avec l’inspecteur ? Sérieusement, à moins d’être de futurs Maïka Desnoyers, ils n’en ont rien à cirer de la solidité de la charpente ou de la valeur immobilière comparativement au marché actuel. Les sacs de jouets et de collations s’avèrent plus qu’essentiels, mais comme tout, ça finit par finir.
Mon mari et moi avons toujours préféré le processus d’achat à la vente de maison. On a plus de contrôle sur l’achat que sur la vente puisqu’on décide de faire une offre, on décide de visiter une autre maison ou de changer de quartier. Tandis que pour vendre, ça prend des acheteurs et eux, on ne peut pas les forcer à entrer dans notre maison ni à la choisir. On peut les y encourager en gardant notre maison impeccable, en cuisinant des tartes aux pommes que les enfants des visiteurs voudront dévorer ou en ayant une méga giga piscine qui attirera les papouts…
Tout ça nécessite du temps et de l’énergie. À moins d’avoir les gènes de Monsieur Net et le talent de Madame Chasse-Tache, il y a de bonnes chances que notre demeure ne ressemble pas toujours aux pages centrales des revues de déco. On épure, on entrepose, on classe, c’est bien beau, mais les enfants ont le don de sortir tous les jouets (incluant les plats de plastique, le maquillage de maman, les outils de papa, le papier de toilette…) à une vitesse folle. Alors à un certain moment, il faut s’exiler avec eux, ou au moins qu’un des deux parents se sauve avec la marmaille pour que l’autre parent clenche le ménage avant l’arrivée des visiteurs.
Qui dit arrivée des visiteurs dit « ça peut arriver n’importe quand ». Un coup de fil de l’agent immobilier et hop ! On doit tout ramasser, faire semblant qu’on ne vit plus dans la maison, et disparaître avec tous les occupants. Au yâble la sieste de la petite dernière ou la routine de devoirs du plus vieux. Le Tim Horton du coin devient la résidence secondaire de la familia jusqu’à ce que la vente soit conclue. Prions pour que ça arrive avant que les enfants atteignent la majorité !