Comment survivre au voyage scolaire?

Je ne sais pas si tu es le genre de mère comme moi mais…   Voir partir ma progéniture

Je ne sais pas si tu es le genre de mère comme moi mais…

 

Voir partir ma progéniture à vingt-sept heures de chez nous, je te dirais que ce n’est pas mon plaisir extrême.

 

En même temps, je lui souhaite tellement qu’elle vive plein d’aventures! Donc tu comprends bien que nous avons dit « oui ».

 

Ma fille est bilingue, alors pas de stress côté langue. Tu veux savoir mon plus grand stress? Ma fille oublie tout!

 

Pas un souper chez des amis sans message qui indique ce que grande fille a oublié.

 

Hors de question de laisser grande fille faire sa valise seule!

 

Sauf que de mon côté, je suis la psychopathe de l’organisation. Un peu plus et on m’enferme!

 

Je crée des listes à cocher, j’ai tout ensaché ses vêtements par jour dans des sacs en plastique.

 

C’est beau tout cela, mais comment s’est passé son voyage?

 

Super bien!

 

Le samedi, nous l’avons amenée à l’autobus. J’ai tellement bien fait cela, je te le dis! Aucune larme n’a dépassé de mes lunettes de soleil! Elle nous textait souvent, envoyait même des photos et des vidéos.

 

Le dimanche, nous avons eu droit à l’exposition d’Elvis presque en temps réel, en plus de recevoir des photos… de ses amis. Je les aime ses amis, mais c’est elle que je veux voir en photo!

 

Le lundi, son besoin de liberté a pris de la place : on n’a presque rien reçu. Je me gérais toujours, j’honore son besoin de distance.

 

Le mardi, surprise, elle m’a fait un FaceTime de quinze minutes. La joie que je vivais! Ses amies et elle me racontaient leurs péripéties et le plaisir qu’elles avaient. Ensuite, trois ou quatre photos seulement.

 

Le mercredi, elle nous a envoyé quelques photos ici et là, mais je savais que le détachement s’était fait. J’ai dû me calmer, me parler, car je savais que c’était un cheminement. Que si je tentais de la retenir, cela lui donnerait juste le goût de fuir. Je respirais.

 

Le jeudi a un peu été la répétition du mercredi, sauf qu’elle nous a fait un FaceTime en soirée pour son papa et moi. Nous étions comblés par ces dix minutes qui semblaient n’en être que deux.

 

Le vendredi, elle a entamé son retour et allait être assise dans un bus de nouveau pendant vingt-sept heures. Presque pas de nouvelles, encore moins de photos, mais on savait qu’elle s’en venait.

 

Le samedi, je me suis levée avec excitation : je savais que mon bébé revenait.

Quelques messages d’une ado fatiguée et qui avait hâte de manger de la « bouffe » à sa mère. C’est presque incroyable de penser que mon ado en avait marre de la malbouffe!

 

Je ne savais pas à quoi m’attendre à son arrivée. Est-ce que son désir de liberté aurait coupé notre cordon? Est-ce qu’elle deviendrait distante?

 

L’autobus est arrivé, les instants semblaient se figer. Les secondes me paraissaient des heures, mais enfin, elle a mis les pieds hors du véhicule.

 

Ses yeux nous cherchaient.

Nos regards se sont rencontrés et j’ai su immédiatement que notre cordon n’avait pas été coupé. Aucune distance ne peut être à l’épreuve de notre lien.

 

Elle m’a sauté dans les bras en pleurs, a embrassé son père, et même sa petite sœur lui a offert un câlin. Je me sentais complète.

 

Le retour à la maison a été pour moi comme un cadeau. Ma famille était de nouveau réunie. Il était vingt-trois heures, mais elle était excitée de nous offrir des présents et quémandait à manger. Elle était « down » pour nous faire défiler ses sept cents photos et tout nous raconter.

 

Pour nous, la pression retombait, je restais à la regarder manger et à me raconter ses moments. Je la trouvais magnifique, indépendante et curieuse. J’étais comblée, j’avais survécu au voyage scolaire.

 

Ah oui, tu veux sans doute savoir si ma fille a perdu quelque chose? NON.

 

Comme quoi il faut leur faire confiance et les laisser voler de leurs propres ailes pour qu’ils retrouvent le chemin de leur nid.

 

Martine Wilky