Make it happen!
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Oui, cette phrase‑là en tant que militaire ou vétéran, nous l’avons entendue souvent. Même si je suis sorti de l’armée, l’armée n’est toujours pas sortie de mon corps. Comme beaucoup d’autres vétérans qui ont été libéré pour des raisons médicales, je n’étais pas prêt à faire face à la vie civile.
Moi, je pensais que j’étais prêt financièrement avec une pension et un travail. Mais finalement, mentalement, cela m’a surpris par derrière après cinq ans.
Je me rappelle mon premier emploi civil. Beaucoup de gens ne m’aimaient pas, car mon approche était froide et très brusque. Il a fallu un an avant qu’ils me l’avouent car j’avais changé. Ne me parlez pas des réunions non plus. Quand on avait une réunion à 8 h, dans ma tête, je devais être là à 7 h 55, mais il y en avait toujours quelques-uns en retard. Si tu as un rendez-vous, tu dois être là au moins cinq minutes à l’avance. C’est comme cela que ça fonctionne dans l’armée.
Sans parler de ceux qui parlaient tout le temps et qui avaient les mains dans les poches. Je devais me contrôler intérieurement. Même chose pour les cheveux longs, la grosse barbe pas rasée ou les bottes à moitié lacées. Ouf! Je devais prendre de bonnes respirations à l’intérieur de moi.
Moi, j’étais habitué de travailler et de mener ma mission à terme. Parce que mon supérieur m’a dit : Make it happen! J’en voyais d’autres pour qui c’était difficile d’avancer et qui se traînaient les pieds. Oh que c’est difficile pour un militaire de faire face à la vie civile! Je vous jure que dans mon cas, après presque 22 ans de service, j’ai trouvé ça dur de faire face à la vie civile!
Je serais probablement l’employé modèle pour beaucoup d’employeurs. Et je parle pour la majorité des vétérans, car une discipline est ancrée en nous, ce que les autres n’ont pas. Nous avons beaucoup de misère à nous fondre à travers cette société moins disciplinée que nous. Nous avons beaucoup d’autres atouts aussi que d’autres n’ont pas. Par exemple le leadership, l’esprit d’équipe, l’expertise dans certains domaines, le courage, l’endurance et l’efficacité.
Dans les Forces armées canadiennes, quatre valeurs principales sont véhiculées : devoir, loyauté, intégrité et courage.
D’ailleurs, je n’ai pas beaucoup d’amis civils. Je dirais même que j’en ai quelques-uns que j’ai connus grâce à ma femme. Je n’avais aucun ami quand je suis déménagé ici à Saint-Jean-sur-Richelieu pour la rejoindre, car je m’étais isolé sans le savoir à cause de ma blessure.
J’ai déjà fait partie de certains organismes dans le passé en tant que bénévole. J’ai finalement lâché parce que selon moi tu dois arriver à l’heure. Tu dois être présent. Si tu me dis quelque chose, tu dois le respecter. Tu dois respecter ton horaire ou tes promesses si tu ne veux pas que je lâche ton organisation. À moins de m’en aviser d’avance car moi, je suis le guerrier qui se prépare pour sa prochaine manœuvre.
Voilà pourquoi ça ne dure pas quand je joins une organisation. Si on me dit une chose. Cette chose doit être respectée ou bien je dois être averti d’avance comme dans l’armée. Je n’aime pas avoir des surprises par manque de planification ou à cause du monde qui y porte peu d’intérêt.
C’est pour cela que nous les vétérans avons de la misère à nous faire des amis civils. On a bien de la misère à gérer notre tempérament avec la communauté civile. On a de la misère à s’y intégrer. Même moi à la maison, je dois m’adapter avec les enfants et ma femme. On m’a toujours enseigné la perfection et je l’ai enseignée moi aussi aux recrues. Je me suis amélioré, mais j’ai encore du chemin à faire.
Carl Audet